Les Working Papers de la FAERE sont référencés dans EconPapers et RePEc.
Le numéro ‘International Standard Serial Number’ (ISSN) attribué à la série des FAERE Working Papers Series est ISSN: 2274-5556.

2020

2020.17 Carbon Curse in Developed Countries

A paraître dans Energy Economics.

Mireille Chiroleu-Assouline – Mouez Fodha – Yassine Kirat

Résumé
Parmi les dix pays ayant la plus forte intensité de carbone, six sont des pays riches en ressources naturelles. Cela suggère l’existence d’une malédiction du carbone : les pays riches en ressources naturelles auraient tendance à suivre des voies de développement à plus forte intensité en carbone que les pays pauvres en ressources. Nous étudions cette hypothèse de manière empirique en utilisant une méthode de données de panel couvrant 29 pays (OCDE et BRIC) et sept secteurs sur la période 1995-2009. Tout d’abord, au niveau macroéconomique, nous constatons que la relation entre les émissions nationales de CO2 par unité de PIB et l’abondance en ressources naturelles est en forme de U. La malédiction du carbone n’apparaît qu’après le point de retournement. Nous mesurons ensuite l’impact de l’abondance des ressources sur les émissions sectorielles pour deux groupes de pays en fonction de leurs dotations en ressources. Nous montrons qu’un pays riche en ressources naturelles pollue relativement plus dans les secteurs liés aux ressources ainsi que dans tous les autres secteurs. Nos résultats suggèrent que le débat sur l’atténuation du changement climatique devrait plutôt se concentrer sur une comparaison entre les pays riches en ressources et les pays pauvres en ressources plutôt que sur le contraste entre pays développés et pays en développement.

2020.16 Emissions Trading with Transaction Cost

Marc Baudry – Anouk Faure – Simon Quemin

Résumé
Nous développons un modèle d’équilibre de marché de droits à polluer en présence de coûts de transaction fixes et proportionnels, où le prix du permis et la participation des firmes sont déterminés de façon endogène. Nous analysons ensuite la sensibilité de l’équilibre à un changement du niveau des coûts de transaction et de l’allocation gratuite des firmes, et caractérisons les situations où ces derniers ont un effet baissier ou haussier sur le prix du permis par comparaison au cas concurrentiel. Enfin, nous calibrons le modèle sur les données annuelles de transaction et conformité du registre du SEQE durant sa deuxième phase (2008-12), que nous consolidons à l’échelle de la firme. Nous trouvons que des coûts de transaction de l’ordre de 10k€ par an plus 1€ par permis échangé réduisent substantiellement les divergences entre observations et prédictions théoriques du comportement des firmes (conformité passive par exemple). Nos simulations suggèrent qu’ignorer les coûts de transaction peuvent mener à sous-estimer l’impact des politiques de gestion de l’offre sur les prix de marché, de façon différenciée selon leur incidence sur les firmes.

2020.15 Qui émet du CO2? Panorama critique des inégalités écologiques en France

Antonin Pottier – Emmanuel Combet – Jean-Michel Cayla – Simona de Lauretis – Franck Nadaud

Résumé
Cet article propose un panorama des inégalités d’émission de gaz à effet de serre (GES) entre les ménages français. Il présente de manière détaillée et critique les conventions méthodologiques retenues pour le calcul des « émissions des ménages », et les présupposés qui les accompagnent. Le principe d’attribution généralement retenu, l’empreinte carbone qui assigne aux ménages les émissions des produits consommés, véhicule des conceptions implicites de la responsabilité. Il focalise l’attention sur les contributions des individus, sur leurs choix, et peut occulter le rôle des acteurs non individuels tout comme la composante collective des émissions de GES, et négliger les dimensions de la responsabilité qui ne sont pas liées à la consommation.
Nous estimons, à partir des données de l’enquête Budget de Famille 2011, la distribution des empreintes carbone des ménages. Les émissions des ménages sont tendanciellement croissantes avec le revenu, mais elles présentent aussi une forte variabilité liée à des facteurs géographiques et techniques qui contraignent à recourir aux énergies fossiles.
À partir d’enquêtes sectorielles (ENTD 2008 ; PHEBUS 2013), nous reconstruisons également les émissions de CO2 des ménages liées aux énergies du logement et du transport. Pour le transport, les émissions sont proportionnelles aux distances parcourues du fait d’un recours prépondérant à la voiture individuelle. Le tissu urbain contraint à la
fois la longueur des déplacements quotidiens et l’accès à des modes de transport moins carbonés. Pour le logement, si les surfaces à chauffer croissent avec le revenu et l’éloignement des centres urbains, le premier acteur de variabilité des émissions est le système de chauffage. Il est peu lié au niveau de vie mais plus au tissu urbain, qui contraint l’accès aux différents vecteurs énergétiques.
Nous discutons enfin les difficultés posées par l’estimation des émissions des super-riches, tant techniques que conceptuelles.

2020.14 The market for “harmful component-free” products under pressure from the NGOs

Dorothée Brécard – Mireille Chiroleu-Assouline

Résumé
Les organisations non gouvernementales (ONG) exercent une pression croissante sur les entreprises pour qu’elles éliminent les composants des produits (comme l’huile de palme) qui sont nocifs pour l’environnement (par exemple pour les forêts tropicales) ou qu’elles les remplacent par des composants durables certifiés par les ONG. Dans quelles conditions la pression exercée par les ONG amène-t-elle les entreprises à éliminer les composants de base de leurs produits ou, à défaut, à remplacer les composants nuisibles par des composants durables certifiés ? Quels sont les effets qui en découlent sur la structure du marché, la qualité de l’environnement et le bien-être social ? Ce papier aborde ces questions en utilisant un modèle de différenciation verticale bidimensionnelle des produits. Il montre que, pour une ONG qui perçoit des frais de certification pour alimenter son budget et financer sa campagne de sensibilisation, il peut – paradoxalement – être optimal de réduire la part de marché du produit certifié et, à terme, de l’évincer.

2020.13 Carbon Dioxide Emissions and aging: Disentangling behavior from energy efficiency

Dorothée Charlier – Bérengère Legendre

Résumé
Le vieillissement démographique affecte les sociétés occidentales et nécessite l’adaptation d’un certain nombre de structures économiques, comme les systèmes de retraite. Mais cette tendance nous oblige à prendre en compte les changements de comportement inhérents au vieillissement si nous nous développons durablement, notamment en ce qui concerne la consommation des ressources et les émissions de dioxyde de carbone dans un contexte de réchauffement climatique. L’objectif de cette recherche est d’évaluer l’impact du vieillissement sur les émissions en démêlant l’effet du comportement individuel et l’effet de l’efficacité énergétique des logements. En montrant qu’un biais de sélection se produit dans le choix du logement, nous isolons l’effet pur du comportement des personnes âgées. Nous utilisons un modèle de choix discret-continu pour étudier l’endogénéité potentielle d’un modèle de consommation d’énergie résidentielle due au choix des caractéristiques énergétiques du logement. Notre principale contribution est de démontrer que l’âge a un impact significatif mais indirect sur les émissions de dioxyde de carbone, par le choix du logement.

2020.12 How Environmental Policies Spread ? A Network Approach to Diffusion in the U.S.

Côme Billard – Anna Creti – Antoine Mandel

Résumé
Nous reconstruisons le réseau de diffusion des politiques environnementales entre Etats américains sur la période 1974-2018. Nos résultats suggèrent une structure de réseau inefficace, impactant la vitesse de diffusion des politiques à travers le territoire. Nous identifions les Etats du Minnesota, de la Californie et de la Floride comme les principaux « facilitateurs » de la dynamique de diffusion. Cibler ces Etats maximise les chances de diffusion à travers le pays. Par la suite, nous évaluons les déterminants du réseau inféré. Les résultats soulignent le rôle de la contiguité entre Etats, ainsi que leurs niveaux de richesse (PIB par hab.) dans la transmission des politiques environnementales. La soutenabilité du système économique et les potentiels coûts liés au changement climatique à l’horizon 2080 sont également des facteurs significatifs expliquant la diffusion des politiques entre certains Etats américains.

2020.11 Promoting discount schemes as a nudge strategy to enhance environmental behaviour

Julie Metta

Résumé
Ce papier présente les effets du « nudging » (aussi appelée « coup de pouce ») et des instruments directs sur le choix du consommateur en faveur des gobelets réutilisables plutôt que des gobelets jetables. Ces instruments comprennent une incitation financière (systèmes de rabais pour les consommateurs qui apportent leur propre gobelet) et une communication sur le système. Les conditions requises pour que la politique des magasins soit efficace (c’est-à-dire induire un changement dans le comportement des consommateurs par une communication directe et indirecte) sont également évaluées. Une base de données originale a été constituée à partir d’observations structurées sur 223 cafés de Hong Kong, où 522 points de données ont été recueillis. Deux stratégies ont été utilisées pour répondre aux questions de recherche. Premièrement, des approches économétriques logistiques permettent d’estimer les effets des politiques sur le comportement des consommateurs. Deuxièmement, une analyse comparative qualitative identifie les conditions requises pour que les consommateurs utilisent des tasses réutilisables. Les résultats ne montrent aucun effet significatif de l’incitation financière sur les consommateurs ciblés, mais des effets positifs et significatifs sur les autres consommateurs qui passent aux gobelets réutilisables en magasin au lieu des gobelets jetables. Grâce à une communication efficace sur la politique des magasins « respectueux de l’environnement », les cafés ont une influence positive sur le comportement des consommateurs à l’égard des gobelets réutilisables. J’observe que les tasses ont des effets plus importants que les instruments financiers sur le changement de comportement des consommateurs, même lorsque les paramètres tiennent compte de comportements fortement conservateurs. L’analyse des typologies de cafés indique que les cafés qui ciblent un public plus aisé sont plus susceptibles d’atteindre leurs objectifs politiques grâce à la stratégie du « coup de pouce ».

2020.10 Recycling under environmental, climate and resource constraints

Gilles Lafforgue – Etienne Lorang

Résumé
Nous examinons l’opportunité d’un recours au recyclage au sein d’une filière industrielle, en prenant en compte les contraintes de disponibilité des ressources, d’accumulation des déchets et d’externalité climatique. Un bien final de consommation est produit à partir de matériaux vierges et/ou recyclés, et sa consommation génère à la fois des déchets et des émissions de GES. Nous identifions les trajectoires optimales d’utilisation des ressources, principalement en fonction des taux d’émission de chaque ressource et de la rareté relative de leurs stocks. Le recyclage peut être l’occasion de réduire l’impact de la consommation sur les ressources primaires et l’accumulation de déchets, mais peut toujours avoir des répercussions sur l’environnement. Nous caractérisons la stratégie optimale de recyclage et nous montrons que, dans certains cas, la dynamique du taux de recyclage affiche une trajectoire en U inversé. Enfin, nous examinons les implications politiques de notre modèle en identifiant et en analysant l’ensemble des choix optimaux de taxes/subventions.

2020.09 Confronting climate change: Adaptation vs. migration strategies in Small Island Developing States

Lesly Cassin – Paolo Melindi Ghidi – Fabien Prieur

Résumé
Ce papier examine la politique d’adaptation optimale des petits États insulaires en développement (PEID) pour faire face au changement climatique. Nous construisons un problème d’optimisation dynamique pour intégrer les ingrédients suivants : (i) la production locale utilise la main-d’œuvre et le capital naturel, qui est dégradé par le changement climatique ; (ii) les gouvernements ont deux options politiques principales : contrôler la migration et/ou les mesures d’adaptation conventionnelles ; (iii) les décisions de migration entraînent des changements dans la taille de la population ; (iv) les expatriés envoient des fonds dans leur pays d’origine. Nous montrons que la politique optimale dépend de l’interaction entre les deux instruments politiques qui peuvent être soit complémentaires soit substitutifs selon les caractéristiques individuelles et les conditions initiales. En utilisant une analyse numérique basée sur le calibrage du modèle pour différents PEID, nous identifions que seules les grandes îles utilisent les deux outils dès le début, alors que pour les pays plus petits, il y a une substitution entre la migration et l’adaptation conventionnelle à la période initiale.

2020.08 A simple Ricardo‐Malthusian model of population, deforestation and biodiversity loss

Laté Ayao Lawson

Résumé
Ce papier s’intéresse aux interaction entre les sociétés humaines et la nature, soutenant que la croissance démographique et l’exploitation des ressources forestières entraînent une conversion de l’habitat naturel, qui se traduit par la perte de la biodiversité. Nous appuyant sur le comportement des agents économiques (maximisation du profit et de l’utilité), nous décrivons l’évolution conjointe du stock de population, de forêt et d’espèces par un système dynamique caractérisé par un état stationnaire localement stable. Par rapport aux études existantes, nous mettons en avant la possibilité d’une extinction totale des espèces biologiques (forêts vides). De plus, notre analyse soutient qu’une cohabitation pacifique entre l’homme et la nature est difficilement réalisable, car en présence de la croissance de la population humaine, les ressources forestières et les stocks d’espèces divergent de leur capacité (stock) initiale. Enfin, des analyses de scénarios caractérisés par une forte fécondité et une préférence pour de biens à fortes empreintes écologiques indiquent une croissance démographique rapide suivie d’une baisse soudaine..

2020.07
Optimal Environmental Radical Activism

Mireille Chiroleu-Assouline – Ariane Lambert-Mogiliansky

Résumé
Nous étudions le problème auquel sont confrontés les militants qui veulent maximiser le respect par les entreprises de normes environnementales élevées. Nous nous concentrons sur l’activisme radical qui repose sur la désobéissance civile non violente. Les actions disruptives et la menace de telles actions sont utilisées pour forcer les entreprises à céder, c’est-à-dire à s’engager dans l’autorégulation. Nous nous intéressons à l’utilisation optimale des ressources limitées des activistes en information incomplète, et nous examinons un mécanisme général, directement adapté de la théorie des enchères optimales de Myerson (1981). La caractérisation indique que les entreprises les moins vulnérables et les plus polluantes devraient être ciblées par des actions perturbatrices tandis que les autres se voient accorder une garantie de ne pas être ciblées en échange d’une concession. Cette caractérisation permet d’étudier les déterminants de la force de l’activiste et la façon dont il est affecté par la répression, une caractéristique centrale de la désobéissance civile. Nous constatons que l’activisme radical optimal est relativement résistant à la répression. Dans une extension qui tient compte de l’asymétrie entre les coûts d’abattement des entreprises, nous constatons que le mécanisme optimise l’allocation des efforts d’abattement et crée des incitations à l’innovation. Nous discutons de certaines autres propriétés de bien-être de l’activisme optimal.

2020.06
Optimism on Pollution-Driven Disasters and Asset Prices

Shiba Suzuki – Hiroaki Yamagami

Résumé
Cet article explore comment l’optimisme des investisseurs sur la vrasemblance des catastrophes provoquées par la pollution affecte les prix des actifs. La pollution émise par les activités économiques augmente la probabilité d’occurrence de catastrophes. Cependant, l’interaction entre les activités économiques, la pollution et les catastrophes est difficile à mesurer correctement. Ainsi, les investisseurs prennent une décision basée sur l’estimation subjective ; en particulier, ils évaluent subjectivement la probabilité des catastrophes qui est inférieure à la probabilité objective. Cet article démontre que les primes relatives aux actions sous l’espérance objective ne sont significativement plus élevées que celles sous l’espérance subjective si un agent représentatif a une haute élasticité de substitution intertemporelle. L’écart dans les rendements des actifs est lié à la propension des individus d’actualiser des événements dans un « avenir lointain » comme dans la littérature.

2020.05
Does Becoming Richer Lead to a Reduction in Natural Resource Consumption? An Empirical Refutation of the Kuznets Material Curve

Dorothée Charlier – Florian Fizaine

Résumé
Au cours des trois dernières décennies, de nombreux pays industrialisés ont connu une croissance économique qui s’est accompagnée d’une augmentation substantielle de l’utilisation des matériaux. Ce fait remet en question la relation entre l’utilisation de la biomasse, des combustibles fossiles et des minéraux et la croissance économique. À l’aide d’une courbe de Kuznets des matériaux, cette étude cherche à savoir si l’utilisation des matériaux atteint spontanément un maximum pour un niveau de développement donné et diminue par la suite. En utilisant un nouvel indicateur, l’empreinte matérielle (qui quantifie tous les matériaux extraits pour produire la demande finale d’un pays, y compris les matériaux incorporés dans les importations), nous étudions ce lien en confrontant pour la première fois différentes méthodologies dans une même étude empirique. Plus particulièrement, nous mesurons l’évolution de l’élasticité de l’empreinte matérielle (par habitant) par rapport au PIB (par habitant) de quatre manières différentes. Comme principaux résultats, tous les modèles aboutissent à une même nature et semblent indiquer un lien fort et permanent entre la croissance économique / le développement économique et la consommation de matières premières. Il n’y a aucun signe de découplage fort. L’amélioration du développement et de l’adoption des technologies devient une urgence.

2020.04
Fuel Poverty and Health: a Panel Data Analysis

Romanic Baudu – Dorothée Charlier – Bérangère Legendre

Résumé
La protection et l’amélioration de la santé et l’atténuation du changement climatique ont un programme commun. Dans cet article, nous contribuons à la littérature en évaluant le lien entre la précarité énergétique et la santé sur données de panel. À l’aide de modèles probit dynamiques, nous examinons l’influence de la précarité énergétique sur la santé. Nous contrôlons la dépendance de l’état de santé, car nous considérons que l’état de santé est étroitement lié aux trajectoires sanitaires antérieures. Étant donné que l’hétérogénéité non observée pourrait influencer simultanément l’état de santé et la précarité énergétique, nous avons corrigé le biais d’endogénéité qui pourrait affecter nos résultats. Nous concluons que le fait d’être pauvre énergétique augmente le risque de mauvaise santé d’un peu plus d’un facteur 7 pour ceux dont la santé est déjà mauvaise et de 1,82 pour ceux qui sont en bonne santé. Pour les décideurs politiques, la lutte contre la précarité énergétique réduit les sources d’inconfort qui peuvent également affecter gravement la santé des habitants d’un logement.

2020.03
The effects of migration and pollution on cognitive skills in Caribbean economies: atheoretical analysis

Lesly Cassin

Résumé
Ce travail analyse les interactions entre les caractéristiques démographiques et les contraintes environnementales dans les Petits États Insulaires en Développement des Caraïbes. Plus spécifiquement, il s’agit de clarifier l’impact de la migration en présence de pollution. Pour ce faire, un modèle à Générations Imbriquées est développé pour reproduire les caractéristiques de ces pays, qui dépendent fortement des gains de la migration tels que le brain gain ou les rémittences. Par ailleurs, la production émet une pollution qui entrave l’accumulation de capital humain. Deux cas émergent de l’analyse, dans le premier une politique environnementale est suffisante pour corriger l’externalité et dans ce cas la migration a les même effets qu’en l’absence de pollution. Dans le deuxième cas, si les émissions de pollution sont élevées par rapport à l’efficacité de la politique environnementale, la migration permet d’obtenir une augmentation de la production par habitant et du capital humain. Ceci se produit uniquement si le taux d’émigration est déjà élevé grâce à la réduction de la pression démographique sur l’environnement.

2020.02
Individual preferences regarding pesticide-free management of green-spaces: a discret choice experiment with French citizens

Pauline Laille – Marianne Lefebvre – Masha Maslianskaia-Pautrel

Résumé
Suite à l’interdiction d’utilisation des pesticides dans les espaces verts urbains français à partir du janvier 2017, les gestionnaires des espaces verts doivent modifier leurs pratiques. Comprendre les préférences des citoyens pour les espaces verts dont les caractéristiques sont modifiées par l’interdiction des pesticides constitue un complément utile à la recherche technique sur les solutions de gestion alternative à celle avec des pesticides. Un discret choice experiment (DCE) en ligne sur un échantillon représentatif de la population française a été mis en place pour analyser les préférences concernant les caractéristiques présentant un intérêt direct pour les utilisateurs (aspect visuel, possibilités de loisirs et campagne d’information sur les espaces verts sans pesticides), ainsi que des caractéristiques pour lesquelles les préférences individuelles sont plutôt indirectes telles que l’abondance de la faune, les conditions de travail des agents d’entretien des espaces verts ou le budget consacré à leur gestion. Nous constatons que tous les attributs retenus ont un impact significatif sur le choix des répondants. Tous les citoyens dévaluent en grande partie les options avec une augmentation importante du budget mais les préférences vis-à-vis d’autres attributs sont différentes selon la fréquence de visite des espaces verts. La plupart des utilisateurs préfèrent l’aspect visuel naturel à l’aspect contrôlé, mais ces préférences sont plus importantes chez les utilisateurs qui visitent les espaces verts plus souvent. La fréquence des visites affecte en particulier les préférences vis-à-vis de l’abondance de la faune (appréciée uniquement par les « visiteurs fréquents ») et la campagne d’information (appréciée uniquement par les « visiteurs non-fréquents »).

2020.01
Technology Contagion in Networks

Côme Billard

Résumé
Nous représentons un système social comme un réseau d’agents et modélisons le processus de diffusion d’une technologie suivant un principe de contagion. En fixant les conditions nécessaires pour qu’un agent adopte la technologie, nous apportons des réponses aux questions visant la maximisation de la diffusion d’une technologie sujet à une loi de Moore (ex. modules photovoltaïque). Nous focalisons particulièrement notre attention sur l’impact de la structure du réseau d’agents et des effets d’apprentissage sur la diffusion. Pour ce faire, nous étudions trois classes de réseaux d’agents (ie. réseaux lattice, small world et random). Nos résultats numériques montrent que les réseaux lattice et small-world facilitent la contagion technologique. Ces réseaux ont la caractéristique d’avoir des niveaux de clustering élevés, et des contacts supplémentaires augmentent la probabilité de contagion dans le réseau. A l’inverse, les réseaux disposant d’un niveau de clustering faible garantissent une vitesse de diffusion équivalente avec une plus faible variance dans le nombre d’adoptants final. Quelle que soit la structure du réseau, des effets d’apprentissage supérieurs facilitent la diffusion de la technologie dans les réseaux.

2019

2019.23
Ecological compensation: how much and where?

Pascal Gastineau – Pascal Mossay – Emmanuelle Taugourdeau

Résumé
Cet article analyse les choix de localisation de la compensation écologique dans un modèle où le planificateur doit assurer l’absence de perte nette de biodiversité tout en respectant d’une part, un principe d’absence de perte nette de bien-être social et d’autre part, une contrainte sur la localisation de la compensation. Nous déterminons ainsi la localisation et le niveau de compensation permettant de minimiser le cout total de la compensation écologique. Nous décrivons les coûts écologiques supplémentaires induits par le respect du principe de « non perte nette de bien-être » et analysons comment la répartition spatiale des individus, de l’environnement et les coûts fonciers affectent le choix du lieu de la compensation. Nous montrons enfin comment la contrainte de localisation induit un arbitrage entre coût de la compensation et inégalité de bien-être individuel.

2019.22
On Climate Agreements with Asymmetric Countries: Theory and Experimental Results

Charles F. Mason

Résumé
Je modélise des accords climatiques internationaux entre des pays asymétriques qui doivent sélectionner des trajectoires d’émissions de CO2. Les prédictions de ce modèle impliquent de plus larges réductions par les « grands » pays, mais des réductions proportionnellement plus larges par les « petits » pays. J’analyse alors des données expérimentales qui nous éclairent que ce sujet. Contrairement aux prédictions théoriques, je trouve que de plus petits pays ne réduisent pas leurs émissions proportionnellement par rapport à l’équilibre de Nash de sorte que les plus grands pays sont pénalisés. De plus, les émissions globales sont indiscernables des émissions à l’équilibre de Nash non répété. Ce résultat pessimiste étend le résultat, courant dans la littérature, selon lequel les négociations dans des jeux répétés similaires (mais avec joueurs symétriques) ne permettent pas d’espérer d’accords significatifs. Une explication possible de ces résultats est l’aversion aux inégalités.

2019.21
Altruistic Foreign Aid and Climate Change Mitigation

Antoine Bommier – Amélie Goerger – Arnaud Goussebaïle – Jean-Philippe Nicolaï

Résumé
Ce papier souligne l’importance de traiter conjointement les questions d’environnement et de développement. Nous considérons un pays développé altruiste et plusieurs pays en développement hétérogènes. Nous démontrons que le manque de coordination entre les pays dans la lutte contre le changement climatique se résout simplement si les pays en développement peuvent s’attendre à recevoir des transferts du pays développé. La chronologie des décisions est centrale dans le mécanisme: les aides au développement doivent être déterminées après les choix de réduction de pollution. La principale restriction de notre résultat est qu’il n’est valable que si le pays développé est suffisamment altruiste pour effectuer des transferts positifs aux pays en développement. Néanmoins, même d’un point de vue purement égoïste, il peut être profitable pour le pays développé d’être plus altruiste, ceci conduisant à un niveau de bien-être supérieur pour tous les pays.

2019.20
Hedonic estimation of the green value of residential housing

Catherine Baumont – Masha Maslianskaia-Pautrel – Pierre Voyé

Résumé
La gestion de la demande d’énergie dans le secteur résidentiel pourrait se faire en promouvant des habitats efficaces en énergie. Nous supposons que les ménages, en adoptant des comportements verts sont prêts à payer un prix plus élevé pour acquérir des habitations vertes. Cette valeur « ajoutée » s’appelle « valeur verte ». Ce papier étudie l’impact de la mesure de l’efficacité énergétique, certifiée par le Diagnostic de Performance Energétique (DPE), sur le prix des habitations. Pour cela, nous appliquons la méthode des prix hédoniques au marché immobilier – maisons et appartements – de la zone urbaine de Dijon entre Janvier 2013 et Décembre 2014. Les résultats obtenus, indiquent que l’impact des DPE est principalement observé pour les classes les moins performantes. L’impact négatif dépend du type de marché : il est plus faible pour le marché des appartements. Nous montrons aussi que la proximité à des aménités vertes – en-dehors de la ville – a un effet positif, mais uniquement pour le marché des maisons.

2019.19
Improving Farm Environmental Performance through Technical Assistance: Empirical Evidence on Pesticide Use

Margaux Lapierre – Alexandre Sauquet – Julie Subervie

Résumé
En 2008, le gouvernement français a annoncé un changement important dans la politique agricole, appelant à réduire de moitié l’utilisation des pesticides dans les dix prochaines années. Depuis lors, il a consacré 40 millions d’euros par an à la mise en œuvre du plan Ecophyto. Dans cet article, nous évaluons le succès de ce programme en nous concentrant sur son dispositif phare, qui fournit une assistance technique gratuite à 3000 fermes pilotes volontaires depuis 2011. Pour cela, nous utilisons des données de panel collectées auprès d’un échantillon représentatif de vignobles français, connus comme les systèmes de production qui utilisent le plus de pesticides. Nous utilisons différentes approches quasi-expérimentales pour estimer l’impact de la participation au programme sur l’utilisation de pesticides et le rendement des cultures. Nous constatons que les participants ont réussi à réduire de 8 à 22% l’utilisation de pesticides, grâce au programme. Nous montrons en outre que la réduction de l’utilisation de produits chimiques s’est accompagnée d’une augmentation de l’utilisation de produits de biocontrôle. Enfin, nous montrons que ce changement de pratiques a entraîné une réduction des rendements pour une fraction des exploitations participantes, tandis que d’autres semblent avoir maintenu les rendements. Bien qu’inférieurs aux attentes du gouvernement français, ces résultats semblent plutôt encourageants, car ils suggèrent qu’un programme d’assistance technique peut être efficace pour réduire de manière significative l’utilisation de pesticides dans le secteur agricole.

2019.18
Limit pricing, climate policies, and imperfect substitution

A paraître dans Resource and Energy Economics.

Gerard van der Meijden – Cees Withagen

Résumé
Les effets des politiques climatiques sont souvent étudiées sous les hypothèses de concurrence parfaite et de coûts marginaux d’extraction constants. Dans ce papier, nous considérons une offre de fuels fossiles monopolistique et des fonctions de coûts plus générales. Ces hypothèses, combinées à la présence de ressources renouvelables parfaitement substituables aux fuels fossiles, donnent lieu à une pratique de prix limite. L’équilibre peut générer les quatre phases d’offre suivantes : offre exclusive de fuels fossiles en dessous du prix-limite, offre exclusive de fuels fossiles au prix limite, offre simultanée de fuels fossiles et de renouvelables au prix limite, et offre exclusive de renouvelables au prix limite. L’impact des politiques climatiques sur l’extraction initiale de fuels fossiles dépend du type de la phase initiale : dans le cas d’une offre initiale exclusivement constituée de fuels fossiles au prix limite, une subvention aux renouvelables accroit l’extraction initiale, alors qu’une taxe carbone n’affecte pas l’extraction initiale. Dans le cas d’une offre initiale simultanée de fuels et de renouvelables au prix limite ou dans le cas d’une offre initiale exclusive de fuels fossiles en dessous du prix limite, une subvention aux renouvelables et une taxe carbone réduisent l’extraction initiale. Ces deux politiques réduisent l’extraction cumulée de fuels fossiles. Si les fuels fossiles et les renouvelables sont des substituts imparfaits, mais d’assez bons substituts, le monopole adoptera un comportement qui ressemble à la pratique de prix limite, en maintenant un prix effectif des fuels assez proche de celui des renouvelables pendant une certaine période.

2019.17
Linking Permit Markets Multilaterally

A paraître dans Journal of Environmental Economics and Management.

Baran Doda – Simon Quemin – Luca Taschini

Résumé
Nous étudions formellement les déterminants, la magnitude et la distribution des gains d’efficacité générés par des liaisons multilatérales entre marchés de permis échangeables (linking). Nous établissons deux nouveaux résultats de décomposition pour ces gains, caractérisons les préférences individuelles entre les différents groupes de linking possibles, et montrons que nos résultats sont essentiellement inchangés par l’adjonction d’une dimension stratégique en termes de sélection des caps domestiques d’émissions, ou par la possibilité de banking et borrowing intertemporel. Nous quantifions ces gains d’efficacité en nous basant sur les contributions au sein de l’Accord de Paris et sur les données historiques d’émissions des secteurs électriques de cinq pays qui ont tous recours, ou ont tous considérés avoir recours, aux marchés de permis et au linking. Les gains calculés peuvent être importants et sont attribuables de façon quasiment équitable à un partage des efforts d’abattement et des risques associés.

2019.16
The Social Cost of Carbon and the Ramsey Rule

Cees Withagen

Résumé
Le but de ce papier est d’examiner de manière critique l’utilisation de règles simples pour le calcul du coût social du carbone qui reviennent à une forme rudimentaire de la règle de Ramsey. Deux problèmes se présentent qui dépendent l’un de l’autre. Premièrement, si le changement climatique pose un vrai problème, la constance du taux de croissance du PIB et de la consommation, supposée par plusieurs contributeurs majeurs, est difficilement justifiable. Deuxièmement, le calcul du coût social optimal du carbone requiert la connaissance de l’intégralité du futur de l’économie, malgré les manières couramment utilisées pour éviter ce problème. En outre, il est démontré que la dérivation de plusieurs règles simples souffre d’incohérences.

2019.15
French Attitudes over Climate Change and Climate Policies

Thomas Douenne – Adrien Fabre

Résumé
Cet article a pour objectif d’évaluer les perspectives de la politique climatique française après que la crise des gilets jaunes a stoppé l’augmentation prévue de la taxe carbone. À partir d’une large enquête représentative, nous étudions les connaissances, perceptions et valeurs sur le changement climatique, nous examinons les opinions relatives à la taxation du carbone, et nous évaluons le soutien à d’autres politiques climatiques. Une attention particulière est accordée au lien entre les perceptions du changement climatique et les attitudes politiques. L’article étudie également en détail les déterminants des attitudes en termes de variables politiques et socio-démographiques. Parmi les nombreux résultats, nous constatons que malgré des connaissances limitées, le changement climatique suscite beaucoup d’inquiétude. Nous documentons un large rejet de la taxe carbone, mais un soutien majoritaire en faveur de normes plus strictes et d’investissements verts, et révélons les raisons qui sous-tendent ces préférences. Notre étude comporte des recommandations politiques, en particulier une campagne d’information sur le changement climatique. En effet, nous constatons que la préoccupation climatique renforce le soutien en faveur des politiques climatiques, mais qu’il n’y a aucune preuve que cette préoccupation souffre de biais partisans comme aux États-Unis, ce qui suggère qu’un meilleur accès à la science pourrait favoriser le soutien à l’écologie.

2019.14
Energy Conversion Rate Improvements, Pollution Abatement Efforts and Energy Mix: The Transition toward the Green Economy under a Pollution Stock Constraint

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux

Résumé
Trois options sont couramment envisagées pour prévenir le dérèglement climatique: l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement d’alternatives renouvelables aux combustibles fossiles et la séquestration des émissions de CO2. Nous étudions la combinaison optimale de ces trois options dans un modèle dynamique stylisé. L’énergie utile est produite à partir de deux sources: une ressource fossile non renouvelable polluante et une ressource renouvelable non carbonée. L’efficience de conversion énergétique de l’énergie fossile en énergie utile peut être améliorée au prix d’efforts coûteux. L’économie peut abattre et séquestrer ses émissions potentielles mais des taux de capture plus élevés sont aussi plus coûteux à réaliser. L’objectif de la société est de stabiliser la concentration atmosphérique en CO2 sous un certain seuil, ou plafond carbone. Dans le cas empiriquement pertinent où l’économie serait effectivement contrainte par le plafond carbone, nous montrons que le sentier optimal est composé de quatre phases successives: une phase « avant plafond » durant laquelle l’économie accumule du carbone dans l’atmosphere sans être encore contrainte par le plafond, suivie d’une phase contrainte par le plafond, puis d’une phase non contrainte d’exploitation de l’énergie fossile au-dessous du plafond, enfin d’un régime d’économie « verte », consommant 100 % d’énergie renouvelable. Si l’option séquestration est économiquement pertinente, la capture des émissions doit débuter avant la phase au plafond à un rythme croissant et se poursuivre à un rythme décroissant au cours de la phase au plafond, la séquestration devant cesser strictement avant la date de sortie définitive du plafond. La performance de conversion énergétique doit elle augmenter, à l’exception d’une sous-phase au plafond au cours de laquelle elle doit être maintenue à un niveau constant. L’énergie renouvelable prend de plus en plus d’importance dans le mix énergétique. Le niveau absolu du flux d’émissions polluante diminue en permanence mais l’évolution des émissions par unité d’énergie utile produite suit un profil d’évolution non monotone, étant d’abord décroissant, puis croissant, puis finalement décroissant.

2019.13
Ambitious Emissions Goal as a Strategic Preemption

Hiroaki Yamagami – Ryo Arawatari – Takeo Hori

Résumé
Nous étudions un jeu politique dans lequel un législateur fixe un objectif national des émissions et choisit un instrument, tarification du carbone (TC) ou quota. Nous montrons que, face à un objectif d’émissions proposé dans un accord environnemental international, le régulateur peut choisir un objectif plus strict que le niveau proposé. Nous définissons ce but strict comme un « but ambitieux ». Nous montrons que le but ambitieux des émissions constitue une stratégie pour le législateur permettant dʼempêcher le lobbying de l’industrie à une étape suivante. Nous supposons aussi que, si la TC est introduite, un concours de recherche de rente pour le remboursement des revenus de la TC a lieu. Si le concours est assez coûteux sur le plan social, la TC nʼest plus un instrument optimal. Nous étendons finalement le modèle du cas dʼun pays à celui de deux pays symétriques, et nous étudions un équilibre de Nash où les deux pays sʼengagent sur des buts ambitieux des émissions.

2019.12 Prix FAERE 2019 du meilleur article de jeunes économistes
Carbon Pricing and Power Sector Decarbonisation: Evidence from the UK

Marion Leroutier

Résumé
Le secteur de la production d’électricité et de chaleur représente 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2016. Différentes mesures ont été déployées ces dernières années aux niveaux régional, national et supranational afin de décarboniser la production électrique. Cet article s’intéresse à un nouvel instrument de prix carbone mis en œuvre par le Royaume-Uni en 2013, le prix plancher du carbone. Après avoir décrit la récente décarbonisation de la production d’électricité britannique ainsi que les mécanismes sous-jacents pouvant expliquer ce phénomène, l’article applique la méthode de contrôle synthétique pour capturer de façon causale l’impact du prix plancher sur carbone sur les émissions de CO2. L’impact d’autres facteurs ayant pu jouer un rôle dans la récente baisse des émissions est discuté. La baisse d’émissions associée au prix plancher du carbone britannique varie entre 106 et 185 millions de tonne d’équivalent CO2 sur la période 2013-2017, en fonction de la spécification utilisée. En 2017, les émissions totales du secteur de production électrique sont réduites de 41% à 49% par rapport au contrefactuel. Différents tests placebo sont appliqués afin de prouver la relation causale. Cet article montre qu’une taxe carbone appliquée aux combustibles polluants utilisés pour la production d’électricité peut permettre de réduire de façon substantielle les émissions de ce secteur.

2019.11
Social Cost of Carbon under stochastic tipping points: when does risk play a role?

Nicolas Taconet – Céline Guivarch – Antonin Pottier

Résumé
Les émissions de gaz à effet de serre imposent un coût social aux économies du fait des dommages que le changement climatique causera dans le futur. En particulier, elles entraînent le risque de franchir des seuils critiques dans le système climatique ou économique, ce qui engendrerait des dommages importants. Par nature incertains, considérer ces seuils critiques augmente les dommages espérés, ainsi que la dispersion des dommages possibles – c’est-à-dire le risque. Ces deux dimensions réhaussent le coût social du carbone. Cependant, les contributions respectives des dommages espérés et du risque n’ont pas été évaluées. Nous développons une méthode simple pour comparer à quel point les dommages espérés permettent d’expliquer la valeur sociale du carbone, par rapport au risque induit par un seuil critique stochastique. Les résultats montrent que les dommages espérés comptent pour 90% de la valeur sociale du carbone pour des chocs sur la productivité inférieurs à 10%, c’est-à-dire la fourchette haute des dommages considérés dans les modèles intégrés. Des chocs élevés combinés à une grande aversion au risque sont nécessaires pour que le risque joue un rôle. Cela fournit une explication au fait que l’aversion au risque joue un rôle étonnamment modeste dans l’évaluation du coût social du carbone dans la plupart des études (le  »risk aversion puzzle »): des plages de dommages trop restreintes seraient responsables de cette faible influence de l’aversion au risque.

2019.10
Can We Reconcile French People with the Carbon Tax? Disentangling Beliefs from Preferences

Thomas Douenne – Adrien Fabre

Résumé
A partir d’une nouvelle enquête et de données d’enquêtes ménages nationales, nous étudions les perceptions des Français vis-à-vis de la taxe carbone. Nous trouvons que les Français rejettent largement une taxe dont le revenu serait redistribué uniformément aux ménages. Toutefois, leurs perceptions des propriétés de ces taxes sont biaisées : les individus surestiment l’effet négatif de la politique sur leur pouvoir d’achat, pensent incorrectement qu’elle est régressive, et qu’elle est inefficace pour réduire la pollution. Notre analyse économétrique montre que corriger ces trois biais serait suffisant pour générer une approbation majoritaire. Néanmoins, nous trouvons que les croyances des individus sont persistantes, et leurs révisions biaisées de façon pessimiste, rendant la correction de ces biais difficile.

2019.09
The economic value of NBS restoration measures and their benefits in a river basin context: A meta-analysis regression

Nabila Arfaoui – Amandine Gnonlonfin

Résumé
Notre article recueille les estimations monétaires des Solutions Basées sur la Nature (NBS) et de leurs bénéfices en termes de services écosystémiques. Il s’intéresse particulièrement aux NBS dans une approche de restauration et dans un contexte de bassin. Une base de données de 187 estimations monétaires a été construite et a permis d’estimer une méta-régression qui étudie la manière dont les individus valorisent ces NBS et leurs bénéfices. Nos résultats montrent que les individus attachent de l’importance aux services écosystémiques liés, en particulier, à la régulation du climat, à la régulation de l’environnement local, aux activités de loisirs et à la préservation de la biodiversité et des habitats. Nos résultats montrent aussi que les NBS visant la restauration des plaines inondables et des cours d’eau sont plus valorisées. Par ailleurs, nous montrons que les variables méthodologiques influencent de façon marginale le Consentement à Payer (CAP) estimé. En effet, les moyens de paiement, les méthodes économétriques ainsi que les modes d’enquête ne sont pas significatifs. Cependant, le CAP estimé par la méthode contingente est significativement différent de la valeur estimée par la méthode d’expérimentation. Enfin, les études réalisées aux États-Unis et en Europe révèlent un CAP supérieur à celles réalisées en Asie.

2019.08
Can the environment be an inferior good? A theory with context-dependent substitutability and needs

Marion Dupoux – Vincent Martinet

Résumé
Les modèles théoriques supposent souvent que l’environnement est un bien normal, quel que soit le niveau de revenu. Toutefois, a priori, rien n’interdit qu’un bien environnemental soit normal pour certains individus et inférieur pour d’autres. Nous développons un cadre conceptuel dans lequel la consommation privée et le bien public environnemental sont substituables ou complémentaires pour satisfaire différents besoins. Ainsi, l’environnement peut basculer de la catégorie de bien normal à celle de bien inférieur en fonction du revenu et de la qualité de l’environnement. Si l’environnement est inférieur pour une certaine fourchette de revenus, alors le consentement de payer pour la préservation de l’environnement devient non monotone, ce qui a des répercussions sur les transferts de bénéfices environnementaux.

2019.07
The Fossil Energy Interlude: Optimal Building, Maintaining and Scraping a Dedicated Capital, and the Hotelling Rule

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux – Manh-Hung Nguyen

Résumé
Il est bien connu que les sentiers de prix et de consommation de la plupart des ressources non renouvelables, y compris les ressources énergétiques primaires, diffèrent des sentiers prédits par la règle d’Hotelling (Krautkramer, 1998; Gaudet, 2007). Nous proposons un modèle dans lequel, pour produire de l’energie utile deux facteurs sont nécessaires, une ressource primaire et des biens capitaux dédiés. Partant d’un état de la société dans lequel l’énergie fossile n’est pas encore exploitée, nous caractérisons le sentier optimal d’une double transition. La première au cours de laquelle l’énergie fossile se substitue à l’énergie renouvelable, la seconde au cours de laquelle l’énergie fossile est progressivement abandonnée au profit de l’énergie renouvelable. Nous montrons qu’il existe un plateau d’exploitation maximale de la ressource fossile plutôt qu’un pic et que le sentier ne suit ce que prédit la règle d’Hotelling qu’au cours de la phase de régression de l’utilisation de la ressource non renouvelable.

2019.06
Mineral Resources for Renewable Energy: Optimal Timing of Energy Production

Adrien Fabre – Mouez Fodha – Francesco Ricci

Résumé
La production d’énergie à partir de sources renouvelables est plus intensive en minerais que celle de sources fossiles. La rareté de certains minerais limite le potentiel de substitution de ressources fossiles par des renouvelables. Cependant, les minerais peuvent être recyclés à la différence des ressources fossiles. On présente un modèle intertemporel pour analyser la dynamique du mix énergétique optimal en présence d’énergie fossile et renouvelable, mais intensive en minerais. On étudie le cas où le fossile et les minerais sont rares, mais seuls les minerais sont recyclables. On montre que mieux on recycle les minerais, plus le mix énergétique devrait s’appuyer sur les renouvelables, et le plus tôt devrait avoir lieu l’investissement dans la capacité de production d’énergie d’origine renouvelable. Ces résultats sont confirmés en présence d’autres facteurs influençant le calendrier d’utilisation optimale des ressources : l’amélioration de la productivité dans le sous-secteur des renouvelables, la substituabilité imparfaite entre les deux types de sources d’énergie, la convexité des coûts d’extraction de minerais, et la pollution résultant de l’utilisation des ressources fossiles.

2019.05
Disaster risks, disaster strikes and economic growth: the role of preferences

Thomas Douenne

Résumé
Le papier étudie le rôle des préférences vis-à-vis du lien entre désastres et croissance. Il présente un modèle de croissance endogène avec désastres et préférences récursives permettant d’obtenir des solutions de forme fermée. Le modèle distingue le risque et l’occurrence des désastres, et met en lumière les nombreux mécanismes au travers desquels ils affectent chacun la croissance. Il est montré que séparer l’aversion au risque et l’aversion aux fluctuations inter-temporelles a des implications majeures et conduit à des résultats qualitativement plus riches, permettant de mieux comprendre ces mécanismes. La calibration du modèle montre que, pour des valeurs standards de paramètres, la restriction supplémentaire imposée par l’utilité espérée peut également conduire quantitativement à des biais importants vis-à-vis de la politique d’atténuation du risque optimale et du sentier optimal de croissance. Le papier suggère donc d’étendre l’usage des préférences récursives à la modélisation des désastres, en particulier les désastres environnementaux et le changement climatique.

2019.04
Incentives, Pro-social Preferences and Discrimination

Raphaël Soubeyran

Résumé
Dans cet article, j’étudie comment un principal peut inciter, à moindre coût, un groupe d’agents ayant des préférences pro-sociales à se coordonner lorsqu’il existe des externalités de réseau entre ces agents. Je montre que les préférences pro-sociales des agents – en particulier une préférence pour la somme des gains des agents et/ ou pour le gain minimum – entraînent une diminution du coût de mise en œuvre pour le principal, une diminution du gain de chaque agent, et une augmentation de la discrimination. Le modèle peut être appliqué dans différents contextes et il a des implications politiques pour la conception de politiques qui soutiennent l’adoption de nouvelles technologies, pour motiver un groupe de travailleurs ou pour induire une coordination réussie d’un groupe d’ONG.

2019.03
Prediction is difficult, even when it’s about the past: a hindcast experiment using Res-IRF, an integrated energy-economy model

A paraître dans Energy Economics

David Glotin – Cyril Bourgeois – Louis-Gaëtan Giraudet – Philippe Quirion

Résumé
Les projections de la demande d’énergie fondées sur des modèles ne sont pratiquement jamais confrontées à des observations. Cette lacune menace la crédibilité que les décideurs politiques pourraient attacher aux modèles intégrés d’économie d’énergie. L’une des raisons en est le manque de données historiques pour étalonner les modèles, une condition préalable pour tenter de reproduire les tendances passées. Dans cet article, nous (i) rassemblons des données historiques fragmentaires pour reconstituer la performance énergétique du parc immobilier résidentiel de 1984 en France ; (ii) calibrons Res-IRF, un modèle ascendant de la demande énergétique résidentielle en France, par rapport à ces données et le calculons jusqu’en 2012. Dans une simulation préliminaire qui ne prend en compte que les données connues au début de la période simulée, nous constatons que le modèle prédit avec précision la consommation d’énergie par m² agrégée sur tous les types de logements, avec une erreur moyenne en pourcentage inférieure à 1,5% et un r² de 85%. Ces chiffres atteignent 0,5 % et 96 % lorsque l’on considère le meilleur des 1 920 scénarios couvrant l’incertitude entourant les paramètres de l’année initiale. La demande d’énergie est inégalement répartie entre les combustibles, ce qui révèle certaines limites dans la capacité du modèle à capter des tendances induites par des politiques publiques telles que l’expansion du réseau de distribution du gaz naturel. Les résultats globaux renforcent toutefois la confiance dans l’exactitude générale du modèle Res-IRF. Nous discutons des orientations pour la collecte de données qui faciliteraient la comparaison entre les simulations et les observations dans les futures simulations rétrospectives de ce type.

2019.02
Bargaining with Intertemporal Maximin Payoffs

Vincent Martinet – Pedro Gajardo – Michel De Lara

Résumé
Nous formalisons les problèmes de durabilité comme des problèmes de négociation entre porteurs d’enjeux devant s’entendre sur le sentier de développement. Lorsqu’il existe une infinité d’alternatives, l’ensemble des possibilités d’utilité est inconnu, ce qui limite l’application de la théorie axiomatique des négociations et des mécanismes qu’elle caractérise. Nous proposons un cadre qui prend en compte la manière dont l’ensemble des alternatives définit l’ensemble des possibilités d’utilité et le point de désaccord. Nous montrons qu’un mécanisme qui satisfait les axiomes d’Indépendance aux alternatives non-efficientes et d’indépendance aux alternatives redondantes peut être appliqué à un sous-ensemble d’alternatives générant les résultats Pareto-efficients du problème initial, et produire le même résultat. Nous formalisons des conditions de monotonie sous lesquels de tels ensembles sont calculables. Nous appliquons ce cadre aux problèmes dynamiques de durabilité et caractérisons une règle de décision satisfaisante qui peut générer n’importe quel résultat Pareto-efficient. Cette règle est à l’épreuve des renégociations et génère une trajectoire cohérente temporellement sous l’axiome de rationalité individuelle.

2019.01
The Rise of NGO Activism

Publié dans American Economic Journal – Economic Policy (2019), 11, 183-212.

Julien Daubanes – Jean-Charles Rochet

Résumé
Les organisations non gouvernementales (ONG) militantes s’opposent de plus en plus aux pratiques des entreprises. Nous suggérons que cela pourrait être lié à la vulnérabilité de la réglementation publique à l’influence des entreprises. Un projet industriel potentiellement dangereux requiert l’approbation des organismes de réglementation. Sous l’influence de l’industrie, l’organisme de réglementation peut approuver le projet même s’il est nuisible. Toutefois, une ONG peut s’y opposer. Nous caractérisons les circonstances dans lesquelles l’opposition des ONG se produit et dans lesquelles elle est socialement bénéfique. Notre théorie explique le rôle que les ONG ont assumé au cours des dernières décennies et a des implications pour la légitimité sociale de l’activisme et le degré approprié de transparence des activités industrielles.

2018

2018.21 Prix FAERE 2018 (ex aequo) du meilleur article de jeunes économistes
The impacts of energy prices on industrial foreign investment location: evidence from global firm level data

Aurélien Saussay – Misato Sato

Abstract
Cet article analyse le rôle des prix de l’énergie dans les décisions d’implantation des investissements des entreprises dans le secteur manufacturier. S’appuyant sur l’application de la théorie du choix discret au problème de l’implantation des entreprises, nous spécifions un modèle logit conditionnel liant les investissements directs étrangers bilatéraux (IDE) aux prix relatifs de l’énergie. Nous testons ensuite empiriquement ce lien à l’aide d’un ensemble de données globales de transactions M&A dans le secteur manufacturier couvrant 41 pays entre 1995 et 2014, en utilisant des techniques économétriques adaptées de l’estimation des modèles de gravité. Les résultats suggèrent qu’au moment de décider d’investir, les entreprises sont attirées par les régions où les prix de l’énergie sont plus bas. Toutefois, des simulations contrefactuelles révèlent que la mise en œuvre unilatérale d’une taxe carbone de 50 $/tCO2 par diverses coalitions de pays devrait avoir un impact négatif limité sur l’attractivité des économies pour les investissements industriels étrangers. Par conséquent, nos résultats confirment l’effet de paradis de la pollution, mais ils montrent que son ampleur est limitée et qu’elle pourrait être traitée par des mesures ciblées dans les secteurs les plus énergivores.

2018.20
Time Rebound Effect in Households’ Energy Use: Theory and Evidence

Kenichi Mizobuchi – Hiroaki Yamagami

Résumé
Les biens et services permettant de gagner du temps sont de plus en plus développés et diffusés. Ces biens et services augmentent le temps disponible pour les ménages et le temps gagné peut être affecté à d’autres activités consommant de l’énergie / de l’électricité. Cet article établit un modèle théorique simple et présente un mécanisme, appelé effet de rebond temporel, grâce auquel les biens permettant de gagner du temps augmentent la consommation d’énergie par des comportements des ménages. De plus, nous montrons des preuves empiriques de ce modèle en effectuant une enquête auprès des ménages japonais. Notre analyse montre notamment que l’effet de rebond temporel se produit lors de l’utilisation du lave-vaisselle, de la sécheuse ou d’un service de commande / livraison en ligne. Cependant, son impact est très faible : la consommation d’électricité supplémentaire représente au maximum 1,4% de la consommation quotidienne.

2018.19
(nouvelle version)
Emissions Trading with Rolling Horizons

Simon Quemin – Raphaël Trotignon

Résumé
Nous construisons un modèle d’échange compétitif de permis d’émissions sous incertitude en présence de mécanismes de contrôle de l’offre. Les firmes peuvent utiliser des horizons de planification roulants pour gérer l’incertitude et peuvent aussi faire montre de rationalité limitée quant aux impacts des mécanismes de contrôle de l’offre. Nous incorporons à notre modèle les éléments de design clés de l’EU ETS puis le calibrons afin qu’il reproduise les développements du marché annuels observés entre 2008 et 2017. Nous trouvons qu’un horizon roulant est en mesure de réconcilier la dynamique de banking avec les taux d’escompte implicites des courbes de taux des contrats à terme. Nous évaluons la réforme du marché de 2018, décomposons les effets de ses éléments principaux et quantifions comment ils varient en fonction de l’horizon temporel et du niveau de rationalité des firmes. Nous relevons des implications importantes en termes de design et d’évaluation d’un système d’échange de permis.

2018.18
Marchés internationaux de droits à polluer et taxes locales sur les biens polluants

A paraître dans L’Actualité économique – Revue d’analyse économique.

Julien Daubanes – Pierre Lasserre

Résumé
L’intérêt des marchés internationaux de droits à polluer réside dans leur potentiel à atteindre un objectif de réduction de pollution de manière efficiente. Malheureusement, la tendance des pays participants à taxer localement les biens polluants remet en cause ce potentiel. Nous proposons un modèle permettant d’examiner l’intérêt des pays participant à un marché de droits à polluer à taxer le bien qui génère la pollution. En particulier, cet intérêt dépend de la distribution initiale des droits entre les pays participants. Nous montrons comment les droits doivent être alloués aux différents pays participants de sorte à garantir l’efficience du marché. Ces allocations optimales requièrent de distribuer gratuitement une fraction suffisamment large des droits plutôt que de les mettre aux enchères.

2018.17
Tax Exemptions of Ethical Products Revisited

Dina Kassab

Résumé
La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), étant perçue comme la fourniture privée d’un bien public, permet des exonérations fiscales dans plusieurs économies. Cet article examine si ces exemptions sont justifiées, étant donné la nature de l’investissement de l’entreprise en bien public et son interdépendance avec l’investissement en bien public fourni par l’Etat, ainsi que la forme sous laquelle les taxes ou subventions devraient être imposées. Le modèle théorique considère un monopole faisant face à un continuum de consommateurs ayant des préférences hétérogènes vis-à-vis du contenu en RSE du bien privé qu’ils achètent. La consommation du bien éthique est supposée conférer un gain réputationnel qui croît à mesure que le nombre de ses acheteurs diminue. L’analyse suggère que les exonérations fiscales devraient être accordées aux activités de RSE lorsque les investissements privé et public sont substituables, une subvention ad-valorem est plus efficace dans ce cas. Par contre, lorsque les deux formes d’investissement sont complémentaires, le produit de la firme devrait être soumis à une taxe positive, à condition que la propension à payer pour les activités RSE soit suffisamment élevée. Alors qu’une taxe ad-valorem joue un rôle correctif dans le sens où elle corrige les parts relatives de l’entreprise et de l’Etat dans la provision du bien public, une taxe spécifique joue un rôle redistributeur : tout en augmentant le surplus total, elle redistribue du surplus de la firme aux consommateurs.

2018.16
Foreign Demand and Greenhouse Gas Emissions: Empirical Evidence with Implications for Leakage

Geoffrey Barrows – Hélène Ollivier

Résumé
Avec des politiques climatiques asymétriques, la réglementation d’un pays peut être sapée par la croissance des émissions dans un autre. Des recherches antérieures ont montré que la réglementation érode la compétitivité des entreprises nationales et entraîne une augmentation des importations, mais que l’augmentation des importations n’entraîne pas nécessairement une augmentation des émissions si les ventes intérieures sont déterminées conjointement avec les ventes à l’exportation ou si l’intensité des émissions de la fabrication s’adapte de manière endogène à la demande étrangère. Dans le présent document, nous estimons pour la première fois comment la production et les émissions des entreprises manufacturières d’un pays réagissent aux chocs de la demande étrangère sur les marchés des partenaires commerciaux. À l’aide d’un panel de grands fabricants indiens et d’une stratégie variable instrumentale, nous constatons que la croissance de la demande étrangère entraîne une hausse des exportations, des ventes intérieures, de la production et des émissions de CO2 et une légère baisse de l’intensité des émissions. Les résultats impliquent qu’un exportateur représentatif confronté à la croissance moyenne observée de la demande étrangère sur la période 1995-2011 aurait augmenté ses émissions de CO2 de 1,39% par an en raison de la croissance de la demande étrangère, ce qui se traduit par une augmentation totale de 6,69% des émissions de CO2 du secteur industriel indien sur cette période. En décomposant la réduction de l’intensité des émissions en canaux de composants, nous trouvons certaines preuves d’effets de mélange de produits, mais nous ne parvenons pas à rejeter l’absence de tout changement technologique. Les calculs au dos de l’enveloppe indiquent qu’une réglementation environnementale qui doublerait les prix de l’énergie dans le monde entier (sauf en Inde) n’augmenterait que de 1,5 % les émissions de CO2 provenant de l’Inde. Ainsi, si les craintes de fuites sont légitimes, leur ampleur semble relativement faible dans le contexte de l’Inde.

2018.15
The Role of Individual Preferences in Explaining the Energy Performance Gap

Salomé Bakaloglou – Dorothée Charlier

Résumé
L’objectif de cette recherche est de comprendre le rôle des caractéristiques socio-économiques et des préférences individuelles pour expliquer l’écart de rendement énergétique dans le secteur résidentiel. L’écart reflète la différence entre la consommation d’énergie théorique de la maison évaluée par des modèles techniques et la consommation d’énergie réelle. En utilisant le ratio des deux consommations comme mesure de l’écart, nous effectuons une régression quantile pour dégager les effets des préférences sur l’ensemble de la distribution du spectre de l’écart de performance énergétique au lieu de nous concentrer sur la moyenne conditionnelle. Par conséquent, cette recherche apporte une contribution originale : selon le sens de l’écart, nos résultats suggèrent que certains facteurs importants sont les préférences individuelles pour le confort plutôt que l’économie, expliquant jusqu’à 12% de la variabilité de l’écart, et la pauvreté. Dans un tel contexte, des mises en garde sont adressées aux autorités publiques concernant les questions de l’effet de rebond et du bien-être des ménages.

2018.14
A dynamic model of recycling with endogenous technological breakthrough

A paraître dans Resource and Energy Economics.

Gilles Lafforgue – Luc Rouge

Résumé
Nous construisons un modèle de croissance dans lequel une ressource non-renouvelable, nécessaire à la production, génère des déchets après utilisation. Une fois recyclés, ces déchets constituent des matériaux de moindre qualité. Ceux-ci ne peuvent être réintroduits dans le cycle de production qu’à partir du moment où leur qualité a, grâce à une activité de R&D dédiée, atteint un niveau minimal donné. Une fois ce seuil atteint, l’économie transite vers un régime où 100% des déchets sont recyclés et où les deux types d’inputs, vierges et recyclés, deviennent des substituts parfaits. Dans ce contexte, nous caractérisons les trajectoires optimales de l’économie et nous donnons une nouvelle interprétations des conditions d’arbitrage de Keynes-Ramsey et de Hotelling. Nous identifions également les déterminants de la date (endogène) de transition et étudions la discontinuité que cette transition implique sur les différentes trajectoires optimales. Nous montrons en particulier que l’opportunité d’une technologie de recyclage mène à une surexploitation de la ressource et à de possibles baisses de la consommation avant la transition.

2018.13
How shifting investment towards low-carbon sectors impacts employment: three determinants under scrutiny

Publié dans Energy Economics (2018), 75, 464-483.

Quentin Perrier – Philippe Quirion

Résumé
La menace du changement climatique exige une réorientation des investissements vers des secteurs à faible intensité de carbone, ce qui suscite de vifs débats quant à l’impact sur l’emploi. De nombreuses études existent, la plupart étant basées sur des modèles d’équilibre général calculable (EGC) ou d’entrées-sorties (IO). Toutefois, les mécanismes économiques à l’œuvre restent flous. Dans cet article, nous démêlons les canaux de création d’emplois et étudions dans quelle mesure les résultats de modèles IO, plus simples, divergent des résultats d’EGC.
En utilisant des modèles stylisés, nous montrons qu’un déplacement de l’investissement crée des emplois dans les modèles IO s’il favorise les secteurs ayant une plus grande part du travail dans la valeur ajoutée, des salaires plus bas ou un taux d’importation plus faible. Dans les modèles EGC, les deux premiers canaux créent également des emplois, mais il n’y a pas d’impact positif à cibler les secteurs à faible importation – à moins que ceux-ci n’exportent pas. Ensuite, nous menons une analyse quantitative de deux politiques : l’installation de panneaux solaires et l’isolation de bâtiments en France. Ces deux politiques ont un effet positif sur l’emploi, dans les deux modèles, en raison de la part élevée de travail et des bas salaires dans ces secteurs. Les résultats des modèles IO fournissent une bonne approximation des résultats de l’EGC pour le solaire (-14% à +34%) et sont légèrement plus élevés pour l’isolation (+22% à +87%).
Nos conclusions remettent en question l’idée que les énergies renouvelables stimulent l’emploi en réduisant les importations, mais elles suggèrent également qu’un double dividende peut être obtenu en encourageant les secteurs peu carbonés et intensifs en travail.

2018.12
Competitive Advantage in the Renewable Energy Industry: Evidence from a Gravity Model

Publié dans Renewable energy (2018), 131, 472-481.

Onno Kuik – Frédéric Branger – Philippe Quirion

Résumé
Une réglementation environnementale nationale pionnière pourrait favoriser la création de nouvelles éco-industries. Ces industries pourraient bénéficier d’un avantage concurrentiel sur le marché mondial. Cet article examine les preuves empiriques de l’impact des politiques nationales favorisant les énergies renouvelables sur les résultats à l’exportation des produits liés à éolien et au solaire photovoltaïque. Nous utilisons un modèle de gravité du commerce international avec un panel équilibré de 49 pays (pour le vent) et de 40 pays (pour le PV) couvrant la période 1995-2013. La rigueur des politiques en matière d’énergies renouvelables est mesurée par les capacités installées. Notre modèle économétrique conclut à un avantage concurrentiel positivement corrélé aux politiques nationales sur les énergies renouvelables, avantage durable dans l’industrie éolienne mais bref dans l’industrie de l’énergie solaire photovoltaïque. Nous suggérons cette différence s’explique par les technologies sous-jacentes impliquées dans les deux industries.

2018.11
From residential energy demand to fuel poverty: income-induced non-linearities in the reactions of households to energy price fluctuations

A paraître dans The Energy Journal.

Dorothée Charlier – Sondès Kahouli

Résumé
Dans cet article, nous proposons un modèle de régression à effet de seuil (PTR) pour tester empiriquement la sensibilité des ménages français en situation de précarité énergétique aux fluctuations des prix de l’énergie, mesurée par l’élasticité prix à la consommation d’énergie pour le chauffage. L’originalité du modèle PTR est qu’il peut prendre en compte les hétérogénéités, ou alternativement les non-linéarités, dans la réaction des ménages aux fluctuations des prix de l’énergie en fonction de leur niveau de revenu. Ces non-linéarités peuvent conduire à l’identification de différents groupes de ménages, et ces derniers sont déterminés de façon endogène en fonction du niveau de revenu. Nous comparons les résultats du modèle PTR avec ceux d’un modèle de panel de référence estimé pour deux groupes de ménages déterminés par l’indicateur conventionnel de la précarité énergétique mesuré par le ratio des 10%.
Les résultats du modèle PTR montrent que nous pouvons identifier deux groupes de ménages qui réagissent différemment aux fluctuations des prix de l’énergie, les ménages pauvres réagissant plus fortement à une variation des prix. Nous concluons que, dans le secteur résidentiel, les ménages précaires sont plus sensibles aux fluctuations des prix de l’énergie ce qui peut exacerber leur situation dans le contexte actuel de hausse constante des prix. Par conséquent, nous suggérons que les politiques publiques consacrées à l’élimination de la précarité énergétique dans le secteur résidentiel devraient cibler les ménages précaires dans un premier temps et devraient être ensuite élargies afin de lutter plus efficacement contre la précarité énergétique.

2018.10      Prix FAERE 2018 (ex aequo) du meilleur article de jeunes économistes
The vertical and horizontal distributive effects of energy taxes: A case study of a French policy

Thomas Douenne

Résumé
Ce papier évalue l’impact distributif de la taxe carbone française. Il montre que la politique est régressive, mais pourrait être rendue progressive en retournant le revenu aux ménages via des transferts forfaitaires. Toutefois, la politique génèrerait encore d’importants effets distributifs horizontaux et pénaliserait une part importante des ménages à revenus modestes. Les déterminants de l’incidence de la taxe sont caractérisés précisément, et des alternatives de transferts ciblés sont simulés sur cette base. Le papier montre qu’étant donné l’importance de l’hétérogénéité non observée liée à la consommation d’énergie des ménages, les effets distributifs horizontaux sont nettement plus difficiles à palier que les effets verticaux.

2018.09
The supply of non-renewable resources

Publié dans Canadian Journal of Economics (2019), 52(3), 1084-1111.

Julien Daubanes – Pierre Lasserre

Résumé
Aucune étude ne caractérise de manière formelle l’offre de ressources non renouvelables (RNRs), c’est-à-dire leur quantité produite en fonction de leur prix. Nous établissons les fonctions d’offre restreinte (à réserves données) et non-restreinte des RNRs. A chaque date et sur chaque marché, leur offre dépend non seulement du prix courant mais aussi du prix aux autres dates et sur les autres marchés. Au-delà de la loi de l’offre habituelle, qui caractérise l’effet prix propre, les effets prix croisés obéissent à leur propre loi. Ces derniers consistent en un effet substitution et en un effet compensation qui est lié au stock de ressource. Nous montrons que l’effet substitution domine toujours l’effet compensation : un accroissement du prix à une date sur un marché cause une réduction de l’offre d’une RNR aux autres dates et sur les autres marchés. Notre modèle est nouveau bien qu’il soit orthodoxe. Il tient compte non seulement de la disponibilité limitée des RNRs, mais aussi de l’hétérogénéité de leurs gisements et du fait que le développement et l’ouverture de ces derniers sont endogènes. Notre analyse étend l’analyse en équilibre partiel des politiques publiques au cas des RNRs. Ainsi, elle permet de généraliser des résultats existants quant aux effets des politiques publiques sur les marchés de RNRs.

2018.08
Open space preservation in an urbanization context

Camille Régnier

Résumé
L’objectif de ce papier est d’analyser la problématique de la préservation des espaces ouverts en milieu urbain. Nous étudions la possibilité de conserver deux types d’espaces ouverts distincts : de grands espaces ouverts à la bordure des villes, et des espaces ouverts intra-urbains de petites tailles. Nous contribuons au débat sur le « land sharing vs land sparing » en milieu urbain, en analysant cette question avec des outils microéconomique en prenant en compte à la fois les préférences des ménages pour les petits espaces ouverts à proximité de leur résidence et la volonté du planificateur de préserver la biodiversité. Nous comparons les situations à l’équilibre et à l’optimum et montrons que la ville peut prendre différentes formes à l’optimum.

2018.07
Energy efficiency as a credence good : A review of informational barriers to building energy savings

Louis-Gaëtan Giraudet

A paraître dans Energy Economics.
Résumé
Les problèmes d’information ont longtemps été considérés comme la principale barrière à l’efficacité énergétique. Cette revue s’intéresse à la recherche vaste mais éparse conduite sur le sujet. En se concentrant sur le secteur du bâtiment, j’organise le propos autour du concept de bien de croyance: comme celle des courses en taxi ou des prestations d’un garagiste, la qualité de l’efficacité énergétique n’est jamais révélée dans son intégralité à l’acheteur; cette caractéristique est à l’origine d’une multitude d’asymétries d’information. Ma première contribution consiste à distinguer les problèmes où l’information est symétrique des asymétries d’information. Les premiers surviennent lorsque l’information est imparfaite ou incomplète, mais partagée de façon identique par les parties contractantes ; en tant que non-défaillance de marché, ils peuvent être corrigés par le progrès techniques et des solutions assurantielles. Ma seconde contribution est de structurer la littérature sur les asymétries d’information associées à l’efficacité énergétique, en distinguant les problèmes de screening, de signal, d’aléa moral et de discrimination par les prix au sein d’une multitude de relations contractuelles impliquant des acheteurs et des vendeurs, des propriétaires et des locataires, et des prêteurs et emprunteurs. J’en conclue que l’existence d’asymétries d’information est établie de façon convaincante dans les relations entre propriétaires et locataires, de façon moins claire sur les marchés immobiliers, et façon encore plus rare dans les situations de rénovation énergétique et de financement. Je clos l’article en discutant les relations étroites qu’entretiennent les problèmes informationnels et comportementaux dans les décisions liées à l’efficacité énergétique.

2018.06
Economic growth determinants in countries with blue carbon: Natural capital as a limiting factor?

Laura Recuero Virto – Denis Couvet

Résumé
Dans cet article, nous explorons les déterminants de la croissance économique dans les pays avec du carbone bleu, c’est-à-dire des pays ayant un accès ouvert à la mer et un fort potentiel d’atténuation grâce aux mangroves, afin d’analyser les effets des pressions anthropiques potentielles sur ces écosystèmes côtiers. Pour ce faire, nous utilisons un échantillon de 23 pays de différentes régions du monde pour la période 1960-2009. Alors que dans les pays avec du carbone bleu, les théories robustes de croissance sont celles néoclassiques (revenu initial et investissement dans le capital physique), la démographie, la politique macroéconomique et le capital naturel, lorsque l’on utilise un échantillon global des pays, l’investissement dans le capital physique, la politique macroéconomique et le capital naturel ne sont plus pertinents. Les conclusions sur le rôle du capital naturel dans la croissance économique concordent largement avec les résultats empiriques dans les pays «moins développés» que notre échantillon représente. En effet, il y a une part plus de deux fois inférieure du capital naturel national par habitant par rapport à un pays moyen, et une part aussi faible peut être un facteur limitant pour la croissance économique. Par ailleurs, une trop grande dépendance économique vis-à-vis du capital naturel national, presque deux fois plus élevée que dans un pays moyen, peut également avoir un impact négatif sur la croissance économique. Ces caractéristiques, ainsi que les taux de fécondité élevés dans ces pays, mettent en exergue les pressions anthropiques potentielles auxquelles peuvent être soumises les zones côtières avec du carbone bleu comme la conversion des terres pour l’agriculture ou l’aquaculture, les ruissellements, la surexploitation des ressources de carbone bleu, l’urbanisation, le versement incontrôlés des eaux usées et les travaux publics qui, à leur tour, peuvent dégrader les écosystèmes de carbone bleu. Compte tenu de ces résultats, nous suggérons le rôle des gouvernements centraux pour inciter à la protection de ces solutions basées sur la nature au niveau des décideurs locaux et des communautés ainsi que des institutions financières internationales pour soutenir financièrement de telles initiatives dans ces pays moins développés.

2018.05
Energy Consumption in the French Residential Sector: How Much do Individual Preferences Matter?

A paraître dans The Energy Journal.

Salomé Bakaloglou – Dorothée Charlier

Résumé
Le but de cette recherche est de comprendre quelle part de la consommation énergétique totale peut être expliquée par les préférences individuelles dans le secteur résidentiel français. Nous utilisons un modèle discret-continu et le « conditional mixed process estimator » pour prendre en compte deux sources d’endogénéïté potentielles : le prix de l’énergie et le choix de l’équipement énergétique. Notre travail permet de mettre en évidence que les préférences pour le confort au détriment des économies d’énergie ont un impact direct et indirect sur la consommation d’énergie, plus particulièrement pour les ménages avec de hauts revenus. Préférer le confort ou fixer la température intérieure à un degré supplémentaire en hiver entraînent un surplus de consommation énergétique de respectivement 10% et 7,8% allant jusqu’à 36% pour les haut-revenus. Nos résultats renforcent le postulat que l’hétérogénéité des ménages est un facteur essentiel pour comprendre la consommation d’énergie. Finalement, cela peut avoir des implications intéressantes pour le design d’outils de politique publique visant à réduire la consommation énergétique du secteur résidentiel.

2018.04
Tarification incitative et gestion des déchets ménagers : études du comportement des collectivités locales françaises

Amandine Gnonlonfin – Yusuf Kocoglu

Résumé
La tarification incitative comme outil de gestion des déchets municipaux (DMA) s’est très peu développée dans les collectivités locales françaises malgré ses avantages théoriques sur la
prévention des déchets et l’augmentation du recyclage. Nous analysons les déterminants de la décision des collectivités locales françaises relative au choix de la tarification incitative en
étudiant notamment l’effet de la variation du coût total net des DMA sur la probabilité d’observer la tarification incitative. Nous estimons également l’effet de la tarification incitative
sur le coût total net des DMA. Nos résultats empiriques soulignent l’importance de l’arbitrage coûts-bénéfices et de la diffusion de la tarification incitative dans le voisinage sur le
comportement des collectivités locales. Nous montrons comment la réglementation a biaisé l’arbitrage coûts-bénéfices et en conséquence ralentit l’adoption de la tarification incitative.

2018.03
The determinants of economic growth in countries with high marine biodiversity: Effects of potential anthropogenic pressures on the marine environment

Laura Recuero Virto – Denis Couvet – Frédéric Ducarme

Résumé
Dans cet article, nous explorons les déterminants de la croissance économique dans 74 pays à forte biodiversité marine pour la période 1960-2009 grâce à des méthodologies qui tiennent compte de l’incertitude dans les théories et les spécifications et de la présence de multiples régimes de croissance. Nous constatons que la théorie néoclassique (revenu), démographique, macroéconomique, du capital naturel, du fractionnement et des institutions, sont des déterminants robustes de la croissance économique dans ces pays côtiers. Ces résultats suggèrent que la capacité d’un pays à gérer la biodiversité marine est associée aux facteurs qui ont une incidence sur la croissance économique. Deuxièmement, contrairement aux échantillons de données globaux, les politiques macroéconomiques et le capital naturel sont des déterminants robustes de la croissance économique. Il y en a une abondante littérature académique sur le rôle des politiques macroéconomiques et des ressources naturelles non renouvelables dans les flux commerciaux et la croissance économique dans les pays côtiers. Ces deux facteurs, ainsi que la démographie, mettent en évidence les pressions auxquelles les zones côtières peuvent être soumises, telles que les travaux publics, la croissance démographique et l’urbanisation qui, à son tour, pourraient dégrader la biodiversité marine. Par rapport à d’autres pays, les pays côtiers à forte biodiversité marine ont des taux de fécondité et des échanges commerciaux internationaux plus élevés, une consommation gouvernementale plus importante et des dotations institutionnelles plus faibles. Troisièmement, nous constatons que l’éducation joue un rôle important dans ces pays. La convergence économique progresse avec le niveau d’éducation. De plus, l’éducation et l’investissement dans le capital physique ont un impact significatif et positif sur la croissance économique dans les pays à forte biodiversité marine. Enfin, nos résultats suggèrent que se diversifier dans des domaines situés en dehors de la richesse du capital naturel, en particulier en investissant dans l’éducation et, plus généralement, dans le capital immatériel peut accroître la croissance économique, surtout dans les pays où la biodiversité marine est très élevée. Ce changement structurel peut contribuer à décroitre la pression sur les points chauds de biodiversité marine, principalement à travers la réduction des taux de fécondité à mesure que l’éducation progresse et la diminution de la dépendance à l’égard des exportations du capital naturel à travers les zones côtières.

2018.02
Do Entrepreneurship Policies Work? Evidence from 460 Start-Up Program Competitions Across the Globe

Geoffrey Barrows

Résumé
De nombreuses organisations à travers le monde mettent en œuvre des programmes conçus pour encourager l’entrepreneuriat, y compris des prix, des programmes d’accélérateurs, des incubateurs, etc. L’objectif de ces programmes est de fournir aux entrepreneurs un soutien et une visibilité dès le départ pour les aider à développer des idées et à attirer des capitaux; mais, si les marchés financiers sont efficaces, les bonnes idées devraient trouver du financement de toute façon. Dans cet article, je présente les résultats de la première étude quasi expérimentale à l’échelle mondiale sur la question de savoir si les programmes d’entrepreneuriat améliorent les résultats des jeunes entreprises. J’utilise une discontinuité de régression pour vérifier si les gagnants des concours du programme de démarrage obtiennent de meilleurs résultats ex post que les perdants ; le seuil pour gagner le concours fournit en effet une variation exogène. Avec 460 concours dans 113 pays et plus de 20 000 entreprises concurrentes, je constate que remporter un concours augmente la probabilité de survie de l’entreprise de 64 %, le montant total du financement ultérieur de 260 000 $US et le nombre total d’emplois de 47 %, et améliore aussi d’autres indicateurs de réussite de l’entreprise sur le Web. Ces résultats sont dus aux concours de taille moyenne, et sont obtenus tant dans les pays où les coûts de création d’une entreprise sont faibles que dans les pays où ces coûts sont élevés. Ces résultats donnent à penser que les frictions sur les marchés financiers interdisent effectivement la croissance des ‘jeunes pousses’ dans de nombreuses régions du monde.

2018.01
Unequal vulnerability to climate change and the transmission of adverse effects through international trade

Karine Constant – Marion Davin

Résumé
Dans ce papier, nous considérons la distribution inégale des dommages liés au changement climatique dans le monde. Dans ce contexte, nous examinons comment les coûts associés à la pollution peuvent être transmis d’un pays non-vulnérable à un pays vulnérable à travers le canal du commerce international. Afin de porter notre attention sur les effets indirects des dommages, nous traitons ce sujet dans un modèle de commerce Nord-Sud avec une structure à générations imbriquées, dans lequel le Sud est vulnérable tandis que le Nord ne subit pas de dommage direct. Nous montrons que l’effet du changement climatique dans le Sud peut affecter le bien-être des agents vivant dans le Nord, à court et à long-terme. À long-terme, une hausse de la vulnérabilité du Sud peut réduire le bien-être du Nord, et ce même lorsqu’elle améliore ses termes de l’échange. À court-terme, la vulnérabilité du Sud peut représenter une source d’inéquité intergénérationnelle pour le Nord. Par conséquent, nous mettons en évidence l’intérêt économique pour les pays non-vulnérables, et à fortiori les pays peu vulnérables, de réduire les dommages liés au changement climatique dans les pays les plus sensibles.

2017

2017.31
Transitional Restricted Linkage between Emissions Trading Schemes

A paraître dans Environmental and Resource Economics (2018).

Simon Quemin – Christian de Perthuis

Résumé
Les liaisons entre systèmes d’échange de quotas d’émission sont considérées comme un élément important de la future architecture de politique climatique. Ces liaisons sont cependant difficiles à mettre en place et restent peu nombreuses à ce jour. Des restrictions temporaires à l’échange de quotas ont le potentiel de faciliter l’émergence graduelle du libre échange de quotas. Nous comparons les mérites relatifs de plusieurs restrictions à l’échange sous cet angle ; en particulier, les restrictions quantitatives, les taxes aux frontières, les taux de change, les taux de remise et les liaisons unidirectionnelles. Dans cette optique, nous développons une modélisation simple permettant d’avoir un cadre d’analyse comparée unifié, qui, en conjonction avec des leçons tirées d’expériences réelles, sert de base à une discussion plus générale sur ces différents instruments.

2017.30
Why is price useless to signal environmental quality ?

Alexandre Volle

Résumé
Dans un contexte où la crédibilité de la certification verte est remise en question, le présent document examine le rôle du prix en tant que moyen de communication de substitution, tel qu’il a été largement développé depuis Milgrom et Roberts (1986). L’objectif est d’examiner le comportement de prix d’une entreprise verte concurrente d’une entreprise brune lorsque le bien polluant est vendu sur un marché parfaitement concurrentiel. En raison de l’existence d’une frange concurrentielle brune, la distorsion du prix nécessaire pour signaler un produit vert est trop importante et réduit la demande à zéro. En conséquence, les équilibres mélangeants en prix apparaissent comme les situations les plus plausibles, et l’entreprise brune peut imiter le comportement de prix de l’entreprise verte. Un producteur vert est donc contraint de pratiquer des prix non informatifs qui peuvent conduire au résultat d’Akerlof (1970).

2017.29
A cost-benefit approach for prioritizing invasive species

Publié dans Ecological Economics (2018), 146, 607-620.

Pierre Courtois – Charles Figuières – Chloé Mulier – Joakim Weill

Résumé
Les invasions biologiques entraînent des pertes massives de biodiversité et des impacts économiques justifiant des efforts de gestion importants. Parce que les fonds disponibles pour contrôler les invasions biologiques sont limités, il est nécessaire d’identifier les espèces prioritaires. Ce document examine d’abord les méthodes actuelles de priorisation des espèces invasives et souligne explicitement leurs faiblesses. Nous construisons ensuite un cadre d’optimisation coût-bénéfice qui intègre l’utilité des espèces, leur valeur écologique, leur caractère distinctif et les interactions avec les autres espèces. Ce cadre offre les bases théoriques d’une méthode simple pour la gestion de multiples espèces envahissantes avec un budget limité. Nous fournissons un algorithme pour opérationnaliser ce cadre et rendre explicites les hypothèses requises pour satisfaire un objectif de gestion.

2017.28
Stacking up the Ladder: A Panel Data Analysis of Tanzanian Household Energy Choices

Publié dans World Development (2018), 115, 222-235.

Johanna Choumert – Pascale Combes Motel – Leonard Le Roux

Résumé
Nous utilisons des données d’enquêtes collectées en trois passages entre 2008 et 2013 (Tanzanian National Panel Survey) pour analyser les choix des ménages en matière d’énergie en Tanzanie dont les statistiques de consommation d’énergie reflètent le faible niveau d’industrialisation et de développement. En 2016, seulement 16,9 % des habitants des zones rurales et 65,3 % des habitants des zones urbaines ont accès à l’électricité. Tout d’abord, nous estimons un logit multinomial des choix de combustibles utilisés pour l’éclairage et la cuisine. Ensuite, nous nous intéressons à l’utilisation simultanée de plusieurs combustibles dont nous proposons différentes mesures. Enfin, étant donné que la consommation de combustibles a des impacts différenciés selon le sexe, nous examinons aussi le pouvoir de négociation des femmes dans les choix de combustibles. Nous constatons que l’augmentation des revenus des ménages est fortement associée à une transition vers l’utilisation de combustibles modernes, notamment pour l’éclairage. Cette transition n’est cependant pas conforme à l’échelle énergétique selon laquelle les ménages substituent progressivement les combustibles modernes aux combustibles traditionnels à mesure que leur revenu augmente. Les ménages préfèrent plutôt utiliser un large éventail de combustibles traditionnels et modernes (energy stacking). En Tanzanie, la politique gouvernementale a surtout consisté à raccorder les ménages au réseau électrique. Les avantages sanitaires, environnementaux et sociaux de l’accès aux sources d’énergie modernes peuvent être réduits lorsque le comportement des ménages n’est pas conforme à l’échelle énergétique. Enfin, nous mettons en évidence le rôle du niveau d’éducation des femmes dans les choix énergétiques des ménages.

2017.27
Recycling of a Primary Resource and Market Power: The Alcoa Case

Bocar Samba Ba

Résumé
L’objectif de ce papier est triple. Premièrement, il cherche à analyser l’influence du recyclage sur le pouvoir de marché d’un extracteur qui peut être associé à Alcoa lorsque le secteur de recyclage auquel il est confronté se comporte de façon concurrentielle. Deuxièmement, il tente de déterminer si le pouvoir de marché de l’extracteur est affecté ou non lorsqu’il est soumis à une contrainte de capacité. Troisièmement, il examine l’effet de la structure du secteur de recyclage sur le pouvoir de marché de l’extracteur. Pour explorer ces lignes de recherche, nous avons utilisé un modèle de Cournot où l’extracteur produit l’aluminium sur deux périodes consécutives. A la deuxième période, il est confronté à un secteur de recyclage qui peut se comporter de façon concurrentielle ou non. Nos résultats s’établissent comme suit. (1) Lorsque le secteur de recyclage n’est pas concurrentiel, la quantité recyclée n’affecte pas le pouvoir de marché, de la première période, de l’extracteur mais augmente son pouvoir de marché de deuxième période. (2) Lorsque le secteur de recyclage est concurrentiel, le pouvoir de marché de l’extracteur, de la deuxième période, augmente avec la quantité recyclée mais devient moins élevé en comparaison au cas où le secteur de recyclage n’est pas concurrentiel. Quant au pouvoir de marché de la première période, il peut être plus ou moins élevé, comparé au cas où le secteur de recyclage n’est pas concurrentiel. Par conséquent, il peut augmenter ou diminuer avec la quantité recyclée. (3) Quelle que soit la structure du secteur de recyclage, le pouvoir de marché de l’extracteur, de la première période, augmente davantage lorsque la contrainte de la ressource primaire est saturée. (4) Nous avons, également, montré que le pouvoir de marché de l’extracteur peut augmenter ou diminuer au fil du temps.

2017.26
Polarisation of Eco-Labelling Strategies

Vera Danilina

Résumé
La hausse des inquiétudes d’ordre écologique suscite des discussions animées quant à l’impact de la politique verte dans différents domaines des sciences sociales. Le présent travail de recherche étudie les résultats d’un étiquetage environnemental volontaire, en autarcie et après intégration dans les échanges internationaux, à l’échelle de pays ainsi qu’à l’échelle de producteurs. Il étudie l’impact des deux principaux types d’éco-étiquetage -programmes basés sur critères multiples (ISO type I) et auto-déclarations environnementales (ISO type II) – introduits simultanément pour répondre aux inquiétudes environnementales des consommateurs. Le modèle montre une polarisation en ce qui concerne l’éco-étiquetage: alors que les entreprises les moins productives ont tendance à éviter les stratégies vertes, les entreprises de taille moyenne-inférieure et les plus productives bénéficient d’incitations au verdissement, et les entreprises de taille moyenne-supérieure choisissent les programmes pacte de confiance. Il est également montré que les restrictions volontaires ont des effets substantiels sur la productivité après ouverture aux échanges internationaux, conditionnellement, selon le type d’étiquetage et le degré relatif de conscience environnementale des pays partenaires commerciaux. Le modèle prédit des pertes de productivité du marché moyennes et dans certains segments des gains de productivité pour le pays relativement plus soucieux d’écologie, le contraire s’appliquant au pays relativement moins soucieux d’écologie.

2017.25
Intergenerational equity under catastrophic climate change

Aurélie Méjean – Antonin Pottier – Stéphane Zuber – Marc Fleurbaey

Résumé
Le changement climatique soulève la question de l’équité entre les générations. Le changement climatique est susceptible d’avoir des effets dangereux et irréversibles, et pourrait vraisemblablement conduire à l’extinction de l’espèce humaine. Il s’agirait alors de mettre en regard non plus les consommations actuelle et future, mais la consommation actuelle et l’existence même des générations futures. Pour étudier cette question, nous utilisons un modèle d’évaluation intégrée qui prend en compte le risque d’extinction des générations futures. Nous comparons plusieurs politiques climatiques avec différentes probabilités de catastrophe conduisant à l’extinction, en utilisant une classe de fonctions de bien-être social utilitariste avec population variable. Nous montrons que le risque d’extinction a plus d’influence sur la politique préférée que les dommages climatiques. Nous examinons le rôle de l’aversion à l’inégalité et de l’éthique de la population. En général, une préférence pour une grande population et une faible aversion à l’inégalité conduisent à préférer des politiques climatiques ambitieuses. Cependant, il existe des situations pour lesquelles l’effet de l’aversion à l’inégalité se trouve inversé.

2017.24
Does the Expansion of Biofuels Encroach on the Forest?

Publié dans Journal of Forest Economics (2018), 33, 75-82.

Derya Keles – Johanna Choumert – Pascale Combes Motel – Eric Kere

Résumé
Dans cet article, nous explorons le rôle de la production de biocarburants sur la déforestation dans les pays en développement et émergents. Depuis les années 2000, la production de biocarburants s’est rapidement développée pour répondre aux enjeux du développement économique, de la pauvreté énergétique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cependant, la durabilité des biocarburants est remise en question dans les recherches récentes, notamment au niveau environnemental, en raison de leur impact sur la déforestation et des émissions de GES qu’ils peuvent engendrer du fait des changements d’utilisation des terres. Afin d’isoler l’impact de la production de bioéthanol et de biodiesel parmi les déterminants classiques de la déforestation, nous utilisons un modèle de panel à effets fixes sur la production de biocarburants dans 112 pays en développement et émergents entre 2001 et 2012. Nous constatons une relation positive entre la production de bioéthanol et la déforestation dans ces pays, parmi lesquels nous soulignons la spécificité des pays à revenu intermédiaire supérieur (PRIU). L’accélération des incitations à la production de biocarburants, liée à une volonté de renforcer la sécurité énergétique à partir de 2006, permet de mettre en évidence des impacts marginaux plus importants pour la production de bioéthanol dans le cas des pays en développement et des pays à revenu intermédiaire. Toutefois, ces résultats ne sont pas significatifs avant 2006 pour les pays en développement, et la production de biodiesel semble avoir un impact sur la déforestation avant 2006 pour les deux sous-échantillons. Ces deux derniers résultats semblent surprenants et pourraient être liés au rôle des technologies de production de biocarburants et aux rendements agricoles utilisés dans leur production.

2017.23
Voluntary agreements as correlated equilibria of a subscription game

Anne-Sarah Chiambretto

Résumé
Ce travail présente un jeu de souscription à bien public discret, modifié pour représenter les incitations qui sous-tendent la participation de n firmes à un accord volontaire (AV) environnemental. Je suppose que l’AV est préventif, c’est-à-dire qu’il émerge pour éviter la mise en place d’une régulation contraignante. Je propose un dispositif de corrélation pour augmenter le nombre de firmes participantes, formalisé comme un équilibre corrélé (EC). Les équilibres de Nash (EN) en stratégies pures et mixtes du jeu sans le dispositif de corrélation sont caractérisés. Je trouve non seulement qu’un tel dispositif résout le problème de la multiplicité des équilibres en permettant aux firmes de se coordonner sur n’importe quel EN, mais aussi qu’il permet d’atteindre un niveau de bien-être agrégé plus grand. À la caractérisation de l’EC optimal du jeu d’AV suit une étude comparative d’efficacité de l’ensemble des équilibres identifiés. L’impact du niveau de sévérité de la menace et du nombre de joueurs est analysé. Enfin, les résultats généraux sont illustrés sur un exemple de modèle de réduction de la pollution.

2017.22
Logging Concessions, Certification & Protected Areas in the Peruvian Amazon: forest impacts from combinations of development rights & land-use restrictions

Jimena Rico – Stephanie Panlasigui – Colby J. Loucks – Jennifer Swenson – Alexander Pfaff

Résumé
Les activités économiques (agriculture, exploitation forestière, exploitation minière) sont à l’origine de la perte des forêts tropicales, si bien que l’équilibre entre le développement et la conservation implique des compromis – ainsi que des synergies. Les politiques de conservation, telles que les aires protégées (AP), peuvent sauver davantage de forêts lorsqu’elles incluent certains droits de développement (Pfaff et al. 2014). L’effet semble moins fort quand des politiques de développement, telles que des concessions forestières, incluent certaines obligations de conservation. Le droit à l’exploitation forestière incite les entreprises privées à défendre leurs actifs forestiers, bien que les entreprises puissent augmenter ou réduire les pertes forestières en fonction de leurs capacités de défense, de leurs motivations à exploiter et de la supervision publique. La réduction des pertes peut être récompensée par une certification volontaire ou une tierce partie qui surveille les pratiques d’exploitation forestière, dont l’impact, selon nous, dépend des motivations des entreprises et de leur capacité à limiter les pertes. Nous examinons les impacts des droits et des restrictions dans l’Amazonie péruvienne entre 2000 et 2013, en éliminant les biais liés à l’emplacement et aux années. Comparativement à un groupe de contrôle sans concessions forsestières et en dehors des AP, nous trouvons que les AP réduisent la perte de couvertures d’arbres – tandis que les AP qui incluent les droits de développement conservent plus de forêts que les AP strictes, pour chaque région. Les concessions forestières réduisent la perte forestière à Madre de Dios, mais elles augmentent la perte à Ucayali. La certification n’a un impact – réduction de 1 % en 2000-2013 des pertes forestières – que sur Madre de Dios, ce qui correspond bien à l’idée que dans cette zone les entreprises privées choisissent de limiter les pertes.

2017.21   Prix FAERE 2017 du meilleur article de jeunes économistes
Beyond perfect substitutability in public good games: heterogeneous structures of preferences

Marion Dupoux

Résumé
La littérature sur les jeux de bien public est très axée sur la séparabilité additive de la valeur du bien privé et de la valeur du bien public. Pourtant, la structure additive sous-tend une substituabilité parfaite entre les biens privés et publics, ce qui constitue une forte hypothèse. Cet article examine l’effet des structures de paiements / préférences sur les contributions au bien public dans le cadre d’une experience en laboratoire de contributions volontaires, dans des groupes homogènes et hétérogènes. Lorsque les biens sont considérés comme de parfaits substituts, les sujets agissent en tant que passager clandestin plus souvent lorsqu’ils interagissent avec des sujets de l’autre type (complémentarité entre les biens) pour qui il est optimal de contribuer. L’introduction d’une telle hétérogénéité peut fournir une méthode d’identification des passagers clandestins. Néanmoins, une aversion aux inégalités avantageuses se degage également pour ces mêmes sujets. Cela signifie que lorsque les biens sont substituables, les sujets ont tendance à ne pas apprécier de gagner trop par rapport au membre de leur groupe dont les gains sous-tendent de la complémentarité, une structure plus contraignante.

2017.20
Institutional determinants of protest responses in stated preference studies

Victor Champonnois

Résumé
Le contexte institutionnel est un déterminant important des réponses dites « zéro de protestations » dans les questionnaires de préférences déclarées. La plupart des questionnaires étant conduits sur un lieu et à un temps donné, le contexte institutionnel ne varie pas, empêchant toutes conclusions sur son effet sur le comportement de protestation. De plus, bien que l’importance du contexte institutionnel sur le choix du véhicule de paiement ait été suspectée, il n’existe aucune étude sur la manière dont leur interaction affecte le taux de protestations. Cet article essaye de répondre à ces manques en utilisant des méta-données sur des études de préférences déclarées pour des biens environnementaux, ainsi que des variables institutionnelles. Les résultats montrent que les variables institutionnelles sont des déterminants significatifs du taux de protestation, mais il n’y pas de preuve que le choix du véhicule de paiement affecte différemment la probabilité de protester selon le contexte institutionnel.
Dans la littérature sur les préférences déclarées, l’effet du contexte institutionnel sur les réponses dites « zéros de protestations » est à éclaircir. Cet effet devrait varier en fonction de la méthode d’identification et du choix de véhicule de paiement. Cet article propose des réponses en utilisant des méta-données sur des études de préférences déclarées pour des biens environnementaux, ainsi que des variables institutionnelles. Les résultats montrent que les variables institutionnelles sont des déterminants significatifs du taux de protestation, mais il n’y pas de preuve que le choix du véhicule de paiement affecte différemment la probabilité de protester selon le contexte institutionnel.

2017.19
Do climatic events influence internal migration ? Evidence from Mexico

Vincente Ruiz

Résumé
Un nombre croissant d’études suggère que les mouvements de population sont influencés par des changements dans la qualité environnementale, ainsi que par les tendances climatiques. Dans cet article, je fournis une analyse des effets des facteurs climatiques sur la migration interne au Mexique. En particulier, je concentre mon travail sur le rôle des sécheresses et des inondations. Mes résultats montrent que les inondations ainsi que les sécheresses agissent comme facteurs d’incitation à la migration interne.

2017.18
Combining Rights and Welfarism: a new approach to intertemporal evaluation of social alternatives

Publié dans Social Choice and Welfare (2018), 50(1), 35-54.

Ngo Van Long – Vincent Martinet

Résumé
Nous proposons un nouveau critère reflétant à la fois le souci des droits et le souci du bien-être dans l’évaluation des sentiers de développement économique. La préoccupation pour les droits est saisie par une structure de préférences envers des combinaisons de seuils de divers indicateurs quantitatifs. Les contraintes sont interprétées comme des droits minimaux à garantir à toutes les générations. Les niveaux de ces droits sont choisis de façon endogène, en tenant compte du coût en termes de bien-être. Un tel critère pourrait incarner l’idée du développement durable. Nous caractérisons la tension entre droits et bien-être dans un cadre économique général. Nous appliquons le critère au modèle de Dasgupta-Heal-Solow. Nous montrons que si le poids accordé aux droits dans le critère est suffisamment élevé, la solution optimale se situe sur la frontière des seuils. Le chemin de développement est alors « piloté » par les droits. Plus précisément, si une consommation minimale est considérée comme un droit, la consommation constante peut être optimale même avec un taux d’actualisation positif. Dans ce cas, la valeur implicite du droit joue un rôle important dans la détermination du taux d’actualisation à appliquer aux projets d’investissement social.

2017.17
The importance of considering optimal government policy when social norms matter for the private provision of public goods

Guy Meunier – Ingmar Schumacher

Résumé
La pression sociale peut aider à surmonter le problème de passagers clandestins associé à la fourniture de biens publics.
Dans la littérature sur les normes sociales traitant de la fourniture privée de biens publics, il semble y avoir une croyance implicite selon laquelle il est préférable que tous les agents adhèrent à la « bonne » norme sociale. Nous contestons cette opinion et étudions la politique gouvernementale optimale dans un modèle de référence (Rege, 2004) de prestation de services d’intérêt public et d’approbation sociale dans un contexte dynamique. Nous discutons du problème avec l’argument standard d’éviction et d’encombrement et nous analysons la relation avec la taxe Pigouvienne. Nous montrons que même si l’adhésion complète à la norme sociale maximise le bien-être social, il n’est pas nécessairement optimal de pousser la société vers cette norme. Nous soulignons les différents rôles de l’externalité sociale et le problème du bien public.
Nous discutons du rôle du coût des fonds publics et montrons comment il peut créer une dépendance à l’égard des trajectoires, une multiplicité d’équilibres optimaux et des trajectoires optimales, et discutons du rôle de l’instabilité. Nous soutenons qu’il faut faire preuve d’une extrême prudence lors de la formulation des politiques et que les résultats ultérieurs dépendront entièrement de cette formulation.

2017.16
A simple method to study local bifurcations of three and four-dimensional systems : characterizations and economic applications

Publié dans Mathematical Social Sciences (2019), 97, 38-50.

Stefano Bosi – David Desmarchelier

Résumé
Nous développons les conditions nécessaires et suffisantes pour détecter les bifurcations locales dans les systèmes dynamiques de dimension 3 et 4 en temps continu. Nous caractérisons non seulement les conditions d’occurrence de bifurcations de codimension 1, mais aussi celles concernant les bifurcations de codimension 2. Notre méthode est générale et très simple à utiliser. Pour illustrer cette simplicité, nous développons deux applications à l’économie de l’environnement, l’une en dimension 3, l’autre en dimension 4, que nous complétons par des simulations.

2017.15
The impact of renewable versus non-renewable natural capital on economic growth

Laura Recuero Virto – Denis Couvet

Résumé
Cet article examine si le capital naturel est un déterminant robuste de la croissance économique, en analysant la contribution directe et indirecte du capital naturel renouvelable et non renouvelable. Notre hypothèse est que le capital naturel renouvelable peut avoir un impact plutôt indirect mais plus important sur la croissance économique que le capital naturel non renouvelable, en particulier à travers le bien-être humain. En revanche, le capital naturel non renouvelable peut être une source de richesse financière immédiate, mais peut avoir des effets sociaux et environnementaux négatifs. Pour tester cette hypothèse, nous utilisons de données sur 83 pays pour la période 1960-2009 pour comparer la pertinence des théories « proximales  » et « fondamentales » pour expliquer la croissance économique. Nous trouvons un impact négatif indirect de la part du capital naturel renouvelable dans la richesse sur la croissance économique à travers le bien-être humain et plus précisément le taux de croissance démographique et la fécondité. C’est particulièrement le cas pour les pays ayant des niveaux de développement humain plus élevés. En revanche, la part du capital naturel non renouvelable dans la richesse a un impact direct positif sur la croissance économique dans les pays où l’inégalité des revenus est plus faible et la qualité institutionnelle plus élevée. Cette constatation reflète l’effet de l’accumulation de capital dans l’économie domestique, lorsque les contraintes de capacité sont assouplies. Enfin, les pays ayant un revenu par habitant plus élevé, un développement humain plus élevé et une qualité institutionnelle plus élevée ont une part plus élevée du capital naturel renouvelable par habitant, bien qu’ils aient également une part plus faible du capital naturel renouvelable dans la richesse. Un tel résultat souligne que le capital naturel renouvelable est très nécessaire pour les personnes (par habitant), c’est donc une préoccupation principale pour les pays développés, bien que ce capital contribue moins à la richesse et à la croissance économique dans ces pays. Nos résultats mettent en question la façon dont la «richesse» et la croissance économique sont définies dans l’économie lorsque l’effet du capital naturel est examiné.

2017.14
Can a hazardous event be another source of poverty traps?

Can Askan Mavi

Résumé
Ce travail vise à présenter une autre explications pour les trappes de développement en présence du risque endogène d’événement abrupt. On montre que les politiques d’adaptation et de mitigation ont des effets différents sur l’émergence des trappes de développement ; quand la première suscite une trappe de pauvreté, la deuxième l’évite. Par conséquent, on met en évidence un nouveau compromis entre la politique d’adaptation et de mitigation autre que le compromis dynamique habituel traité dans plusieurs travaux. (Zemel (2015), Tsur and Zemel (2015)), qui est crucial pour les pays en développement. Nos simulations numériques montrent qu’une économie se trouvant dans une trappe de pauvreté adopte une politique d’exploitation agressive des ressources naturelles quand elle fait face à un risque plus élevé d’événement abrupt. Pourtant, l’économie dans le bon équilibre devient plus prudente concernant l’exploitation des ressources naturelles.

2017.13
Does the literature support a high willingness to pay for green label buildings? An answer with treatment of publication bias

Publié dans Revue d’économie politique (2018), 128(5), 1013-1046.

Florian Fizaine – Pierre Voye – Catherine Baumont

Résumé
La place majeure occupée par le secteur du bâtiment dans la consommation d’énergie (40%) et les émissions de gaz à effet de serre (1/3 des émissions) explique le développement du débat scientifique axé sur la réduction de l’impact environnemental du bâtit et sur ses leviers. Ces dernières années ont notamment vu croitre une littérature considérable relative à la disposition à payer du public pour les bâtiments « verts » labélisés par des écolabels, cette « valeur verte » étant estimée dans la grande majorité des études via des modèles hédoniques. Dans cet article, nous proposons d’offrir une synthèse de ces résultats dans le cadre d’une méta-analyse portant sur plus d’une cinquantaine d’études à travers le monde. Deux résultats sont produits. Grâce à un modèle à effets aléatoires multi-niveaux et une régression MCO pondérée robuste au regroupement, nous fournissons tout d’abord une estimation moyenne ainsi qu’un intervalle de confiance du premium de prix concédé par les agents économiques (prix de vente) pour accéder à un bâtiment vert. Cette estimation nous permet de corroborer l’intérêt et la pertinence économique de l’investissement dans la rénovation du bâtiment. Toutefois, un important biais de publication semble affecter cette thématique et sa correction amène à une division par deux de la valeur verte immobilière (de 8 à 4 %). Ensuite, nous analysons les facteurs susceptibles d’être à la source de la dispersion des résultats via une méta-régression basée sur différents modérateurs (type de publication, période d’analyse et zone géographique de l’échantillon, technique économétrique employée…). Divers tests statistiques et méthodes alternatives de sélection sont également réalisés pour étayer la robustesse de ces résultats. Nous terminons par un certain nombre de recommandations à destination des recherches futures permettant une meilleure comparabilité des résultats ainsi que par des suggestions aptes à éclairer l’efficacité des politiques publiques visant la soutenabilité du secteur du bâtiment.

2017.12
Spatial Analysis of Emissions in Sweden

Publié dans Energy Economics (2017), 168, 383-394.

George Marbuah – Franklin Amuakwa-Mensah

Résumé
Ce papier contribue à une littérature émergente sur la relation de la courbe de Kuznets environnementale (EKC) entre la pollution et le revenu au niveau local en analysant les émissions de dioxyde de carbone (CO2), de dioxyde de soufre (SO2), d’oxydes d’azote (NOX), de monoxyde de carbone (CO), les particules (PM2,5 et PM10) et les particules totales en suspension (TSP). Nous effectuons plusieurs tests spatiaux statistiques et économétriques pour tenir compte de la dépendance spatiale entre 290 municipalités suédoises sur les émissions sélectionnées. Les résultats mettent en évidence que la relation pollution-revenu est significativement caractérisée par les effets d’interaction spatiale. C’est-à-dire que les émissions par habitant de la municipalité sont fortement influencées par les trajectoires d’émissions dans les municipalités voisines. Les implications de nos conclusions sur la politique sont discutées.

2017.11
Towards a less vulnerable and more sustainable development : heritage tourism in island economies

Natalia Zugravu-Soilita – Vincent Geronimi – Christine Le Gargasson – Jessy Tsang King Sang

Résumé
Pour de nombreuses petites économies insulaires (PEI), le tourisme international représente une source essentielle de croissance. Cependant, du point de vue de la vulnérabilité et de la soutenabilité de leur trajectoire de développement, cette spécialisation économique n’est pas nécessairement possible ni souhaitable pour chaque PEI. Nous supposons l’existence de relations non linéaires entre la spécialisation touristique, la vulnérabilité et la soutenabilité. En utilisant l’analyse de régression sur panel, nous montrons que le tourisme international réduit la vulnérabilité et augmente la soutenabilité—mesurée par l’épargne véritable—à des niveaux intermédiaires de spécialisation touristique. En revanche, la vulnérabilité augmente et la soutenabilité diminue lorsque les niveaux de spécialisation touristique sont inférieurs [supérieurs] à certains seuils, qui s’avèrent être deux fois moins [plus] élevés pour les économies insulaires par rapport aux autres pays du monde. Nous supposons que le degré de différenciation des services touristiques (par la mobilisation du patrimoine naturel et / ou culturel) devrait modérer l’effet de la spécialisation touristique sur la vulnérabilité et la soutenabilité. Les résultats empiriques montrent que le tourisme basé sur le patrimoine est une des stratégies les plus soutenables pour les îles dont le développement économique s’appuie fortement sur les activités touristiques. Des stratégies touristiques alternatives sont discutées sur la base de nos résultats empiriques et quelques études de cas illustratives.

2017.10
Assessing the sustainability of optimal pollution paths in a world with inertia

Publié dans Environmental Modeling and Assessment (2018), https://doi.org/10.1007/s10666-018-9612-8.

Marc Léandri – Mabel Tidball

Résumé
La plupart des modèles formels de contrôle optimal de la pollution assument une capacité d’assimilation naturelle constante, malgré les preuves biophysiques que cette fonction environnementale peut être dégradée par des effets de feedback, comme c’est le cas avec la réduction des puits de carbone océaniques dans le cadre du changement climatique. Les quelques modèles qui prennent cette dégradation en considération le font en établissant une relation bijective entre le stock de pollution et la capacité d’assimilation, ignorant ainsi le mécanisme d’inertie en jeu. En effet, le niveau de capacité d’assimilation n’est pas seulement déterminé par le niveau courant du stock de pollution mais par l’historique de ce stock et par le temps que l’écosystème est demeuré au-dessus du seuil de dégradation. Nous proposons un instrument d’évaluation de la soutenabilité des trajectoires de pollution optimale dérivées du modèle benchmark lorsque l’inertie du processus de dégradation de la capacité d’assimilation est prise en compte. Nos simulations montrent une forte sensibilité à la vitesse de dégradation ainsi qu’au taux d’actualisation.

2017.09
Smart Grids and Renewable Electricity Generation by Households

Prudence Dato – Tunç Durmaz – Aude Pommeret

Résumé
L’objectif de cet article est d’étudier l’investissement d’un ménage en matière d’énergies renouvelables intermittentes et de dispositifs de stockage d’énergie. L’apport de notre modèle provient de la flexibilité qu’ont les ménages de vendre (acheter) de l’électricité au réseau électrique ou de stocker de l’énergie produite grâce aux équipements d’énergie renouvelable. Nous étudions, pour un ménage, les conséquences de la gestion de la demande en considérant trois niveaux d’équipement dans les réseaux intelligents. Le premier niveau concerne la possibilité de vendre de l’électricité au réseau électrique, ce qui peut être obtenu de manière relativement simple par le “comptage net ». Le deuxième niveau s’intéresse à l’installation de compteurs intelligents. Le troisième niveau considère le stockage de l’énergie. Nous analysons les décisions d’investissement du ménage en matière de système photovoltaïque et de stockage de l’énergie, ainsi que les conséquences du stockage d’énergie et des compteurs intelligents pour la consommation de l’électricité et l’achat d’électricité au réseau électrique. En outre, nous étudions l’opportunité de l’installation d’un compteur intelligent par le ménage et les implications des mesures de restriction qui évitent la congestion. Nos résultats indiquent que l’instauration de des prix dynamiques, qui devraient encourager les ménages à utiliser efficacement le réseau électrique, et par conséquent, à économiser de l’énergie, peut conduire à une plus grande dépendance du réseau électrique. Ainsi, la structure tarifaire doit être soigneusement planifiée.

2017.08
Can Land Fragmentation Reduce the Exposure of Rural Households to Weather Variability?

Publié dans Ecological Economics (2018), 154, 42-51.

Stefanija Veljanoska

Résumé
Le changement climatique a des conséquences néfastes pour les agriculteurs africains. A cause de l’absence d’infrastructure d’irrigation, leur production dépend « fortement » de l’intensité des pluies. Par ailleurs, du fait de leurs imperfections, le recours aux marchés de crédit et d’assurance pour se protéger des aléas climatiques est rare dans ces économies. Bien que la fragmentation des terres soit souvent considérée comme un obstacle à la productivité agricole, cet article vise à analyser si cette stratégie peut réduire le degré d’exposition des agriculteurs aux intempéries. Afin de mener cette analyse, nous utilisons des données d’enquêtes, Living Standards Measurement Study-Integrated Surveys on Agriculture (LSMS-ISA), sur l’ Ouganda établies par la Banque Mondiale. Après avoir traité le problème de l’endogénéité de la fragmentation des terres, nous montrons qu’une fragmentation des terres plus importante diminue la part des rendements lorsque les ménages font face à des variations de précipitation. Par conséquent, les décideurs politiques devraient être prudents avec les programmes de consolidation des terres.

2017.07
Environmental Policy and Human Capital Inequality: A Matter of Life and Death

Publié dans Journal of Environmental Economics and Management (2018), https://doi.org/10.1016/j.jeem.2018.04.009.

Karine Constant

Résumé
Cet article analyse les implications économiques d’une politique environnementale passant par le canal de l’espérance de vie d’agents hétérogènes. Dans un cadre où tout le monde souffre de la pollution mais l’état de santé des individus dépend également de leur niveau de capital humain, je trouve que l’économie peut être piégée dans une trappe où les inégalités ne cessent d’augmenter au fil des générations, en particulier lorsque l’intensité de la pollution est grande. De plus, de telles inégalités s’avèrent coûteuses pour l’économie à long terme, notamment en termes de santé et de croissance. Je montre que l’augmentation d’une taxe sur la production polluante, combinée avec un investissement en dépollution, peut permettre à une économie d’échapper à la trappe à inégalités tout en améliorant la croissance de long terme, lorsque les inégalités en capital humain ne sont pas trop élevées initialement.

2017.06
Intertemporal Abatement Decisions under Ambiguity Aversion in a Cap and Trade

Simon Quemin

Résumé
Nous étudions les décisions d’abattement intertemporelles d’une firme averse à l’ambiguïté couverte par un marché de permis. L’aversion à l’ambiguïté est introduite pour prendre en compte la prévalence d’incertitude réglementaire dans les marchés de permis existants. L’ambiguïté porte sur le prix de marché des permis et sur la demande de permis de la firme. L’aversion à l’ambiguïté distord l’efficience intertemporelle et induit deux effets : une distorsion pessimiste des croyances en faveur des situations ‘défavorables’ et un changement du facteur d’actualisation. L’allocation de permis n’est pas neutre et les décisions d’abattement intertemporelles de la firme ne dépendent pas seulement des futurs prix de marché espérés mais aussi des futures positions de marché espérées du point de vue de la firme. En particulier, le pessimisme conduit la firme qui s’attend à être courte (longue) à sur-abattre (sous-abattre) tôt par rapport à l’efficience intertemporelle. Nous montrons qu’il existe une incitation générale au sur-abattement précoce, qui est d’autant plus marquée sous allocation par enchères que sous allocations gratuites.

2017.05
Investment in Energy Efficiency, Adoption of Renewable Energy and Household Behaviour: Evidence from OECD countries

Version révisée 01.2018
Publié dans The Energy Journal (2018), 39(3), 213-245.

Prudence Dato

Résumé
Il existe des synergies possibles entre la décision d’investir dans des mesures d’efficacité énergétique et l’adoption d’énergies renouvelables, en ce sens que les premières réduisent la demande d’énergie de manière à ce que les secondes peuvent encore réduire les émissions futures de gaz à effet de serre (GES), ce qui présente un grand potentiel dans le secteur résidentiel. Dans le secteur résidentiel, de nombreux travaux ont été réalisés sur la demande d’énergie propre et sur l’investissement dans l’efficacité énergétique. Toutefois, à notre connaissance il n’y a aucune étude spécifique qui étudie l’interaction entre les deux décisions. Cet article comble cette lacune dans la littérature et montre théoriquement dans un premier temps, qu’il existe des relations de substitution ou de complémentarité entre les deux décisions en fonction d’un seuil relatif à l’effet croisé lié à la motivation environnementale du consommateur. Dans un second temps, le modèle théorique est suivi par une analyse empirique des interactions entre les deux décisions. Nous montrons que les deux décisions sont positivement liées entre elles en raison de caractéristiques non observées qui déterminent les deux décisions. Troisièmement, le document présente l’impact différentiel de la pauvreté énergétique, du problème des incitations séparées, des caractéristiques du logement, de l’engagement et de la confiance sur les deux décisions. Enfin, le document examine les caractéristiques des ménages qui influent considérablement sur l’adoption conjointe de technologies d’efficience énergétique et d’énergies renouvelables. Cette contribution peut servir à définir des politiques incitatives pour faire progresser la transition énergétique.

2017.04
The Biofuel-Development Nexus: A Meta-Analysis

Publié dans Ecological Economics (2018), 147, 230-242.

Johanna Choumert – Pascale Combes Motel – Charlain Guegang

Résumé
Bien que la production de biocarburants ait augmenté ces dernières années, la littérature sur son impact sur la croissance et le développement trouve des résultats contradictoires. Cet article présente une méta-analyse des études d’équilibre général calculable publiées entre 2006 et 2014. A partir de 26 articles, nous mettons en lumière les raisons pour lesquelles les résultats diffèrent. Nous étudions des facteurs tels que le type de biocarburants, la zone géographique et les caractéristiques des modèles. Nos résultats indiquent que les résultats des simulations en MEGC sont sensibles aux paramètres des modèles. Ils suggèrent également de grandes disparités entre les pays développés / émergents et les pays d’Afrique subsaharienne.

2017.03
Sustainability of an economy relying on two reproducible assets

Robert D. Cairns – Stellio Del Campo – Vincent Martinet

Résumé
L’évaluation de la durabilité d’une société nécessite un système de valeurs implicites dérivées de l’objectif de durabilité. En tant que première étape vers la dérivation de telles valeurs implicites pour un objectif maximin, cet article étudie une économie composée de deux actifs renouvelables, chacun produisant l’un des deux biens de consommation. L’effet de la substituabilité entre les deux biens dans l’utilité est étudié en supposant, l’une après l’autre, une substituabilité marginale néoclassique décroissante, une parfaite substituabilité et une parfaite complémentarité. Le degré de substituabilité a de forts impacts sur la solution maximin ; il affecte la régularité ou la non-régularité du programme et les valeurs implicites. Cela a d’importantes conséquences sur le calcul de l’épargne véritable et sur les perspectives de durabilité des générations futures.

2017.02
Natural cycles and pollution

Publié dans Mathematical Social Sciences (2018), 96, 10-20.

Stefano Bosi – David Desmarchelier

Résumé
Dans ce papier, nous étudions la solution de marché d’un modèle à la Ramsey où une externalité polluante, émanant des activités de production, affecte une ressource naturelle renouvelable qui impacte la demande de consommation. Une taxe proportionnelle, levée au niveau de la production, est introduite pour financer des dépenses publiques de dépollution.
À long terme, deux états stationnaires peuvent coexister, l’un avec un niveau de ressource bas, l’autre avec un haut niveau de ressource. Il apparait qu’une taxe plus forte réduit le niveau de ressource de l’état stationnaire bas donnant naissance à un Green Paradox (Sinn, 2008). De plus, la taxe verte peut accroître le bien-être à l’état stationnaire haut ce qui n’est jamais le cas à l’état stationnaire bas. Par ailleurs, pour ce dernier, il est optimal de réduire la taxe verte autant que possible. À l’inverse, il existe un unique taux de taxe optimal à l’état stationnaire haut.
À court terme, les états stationnaires peuvent entrer en collision et disparaitre au travers d’une bifurcation saddle-node. Si la consommation et la ressource naturelle sont des biens substituables pour le ménage représentatif, un cycle limite peut apparaître au voisinage de l’état stationnaire haut. À l’inverse, ce type de cycles n’apparait jamais au voisinage de l’état stationnaire bas et ceci, quel que soit l’effet de la ressource sur la demande de consommation. Pour terminer, en nous concentrant sur les bifurcations de codimension deux, nous avons mis en évidence la possible occurrence d’une bifurcation de Bogdanov-Takens.

2017.01
Exploitation and Recycling of Rare Earths

Bocar Samba Ba – Raphaël Soubeyran

Résumé
Nous étudions le cas de l’exploitation de ressources épuisables tels que les terres rares et le phosphore. Nous utilisons un modèle standard d’exploitation d’une ressource épuisable à la Hotelling qui considère un secteur primaire et un secteur de recyclage. Nous montrons que, lorsque le secteur primaire est concurrentiel, le prix de la ressource recyclable augmente au fil du temps. Ce résultat est en porte à faux avec ce qui se passe dans le cas des biens durables où le prix optimal est soit décroissant, soit suit une forme en « U ». Nous proposons ensuite une nouvelle explication de la possible baisse du prix d’une ressource épuisable: lorsque le secteur primaire se comporte comme un monopole, le producteur de la ressource primaire à une incitation à retarder son activité de production dans le but de retarder le recyclage. Par conséquent, le prix de la ressource recyclable suit une forme en « U ». Nous montrons aussi que l’amélioration de la technologie du secteur de recyclage augmente le prix dans le court terme mais le diminue dans le long terme.

2016

2016.30   Prix FAERE 2016 du meilleur article de jeunes économistes
Common Resources Management and the « Dark Side » of Collective Action : an Impact Evaluation for Madagascar’s Forests

Sébastien Desbureaux

Résumé
A sufficient level of collective action between community members is often presented as a strong pre-requisite to sustainably governing local common property resources (CPR).
What if in some contexts instead, strong collective action led to short-term depletion of CPR instead of their sustainable use ? This paper brings to light causal evidence on the environmental impact of establishing community-managed forests in Madagascar and highlights the complexities underlying collective action in their sustainable management. I compile fine-scale deforestation data over 15 years, use a unique spatial census of locally managed CPR and mobilize firsthand field data from four case studies to show that transferring management rights to local communities has failed to decrease deforestation. Instead, the policy has led to an increasein deforestation in some areas, often when collective action was strong, not when it was weak. This is what I call the possible « dark side » of collective action.

2016.29
Phasing out the U.S. Federal Helium Reserve: Policy insights from a world helium model

Published in Resource and Energy Economics (2018), 54, 186-211.

Olivier Massol – Omer Rifaat

Résumé
Ce document s’intéresse aux modalités de mise en œuvre de la fermeture annoncée de la US Federal Helium Reserve (FHR), un important stock stratégique constitué par le gouvernement fédéral des Etats-Unis pendant la guerre froide, et à ses conséquences sur le marché mondial de l’hélium. Nous proposons un modèle numérique de type équilibre partiel qui représente de manière détaillée cette industrie. Dans ce modèle, les producteurs d’hélium et la FHR sont les joueurs d’un jeu dynamique. Nous construisons quatre scénarios représentatifs des évolutions possible de l’offre et de la demande d’hélium et comparons pour chacun d’eux, deux politiques alternatives visant à organiser la fermeture de la FHR : la cessation au plus tôt actuellement mise en œuvre par le gouvernement fédéral américain dans le cadre du 2013 Helium Stewardship Act et un mandat plus souple permettant une cessation progressive des activités de la FHR au cours des vingt prochaines années. Les résultats des simulations indiquent que, par rapport à la politique actuelle, le mandat souple améliore systématiquement le profit obtenu par l’état fédéral américain tout en réduisant le volume d’hélium émis dans l’atmosphère. Par ailleurs, ce mandat souple s’avère préférable du point du bien-être social mondial dans trois des quatre scénarios.

2016.28
Merchants of Doubt: Corporate Political Influence when Expert Credibility is Uncertain

Mireille Chiroleu-Assouline – Thomas P. Lyon

Résumé
L’un des rôles clés des organisations non gouvernementales (ONG) d’expertise scientifique est de contribuer à la transmission des connaissances scientifiques aux législateurs. Cependant, il a pu être récemment constaté que des groupes d’intérêt favorables aux intérêts industriels tentent souvent de saper la crédibilité de telles ONG et d’affaiblir leur capacité à influencer le processus de décision politique. Afin d’étudier les mécanismes par lesquels une entreprise peut avec profit créer le doute sur l’information scientifique, nous mettons en œuvre un modèle de signal dans lequel des groupes d’intérêt se livrent au lobbying alors que le législateur subit des coûts fixes de prise de décision de politique économique. Le premier repose sur un processus de persuasion bayésienne dans le but de faire passer l’ONG pour un groupe extrémiste radical dont le lobbying n’est pas crédible. Le second passe par la création d’un think tank qui peut offrir son propre témoignage sur les sujets scientifiques nécessitant des décisions de régulation. Nous montrons que la firme préfère que le think tank ne se comporte pas de façon modérée et crédible mais qu’il prenne de temps en temps des positions radicales, non-crédibles. Nous identifions les conditions pour lesquelles l’un des mécanismes est préféré à l’autre.

2016.27
The role of conflict for optimal climate and immigration policy

Fabien Prieur – Ingmar Schumacher

Résumé
Cet article analyse le lien entre changement climatique, immigration et conflit et s’intéresse à la conception des politiques publiques migratoires et d’atténuation dans un cadre théorique.

2016.26
Global warming as an asymmetric public bad

Louis-Gaëtan Giraudet – Céline Guivarch

Résumé
Nous proposons une extension du modèle de jeu dynamique appliqué au réchauffement climatique visant à intégrer les faits stylisés suivants : (i) alors que la plupart des pays s’apprêtent à subir des dommages, certains vont tirer des bénéfices à court terme ; (ii) la vulnérabilité des pays au réchauffement est peu corrélée à leur capacité d’atténuation du problème ; (iii) certaines technologies d’adaptation, comme la climatisation, peuvent aggraver le réchauffement. Ces asymétries ajoutent un problème de « conducteur clandestin » au problème classique de « passager clandestin ». L’extension proposée crée la possibilité d’une atténuation excessive en régime non coopératif. De plus, elle restreint le champ des améliorations de Pareto possibles sans transferts. Enfin, elle peut motiver une différenciation des prix pigouviens par pays.

2016.25
The land use change time-accounting failure

Marion Dupoux

Résumé
Le changement d’affectation des sols (CAS) constitue la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre induits par l’homme après les énergies fossiles. Ce papier soulève les impacts de la considération temporelle uniforme des CAS, au sein des politiques d’énergie, sur l’évaluation économique de projets. Ce biais d’évaluation provient à la fois de : (i) la règle classique d’Hotelling employée pour les prix du carbone comme si la problématique du changement climatique reposait strictement sur les mêmes principes que les énergies non-renouvelables et (ii) le profil temporel des impacts des CAS pris comme constants au cours du temps au sein des principales politiques énergie (RED, RFS2). Tout d’abord, l’évolution temporelle des prix du carbone devrait s’appuyer sur deux éléments supplémentaires propres au changement climatique, à savoir l’absorption naturelle du carbone et l’incertitude, ce qui implique un éloignement de la règle standard d’Hotelling. Ensuite, la conversion d’un usage de terres en un autre génère une dynamique du carbone décrite comme décroissante au cours du temps par la littérature en biologie. A l’aide d’un modèle théorique, je montre que l’emploi de l’annualisation uniforme (comme dans la politiques énergie européenne notamment) dans une analyse coût-bénéfice, entraîne une évaluation incorrecte de projets liés aux CAS lorsque les prix du carbone dévient de la règle d’Hotelling.
Celle-ci accentue à la fois l’effet « écrasant » du taux d’actualisation et la hausse du prix du carbone, que ce soit le type d’impact (émission u séquestration). Ce cadre est appliqué ensuite aux impacts sur le réchauffement global du bioethanol en France pour lesquels le biais induit par l’annualisation uniforme est calculé. En particulier, les temps de retour de la profitabilité du carbone sous l’approche uniforme ne reflètent pas l’investissement carbone effectif des CAS. Ceci modifie potentiellement les conclusions relatives à l’atteinte des objectifs environnementaux imposés par les politiques énergie.

2016.24
L’économicisation de la nature, réalités historiques et mythes contemporains

Publié dans Revue économique (2018), 120-146.

Harold Levrel – Antoine Missemer

Résumé
Il est fréquent d’entendre dans le débat public et scientifique que l’économie, en investissant les sujets environnementaux, a fini par aliéner l’essence même de la nature, vue désormais comme un ensemble de biens, de services et de capitaux à préserver, voire à faire fructifier, sans égard pour les dimensions extra-économiques et symboliques qu’elle revêt. Cette économicisation de la nature s’exprimerait à travers des mécanismes de monétarisation, de privatisation et de marchandisation regrettables. Sans doute ces phénomènes sont-ils bien réels. Ils méritent néanmoins d’être examinés de près pour constater d’une part qu’ils ne sont pas nouveaux dans l’histoire des rapports homme-nature, et pour souligner d’autre part qu’ils entrent en concurrence avec des logiques de dés-économicisation de la nature, qu’il s’agit aussi de prendre en compte aujourd’hui. Notre contribution a donc pour ambition d’éclaircir le débat, en distinguant ce qui relève de la réalité et ce qui relève davantage du mythe dans cette économicisation de la nature, en soulignant que cette dernière n’est ni nouvelle, ni irréversible, ni univoque et qu’elle ne semble pas indéfectiblement liée à l’essor du(néo)libéralisme.

2016.23
Effect of gold mining on income distribution in Ghana

George Adu – Franklin Amuakwa-Mensah – George Marbuah – Justice Tei Mensah

Résumé
Cet article examine l’effet de l’exploitation minière sur le revenu des ménages et le bien-être et comment ces effets sont répartis sur différents quantiles de revenu et de bien-être. En utilisant les trois séries les plus récentes des Ghana Living Standards Surveys ainsi que des informations sur la localisation des mines d’or au cours des années d’enquête, nous avons estimé l’influence d’habiter dans une région minière, sur le revenu brut réel, le revenu du travail et les dépenses réelles (un proxy du bien-être) des ménages, en utilisant des modèles de moyenne et de régression quantile. Nous trouvons des preuves solides de l’effet négatif de l’exploitation minière sur le revenu et le bien-être des ménages. Nos résultats indiquent également que l’effet de réduction des revenus dus à l’activité minière pèsent lourdement sur les ménages au bas de la répartition des revenus. Dans le cas du bien-être des ménages, la révélation intéressante de notre résultat est que l’effet négatif de l’exploitation minière affecte en grande partie les deux extrémités inférieures et supérieures de la distribution du bien-être, le fardeau étant beaucoup plus lourd à l’extrémité la plus basse par rapport à la plus élevée. Notre papier, donc, fournit de nombreuses preuves que l’activité minière ne réduit pas seulement le revenu et le bien-être, mais qu’elle provoque aussi de nouvelles augmentations des inégalités dans la répartition des revenus et du bien-être.

2016.22
Pollution and infectious diseases

Publié dans International Journal of Economic Theory (2018), 14(4), 351-372.

Stefano Bosi – David Desmarchelier

Résumé
Des résultats empiriques récents soulignent l’impact négatif de la pollution sur l’offre de travail. Cette relation est expliquée par deux mécanismes : (1) la pollution modifie l’arbitrage travail-loisir en dégradant les conditions de travail (effet incitatif) ; (2) un environnement pollué promeut la propagation d’épidémies en affectant le système immunitaire des ménages (effet santé). Bosi et al. (2015) ont exploré les conséquences macroéconomiques qu’implique l’effet incitatif. En particulier, ces auteurs ont démontré qu’il pouvait générer l’apparition de fluctuations endogènes. Le présent papier se concentre, quant à lui, sur l’effet santé en développant un modèle à la Ramsey dans lequel une maladie infectieuse se propage. L’étude de la dynamique locale révèle que l’impact environnemental de la production peut générer l’apparition de cycles limites au voisinage de l’état stationnaire endémique. Plus précisément, au voisinage de cet état stationnaire, le système économique peut subir l’apparition d’une bifurcation transcritique suivie par deux bifurcations de Hopf.

2016.21
Un modèle de décroissance optimale

Publié dans Ecological Economics (2017), 136, 266-281.

Marc Germain

Résumé
Dans le cadre d’un modèle de croissance à la Ramsey avec ressource naturelle et pollution et reposant sur les postulats de l’économie écologique, ce papier étudie les effets de politiques de décroissance volontaire sur la production et le bien-être. L’instrument de ces politiques est une taxe prélevée sur la ressource naturelle. Ces politiques sont appliquées par les pouvoirs publics suite au retournement de la fonction d’utilité des ménages induit par l’augmentation de la pollution.
Par rapport à la situation de laissez-faire, leur résultat est à la fois de réduire la production et la pollution d’une part, et d’accroître le bien-être d’autre part.
Une réaction plus tardive des autorités publiques suite au retournement de la fonction d’utilité des ménages implique que la taxation de la ressource naturelle doit être plus élevée pendant les premières périodes. Si la préférence pour le futur des autorités est plus grande, alors les gains d’utilité dus à la politique de décroissance sont moindres pour les premières générations de la dynastie et supérieurs pour les suivantes. L’impact du progrès technique économisant la ressource ou améliorant le traitement de la pollution est également analysé.

2016.20
Bring Back Our Light: Power Outages and Industrial Performance in Sub-Saharan Africa

Justice Tei Mensah

Résumé
Les coupures d’électricité sont devenues une caractéristique de nombreuses économies d’Afrique sub-saharienne. Ce papier tente d’étudier les impacts micro et macroéconomiques de pannes d’électricité par l’estimation des effets sur les revenus et la productivité des entreprises et sur la croissance de la production des secteurs manufacturiers et industriels. En outre, j’évalue l’impact de l’auto-génération pour atténuer les effets des pénuries d’électricité sur les performances des entreprises en utilisant une approche quasi-expérimentale. Les résultats de l’analyse révèlent des effets négatifs importants des pénuries d’électricité sur les revenus et la productivité des entreprises comme sur la croissance de la production de l’industrie manufacturière et des secteurs industriels. Enfin, contrairement à l’idée que l’auto-génération peut être utile aux entreprises pendant les périodes de panne, nos données suggèrent que le recours à l’auto-génération est associé à des pertes de productivité malgré des gains de revenus à court terme.

2016.19
The actual impact of shale gas revolution on the U.S.manufacturing sector

Yassine Kirat

Résumé
Cet article étudie l’avantage comparatif procuré par la révolution du gaz de schiste des États-Unis à leur secteur manufacturier. Nous estimons la réponse de différentes variables économiques du secteur manufacturier américain avec des modèles dynamiques de données de panel qui permettent d’obtenir une réponse de chaque secteur en fonction de son intensité énergétique. Nous montrons que la baisse du prix relatif du gaz naturel aux Etats-Unis par rapport à l’Europe a conduit à une augmentation de l’activité industrielle d’environ 2%. Nous montrons également que les exportations se sont accrues de 0,86% et que les importations ont décru de 1,11%. Nous mettons en outre en évidence l’existence de breaks structurels dans la relation entre les prix du gaz naturel et les importations et exportations. Globalement, nous en concluons que la révolution des gaz de schiste a permis l’expansion de certains secteurs industriels sans pour autant avoir eu un effet important sur le secteur manufacturier dans son ensemble.

2016.18
An evaluation of French municipal solid waste pricing system

Houévoh Amandine Gnonlonfin

Abstract
Cette étude évalue les effets « prévention » et « substitution » des trois taxes du système de tarification incitative de la gestion des déchets municipaux en France. Nous avons estimé les élasticités des quantités de déchets municipaux collectés et traités dans les filières de recyclage des matières, de compostage, de l’incinération avec et sans récupération d’énergie, de l’enfouissement et de la mise en décharge. Pour cela, nous avons utilisé les données départementales issues des enquêtes « collecte » 2005-2011 de l’ADEME. L’utilisation des modèles en panel et de Heckman two-step a permis de contrôler les biais d’endogénéité et de sélection liés aux décisions des collectivités locales quant aux technologies de traitement et aux taxes incitatives. Les résultats montrent une complémentarité des trois taxes française à savoir la Redevance incitative, la Responsabilité Élargie du Producteur et la Taxe Générale sur les Activités Polluantes ; avec une primauté de l’effet de la Redevance sur la demande des ménages et une primauté de l’effet de la Responsabilité Élargie du Producteur sur la sélection de la technologie de traitement au niveau des collectivités locales.

2016.17
Climate agreements in a mitigation-adaptation game

Publié dans Journal of Public Economics (2018), 165, 101-113.

Basak Bayramoglu – Michael Finus – Jean-François Jacques

Résumé
Nous étudions l’interaction stratégique entre les stratégies de l’atténuation du changement climatique (bien public) et de l’adaptation au changement climatique (bien privé). Nous montrons que ces deux stratégies sont des substituts stratégiques en considérant différentes définitions de substituabilité. Par ailleurs, l’adaptation peut donner naissance à des situations où les efforts d’atténuation des pays ne sont plus des substituts mais des compléments stratégiques. Nous analysons les conditions sous lesquelles ces complémentarités conduisent à des accords climatiques auto-renforçant signés par un nombre important de signataires. Nos résultats peuvent s’étendre à de multiples problèmes d’externalité impliquant les biens publics.

2016.16
Trade in environmental goods and sustainable development: What are we learning from the transition economies’ experience?

Publié dans Environmental Economics and Policy Studies (2018), 20(4), 785-827.

Natalia Zugravu-Soilita

Résumé
Dans cette étude, nous analysons les effets causaux de l’intensité des échanges internationaux de biens environnementaux (BE) sur la pollution de l’air et de l’eau, en traitant les variables de commerce, de politique environnementale et de revenu comme endogènes. Nous estimons un système d’équations simultanées de forme réduite sur des données de panel, de 1995 à 2003, pour les pays en transition de la Communauté des États Indépendants et de l’Europe Centrale et Orientale. Nos résultats empiriques suggèrent que, bien que l’intensité des échanges de BE (liste agrégée) réduit les émissions de CO₂ principalement grâce à un effet indirect passant par le revenu, ce type de commerce augmente la pollution de l’eau (l’effet négatif induit par le revenu ne permettant pas de compenser intégralement l’effet positif direct d’échelle-composition). Aucun effet significatif sur les émissions de SO 2 n’est trouvé pour le commerce total de BE. En plus des effets divergents selon la nature des polluants, les résultats apparaissent sensibles à la classification des BE : technologies et produits moins polluants, produits/équipements «en bout de chaîne», produits préférables pour l’environnement, etc. Par exemple, un double bénéfice —environnemental et économique— n’est trouvé que pour le commerce de technologies et produits moins polluants dans les modèles expliquant les émissions de gaz à effet de serre. Des résultats intéressants sont discutés séparément pour les importations et les exportations de différentes catégories de BE. Dans l’ensemble, nous ne pouvons pas valider l’urgence d’une libéralisation globale et uniforme des échanges de BE dans une perspective de développement durable. Des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux, prenant en compte les priorités spécifiques des États, pourraient agir comme des blocs-constructeurs vers une libéralisation globale de BE, réalisée séquentiellement.

2016.15
Environmental Incentives: Nudge or Tax?

Benjamin Ouvrard – Sandrine Spaeter

Résumé
Nous considérons un modèle dans lequel les individus peuvent volontairement contribuer afin d’améliorer la qualité environnementale. Ces individus diffèrent dans leur confiance accordée au régulateur concernant le risque de pollution qu’il annonce, modélisé par un modèle d’UDR, et dans leur sensibilité environnementale. Nous comparons l’efficacité d’une taxe pour augmenter le niveau des contributions individuelles avec les avantages d’un nudge basé sur l’annonce de la contribution optimale à chacun des individus. Sous certaines conditions, un nudge peut induire un niveau de contributions plus élevé, car la réaction individuelle dépend directement de la sensibilité environnementale, alors que la réaction à une taxe ne dépend qu’indirectement de la sensibilité. De plus, un nudge ne nécessite pas de connaître des informations concernant les contributions privées, contrairement à une taxe basée sur les contributions non fournies par rapport à l’optimum social. Enfin, la mise en place d’un nudge est moins coûteuse. Cependant, certains défauts des nudges sont discutés. Des simulations illustrent nos résultats.

2016.14
Interaction between CO2 emissions trading and renewable energy subsidies under uncertainty: feed-in tariffs as a safety net against over-allocation

Publié dans Climate Policy (2019), 18(9), 1002-1018.

Oskar Lecuyer – Philippe Quirion

Résumé
Nous étudions les interactions entre un système de quotas échangeables d’émissions de CO2 (ETS) et une subvention aux énergies renouvelables, en présence d’incertitude sur la demande d’électricité et les coûts. Tout d’abord, nous montrons que dans la plupart des ETS en place dans le monde, l’incertitude a suscité une surallocation (définie comme un plafond d’émissions supérieur aux émissions qui auraient eu lieu en l’absence d’ETS), au moins pendant un temps.
Nous développons ensuite un modèle analytique et un modèle numérique appliqué au marché de l’électricité de l’Union européenne, où les subventions aux énergies renouvelables ne sont justifiées que par la réduction des émissions de CO2. Nous montrons que dans ce contexte, si l’incertitude est faible, les subventions aux énergies renouvelables ne sont pas justifiées, mais si l’incertitude est assez grande, ces subventions augmentent le bien-être espéré, car elles réduisent les émissions de CO2 même en cas de surallocation.
La source d’incertitude est importante lorsque l’on compare les différents types de subventions aux énergies renouvelables. En cas d’incertitude sur la demande d’électricité, sur le coût des énergies renouvelables ou sur le prix du gaz, un tarif d’achat apporte un bien-être espéré supérieure à une prime fixe, car il fournit une subvention plus élevée quand c’est réellement nécessaire, c’est-à-dire lorsque le prix de l’électricité est faible. En cas d’incertitude sur le prix du charbon, le résultat inverse est vrai. Ces résultats apportent un éclairage nouveau sur le remplacement de tarifs de rachat par des primes, qui a lieu en ce moment en Europe.

2016.13
Willingness to pay for environmental quality and social capital influence in Sweden

George Marbuah

Résumé
La reconnaissance croissante du capital social comme un paramètre important nécessaires pour façonner le comportement pro-environnement et les attitudes est bien établi dans la littérature et continue de retenir l’attention des décideurs politiques, des universitaires et des citoyens dans de nombreuses juridictions. Dans cet article, nous contribuons à ce volet de la littérature en étudiant la mesure dans laquelle les différents éléments de la tendance de capitaux sociaux influences public suédois à contribuer financièrement ou par des changements de style de vie afin de protéger l’environnement. Utilisant les données de la dernière vague du Programme international Enquête sociale (ISSP) sur l’environnement en 2010, nous explorons de manière empirique le lien entre la volonté des individus à payer (CAP) et l’influence du capital social en utilisant un modèle logistique ordonné. Les résultats montrent que, les individus en Suède sont assez disposés à payer pour l’environnement et que cette décision est principalement et fortement influencé par les éléments du capital social. En particulier, nous trouvons des résultats assez solides pour montrer que la confiance sociale et institutionnelle, l’appartenance à un groupe environnemental parmi les activités de participation civique connexes et le respect des normes environnementales impact significatif sur la probabilité de la décision des individus à sacrifier vers la durabilité environnementale en payant plus élevé des taxes environnementales, les prix ou par niveau de rajustements de vie.

2016.12
How useful are (Censored) Quantile Regressions for Contingent Valuation? Evidence from a flood survey

Victor Champonnois – Olivier Chanel

Résumé
Nous étudions l’intérêt des régressions quantiles (QR) et régressions quantiles censurées (CQR) pour l’analyse des données issues d’évaluations contingentes (CV). En effet, bien que les estimateurs (C)QR ont plusieurs propriétés intéressantes pour l’évaluation contingente, la littérature est peu développée puisqu’elle ne comprend que six études. Nous procédons en trois étapes. D’abord nous exposons les raisons pour lesquelles les (C)QR peuvent contribuer à résoudre plusieurs problèmes économétriques associés aux données d’évaluation contingente. Ensuite des simulations de Monte Carlo étudient les performances des (C)QR par rapport aux modèles standards (linéaire et censuré). Enfin, nous appliquons ces quatre modèles à une évaluation contingente française traitant du risque d’inondation. Bien que nos résultats montrent l’utilité des régressions quantiles pour l’analyse des données d’évaluation contingente, ils ne permettent pas de conclure sur l’intérêt des estimateurs CQR par rapport aux estimateurs QR.

2016.11
The determinants of household’s flood mitigation decisions in France – evidence of feedback effects from past investments

Publié dans Ecological Economics (2017), 131, 342-352.

Claire Richert – Katrin Erdlenbruch – Charles Figuières

Résumé
Dans cet article, nous étudions les déterminants de la lutte individuelle contre les inondations en France. Nous avons mené une enquête auprès de 331 habitants de deux zones inondables et recueilli des données sur plusieurs questions, comme l’atténuation individuelle contre les inondations, la perception du risque, l’expérience du risque, et les caractéristiques socio-démographiques. Nous estimons des modèles de choix discrets pour expliquer les mesures de précaution mises en place par le ménage, et aussi l’intention de prendre de telles mesures. Nous testons la robustesse de la Protection Motivation Theory (PMT) en France ; nous discutons de son champ d’application et nous questionnons l’existence d’effets de rétroaction des investissements passés sur les intentions de protection. Nos résultats confirment que la PMT est un cadre pertinent pour décrire les mécanismes de lutte contre les inondations privée en France, en soulignant en particulier l’importance de l’évaluation de la menace, de l’expérience de la menace, et de l’adaptation. Certaines caractéristiques socio-démographiques sont également importantes pour expliquer l’atténuation privée des inondations. Nos résultats corroborent aussi la présence d’effets de rétroaction, qui suggèrent que la mise en place de mesures de précaution réduit la perception du risque d’inondation. L’existence de ces effets de rétroaction implique que les mesures envisagées, plutôt que celles mises en œuvre, devraient être examinées pour explorer davantage les déterminants de la lutte privée contre les inondations.

2016.10
From Primary Resources to Useful Energy: The Pollution Ceiling Efficiency Paradox

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux

Résumé
On étudie une économie produisant des services énergétiques à partir d’une ressource fossile polluante et d’une ressource renouvelable non-polluante sous une contrainte portant sur la concentration atmosphérique en carbone, de manière équivalente portant sur la température admissible. Les taux de transformation des sources d’énergie primaire en énergie utile sont des variables endogènes coûteuses. Choisir d’accroître les taux de conversion suppose de recourir à des procédés plus sophistiqués, partant plus coûteux. Nous montrons qu’indépendamment du progrès technique, le long d’un équilibre concurrentiel en prévisions parfaites qui est aussi Pareto optimal, le taux de transformation de toute ressource effectivement exploitée doit croître au cours du temps, excepté lorsque la contrainte carbone est active, une conclusion que nous appelons le « paradoxe du plafond carbone ».

2016.09
La transition énergétique est-elle favorable aux branches à fort contenu en emploi ? Une approche input-output pour la France

Publié dans Revue d’économie politique (2017), 127(5), 851-887.

Quentin Perrier – Philippe Quirion

Résumé
Dans le débat public sur la transition énergétique en France, l’emploi occupe une place prépondérante. Nous calculons, pour l’économie française en 2010, le contenu en emploi et en gaz à effet de serre des différentes branches, c’est-à-dire le nombre d’emplois et de tonnes-équivalent-CO2 par million d’euros de demande finale.Nous utilisons pour cela le tableau entrées-sorties au niveau le plus désagrégé disponible (64 branches). Nous développons et appliquons ensuite une méthodologie originale pour décomposer les écarts de contenu en emploi entre branches en cinq facteurs: le taux d’importations de produits finaux, le taux d’importations de consommations intermédiaires, les taux de taxes et subventions, les niveaux de salaire et la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée. Enfin, nous étudions certaines substitutions inter branches qui découleraient d’une transition énergétique visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

2016.08
Trade and fisheries subsidies

Publié dans Journal of International Economics (2018), 112, 13-32.

Basak Bayramoglu – Brian R. Copeland – Jean-François Jacques

Résumé
Les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce ont tenu compte des subventions à la pêche dans le cycle de négociations commerciales de Doha. Cet article présente un modèle simple qui montre les difficultés d’atteindre un accord sur les subventions à la pêche. Habituellement, les externalités internationales créent des incitations aux exportateurs pour négocier des réductions des subventions: la subvention d’un pays aggrave les termes à l’échange des autres exportateurs. Ces incitations peuvent ne pas exister dans le cas des pêcheries pour 3 raisons. D’abord, si les stocks de poissons sont très réduits, la subvention d’un pays réduit son offre de poissons de long terme. Ceci augmente le prix des poissons et donc bénéficie aux autres pays exportateurs de poissons. Deuxièmement, si les gouvernements utilisent d’autres politiques pour gérer les stocks de poissons, alors les modifications de subvention ne peuvent pas affecter les prises et par conséquent ne peuvent pas générer des effets sur les prix internationaux. Et troisièmement, même si les gouvernements ont été contraints de réduire les subventions à la pêche, peu d’effets réels sont attendus car les gouvernements seraient tentés d’affaiblir d’autres régulations visant le secteur de la pêche.

2016.07
Precautionary Storage in Electricity Markets

Tunç Durmaz

Résumé
Puisque la production d’énergie renouvelable dépend de chocs météorologiques, sa croissance récente a rendu la production totale d’énergie plus risquée, et a accru l’intérêt porté au stockage. Dans cet article, nous nous intéressons au motif de précaution pour le stockage, en nous appuyant sur une utilité marginale convexe (prudence) et un coût marginal convexe (frugalité). Nous construisons un modèle théorique simple et montrons que la prudence et la frugalité peuvent favoriser le stockage. Sous l’hypothèse de marchés concurrentiels, nous montrons de plus que ces deux éléments conduisent à une augmentation du prix de l’énergie, en raison d’une plus forte demande de stockage, et à une réduction de la volatilité de ce prix. Les résultats confirment que le motif de précaution a d’importants impacts directs et indirects sur les prix et la production d’énergie.

2016.06
Energy Tax Reform in Time of Crisis : The Case of Energy-Dependent and Open Economies

Emmanuel Combet

Résumé
Le renchérissement de l’énergie est à la base de l’efficacité des politiques visant la bonne gestion des systèmes énergétiques et l’atténuation des dommages environnementaux associés. Ce renchérissement peut néanmoins causer des pertes économiques sur une période de transition, lorsque les substitutions techniques n’ont pas encore pu se déployer. Ce papier analyse les conséquences d’une hausse du prix relatif de l’énergie par rapport au travail sur la production agrégée et l’emploi. Cette hausse prend la forme d’une substitution marginale des prélèvements obligatoires sur le travail par de la fiscalité énergétique. Nous développons un modèle d’équilibre général représentant une économie ouverte, en situation de sous-emploi, et fortement dépendante aux énergies importées. Ce modèle est suffisamment simple pour ne pas restreindre l’analyse au voisinage d’un optimum. Nous montrons comment l& #039;évaluation des conséquences pour la production et l’emploi est sensible au jeu de paramètres décrivant 1) le fonctionnement de l’économie (la réaction des salaires domestiques au chômage, et l’effet sur le commerce extérieur de la variation des coûts de production), et 2) l’état initial de l’économie (les consommations d’énergie, le prix d’importation des énergies, les niveaux de chômage et de salaires, les prélèvements sur le travail et l’énergie). Lorsque l’économie domestique ne bénéficie pas d’avantage comparatif ‘hors coûts’ importants (la condition de Marshall-Lerner est vérifiée), l’effet est positif indépendamment des autres paramètres. Lorsque cette condition n’est pas vérifiée, l’effet est positif uniquement lorsque les salaires s’ajustent de façon à compenser les hausses de factures énergétiques, et ainsi, soutenir la demande intérieure.

2016.05
Groundwater Overdraft, Electricity, and Wrong Incentives: Evidence from Mexico

Vicente Ruiz

Résumé
La surexploitation d’eau menace la viabilité d’un nombre croissant de nappes phréatiques au Mexique. La quantité excessive d’eau souterraine extraite par les activités agricoles, en s’appuyant sur des méthodes d’irrigation, a contribué de manière importante à cette problématique. L’objectif de cet article est d’analyser, à partir d’une approche structurelle, l’effet des changements du prix de l’eau souterraine sur l’utilisation de différents facteurs de production. En utilisant une combinaison de plusieurs sources de micro-données, ainsi que d’une fonction de coût du type Translog, je propose un modèle pour la technologie des producteurs qui font face à la surexploitation des nappes phréatiques. Les résultats de cette analyse montrent que l’élasticité-prix de l’eau souterraine pour l’échantillon analysé est -0,54. Par ailleurs, ces résultats montrent également que suite à un changement dans le prix de l’eau souterraine, la main-d’oeuvre et l’engrais peuvent réagir comme substituts de l’eau souterraine.

2016.04
The nature and impacts of environmental spillovers on housing prices: A spatial hedonic analysis

Publié dans Revue d’économie politique (2016), 126(5), 921-945.

Masha Maslianskaia-Pautrel – Catherine Baumont

Résumé
L’article s’intéresse à la dimension spatiale des effets environnementaux. Nous utilisons des avancées récentes de l’économétrie spatiale pour montrer que l’interprétation des estimations hédoniques en tant que prix implicit des attributs des logements dépend de la spécification du modèle spatiale. Notamment, le prix implicit combine un effet feedback et un effet de propagation et peut être interprété en termes de spillovers locaux et globaux. Nous construisons un modèle empirique de l’espace estuarien ligérien, un espace rural et urbanisé avec des zones naturelles et des espaces plus artificialisés. Nous étudions différents schémas d’interaction spatiale pour tester la robustesse de nos estimations. Cette analyse suggère que les schémas basés sur la distance inverse et de petits voisinages aboutissent à des estimations stables. Ce résultat est également cohérent avec un comportement des ménages qui s’intéressent dans leur recherche à la comparaisons avec des maisons plus proches et limitent les zones d’investigation. Comme attendu, l’impact positif est concentré sur les attributs traditionnels comme la proximité au front de mer et les endroits calmes. Au contraire, la présence de zones humides de différents types a un impact négative probablement à cause de risques (d’inondation et d’autres) associé avec cette proximité. En outre, si les quartiers urbanisés sont plus appréciés par les ménages, c’est plutôt parce que les zones rurales le sont moins que pour les aménités urbaines elles-mêmes.

2016.03
Preferences and pollution cycles

Stefano Bosi – David Desmarchelier – Lionel Ragot

Résumé
Nous étudions le sentier de croissance concurrentiel d’une économie à la Ramsey où la pollution (externalité négative) affecte à la fois la demande de consommation et l’offre de travail des ménages. La pollution y est introduite comme une variable de stock avec une forte persistance au cours du temps. Dans la littérature, des situations d’indétermination locale apparaissent lorsque la pollution prend la forme d’un flux. Dans notre modèle, lorsque la pollution augmente la demande de consommation (effet de compensation), tout en réduisant l’offre de travail (effet loisir), des équilibres multiples apparaissent au voisinage de l’état stationnaire (indétermination locale) au travers d’une bifurcation de Hopf (cycle limite). Ce résultat surprenant s’explique par la présence de l’effet loisir qui rend le processus d’accumulation de la pollution plus volatile.

2016.02
Climate variability and infectious diseases nexus: evidence from Sweden

Publié dans Infectious Disease Modelling (2017), 2(2), 203–217.

Franklin Amuakwa-Mensah – George Marbuah – Mwenya Mubanga

Résumé
Dans cet article, nous évaluons empiriquement des prédictions fondées sur un modèle théorique qui relie changement climatique et santé. En utilisant les données suédoises sur les maladies infectieuses, nous estimons la relation de causalité entre la variabilité du climat et des mesures de la santé. En règle générale, nous constatons que le nombre de patients et les admissions à l’hôpital sont significativement influencées par des indicateurs du changement climatique et des variables socio-économiques tels que le revenu et le nombre d’immigrants. L’effet de la température sur la santé est ambigu et sensible à la mesure de température choisie (hivernale, estivale, ou en moyenne annuelle). Les précipitations expliquent le nombre de patients et les admissions seulement lorsque l’on utilise la température estivale. De plus, les émissions carbonées jouent un rôle significatif en été. Enfin, la relation entre santé et revenu par tête suit une courbe en U inversée.

2016.01
Adaptation and mitigation are not enough: turning to emissions reduction abroad

Publié dans Environmental and Resource Economics (2016), 68(4), 875–891.

Aude Pommeret – Alain Ayong Le Kama

Résumé
Dans cet article, nous étudions la dynamique de long terme du mix optimal entre adaptation et atténuation en présence d’un seuil de pollution au-dessus duquel l’adaptation n’est plus efficace. Les accumulations du capital d’atténuation, des GES et du capital d’adaptation sont prises en compte afin de mieux appréhender l’arbitrage entre investissement en atténuation et investissement en adaptation. Les dommages de la pollution sont issus de la consommation dans le pays domestique mais proviennent aussi des émissions du reste du monde (RDM). Un seuil de pollution est alors introduit, au-dessus duquel l’adaptation n’est plus efficace. Nous obtenons que si ce seuil est inférieur au niveau de pollution d’état stationnaire, il n’est pas possible pour l’économie de l’éviter. En particulier, une telle situation apparaît si les émissions du RDM sont importantes. L’étape suivante consiste à introduire un autre instrument permettant de réduire l a pollution du RDM ie. un instrument réduisant les émissions étrangères tel que le MDP par exemple. Nous obtenons que le MDP peut être un moyen d’éviter le seuil de pollution au-delà duquel l’adaptation est inutile.

2015

2015.21
A Tale of Two Diversities

Chloé Mulier – Pierre Courtois – Charles Figuières

Résumé
Une gestion efficace de la biodiversité vise à allouer les efforts de conservation afin de maximiser la diversité. Définir un critère de diversité est cependant loin d’être trivial ; il n’y a pas un, mais plusieurs indices qui peuvent être utilisés comme mesures de la biodiversité. Ce travail élicite et compare deux critères pour la conservation in situ de la biodiversité. Ces critères sont dérivés de deux indices de biodiversité, chacun issus de disciplines différentes : celui de Weitzman en économie et celui de Rao en écologie. Les deux indices combinent différemment des éléments d’information sur : (1) la probabilité de survie des espèces, et (2) les dissimilitudes entre espèces. Afin de réellement disposer de critères de protection in situ, il nous faut ajouter une autre couche d’information sur (3) les interactions écologiques entre les espèces. Dans un écosystème simple à trois espèces, nous montrons que le choix d’un critère ou l’autre a des implications politiques, car ils offrent parfois des recommandations de protection divergentes. Nous démêlons le rôle joué par les éléments (1), (2) et (3) dans le classement, ce qui nous permet de mettre en évidence certaines spécificités des indices in situ. Par exemple, toutes choses égales par ailleurs, le classement in situ de Weitzman tend à favoriser les espèces « robustes », tandis que le classement in situ de Rao donne la priorité aux espèces « fragiles ».

2015.20
Optimal Timing of Carbon Capture Policies under Learning-by-doing

Publié dans Journal of Environmental and Economics Management (2016), 78: 20-37.

Jean-Pierre Amigues – Gilles Lafforgue – Michel Moreaux

Résumé
A l’aide d’un modèle standard de gestion de ressources « à la Hotelling », nous caractérisons les sentiers optimaux d’utilisation de trois options énergétiques : le charbon « sale » (non-renouvelable et émetteur de CO2), le charbon « propre » (également non-renouvelable mais rendu propre grâce au captage et au stockage du carbone (CSC)) ; et l’énergie solaire (renouvelable et non-émettrice de CO2). En outre, nous imposons un seuil maximal exogène que ne peut dépasser la concentration atmosphérique de carbone. En considérant les effets d’apprentissage dans la technologie du CSC, nous montrons les résultats suivants : i) L’utilisation de charbon propre ne peut commencer avant l’atteinte du plafond de concentration et doit cesser avant la fin de la période où cette contrainte agit sur la société ; ii) Le prix de l’énergie peut évoluer de façon non-monotone au cours du temps ; et iii) Lorsque le coût du solaire est suffisamment bas, peut apparaître une séquence inédite dans l’ordre de déploiement des différentes options énergétiques, où l’utilisation du solaire cède temporairement la place à l’exploitation de charbon propre.

2015.19
Environmental regulation with and without commitment under irreversible investments

Jean-Philippe Nicolaï

Résumé
Cet article étudie les décisions d’investissement sur le long terme des entreprises soumises à une taxe sur les émissions et exerçant un pouvoir de marché sur le marché des produits. Les entreprises investissent dans des équipements de long terme permettant de réduire les émissions. Le papier compare la régulation environnementale avec et sans engagement. Dans le cas avec engagement, le gouvernement annonce la taxe sur les émissions et les entreprises décident alors de leur niveau d’investissement. Dans le cas sans engagement, le régulateur annonce un niveau de taxation mais est libre de le modifier une fois que les entreprises ont investi. Nous déterminons si une régulation sans engagement conduit à une régulation plus ou moins contraignante que dans le cas avec engagement.

2015.18
Climate element of migration decision in Ghana: Micro Evidence

Franklin Amuakwa-Mensah

Résumé
Il y a peu d’études empiriques pour éclairer le débat actuel sur l’impact du climat et de l’environnement sur les migrations. Ce travail étudie l’impact du climat sur les migrations en comparant les deux recensements de 2005/2006 et 2012/2013 au Ghana, en corrigeant les biais de sélection par la méthode en deux étapes due à Heckman. Les décisions de migration sont supposées dépendre des conditions climatiques locales. Les résultats montrent que les facteurs socio-économiques comme les gains anticipés, la taille du ménage, l’éducation, le secteur d’emploi, et d’autres variables, ainsi que les variables climatiques, influencent significativement la décision individuelle de migrer. La savane côtière et les zones de forêt attirent plus de migrants que les zones de savane du nord du pays; et la probabilité de migrer vers les premières est plus grande à la marge. Ces effets sont renforcés par les variables climatiques. La migration peut ainsi être considérée comme une stratégie d’adaptation en réponse aux changements actuels vers des températures plus élevées et des précipitations plus faibles.

2015.17
L’information préventive améliore-t-elle la perception des risques ? Impact de l’Information Acquéreur Locataire sur le prix des logements

Amélie Mauroux

Résumé
Cette étude évalue l’impact de l’obligation « d’information acquéreur locataire » (IAL) sur les prix immobiliers et sur la perception des risques naturels des habitants des zones exposées. La date de mise oeuvre de l’obligation d’IAL, le 1er juin 2006, est utilisée comme un choc xogène sur l’information des cheteurs immobiliers quant à l’exposition aux risques des ogements. Un modèle de prix hédoniques en différence de ifférences est estimé sur une ase de données unique roisant les transactions mmobilières en 2006 issues e bases notariales et la artographie des zonages èglementés exposés aux isques des Plans de révention des Risques aturels. Les communes dans e périmètre de l’étude sont outes soumises à un seul plan de Prévention des risques portant sur les nondations. Cette étude porte donc uniquement sur l’application de l’IAL pour le risque inondation.
Les résultats indiquent que la mise en place de l’IAL a accru la proportion de ménages informés, ce qui s’est traduit, toutes choses égales par ailleurs dans les communes soumises à un Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRi), par une baisse des prix au mètre carré de certains des biens soumis à l’IAL par rapport à des biens similaires mais en dehors du périmètre des PPRi. C’est le cas notamment des appartements en rez-de-chaussée ou situés dans une commune touchée par une catastrophe naturelle l’année précédant la vente. La mise en place de l’obligation d’IAL a également réduit la probabilité de vendre à des personnes ne résidant pas sur le lieu d’achat, et donc vraisemblablement moins bien informées auparavant.

2015.16
The Long-Run Impact of Biofuel on Food Prices

Publié dans The Scandinavian Journal of Economics (2017), 119(3), 733-767..

Ujjayant Chakravorty – Marie-Hélène Hubert – Michel Moreaux – Linda Nostbakken

Résumé
Plus de 40% du maïs US est maintenant utilisé pour produire des biocarburants qui servent de substitut à l’essence dans les transports. On a reproché aux biocarburants d’avoir provoqué des hausses des prix des biens alimentaires et de nombreuses études ont montré que les politiques énergétiques des Etats-Unis et de l’Union Européenne ont eu un impact important (30 – 60 %) sur les prix de ces biens. Dans cet article, nous utilisons un modèle d’équilibre partiel pour montrer que les effets de demande (la croissance de la population, une plus grande appétence pour la viande et les produits laitiers induite par la croissance des revenus, au détriment des céréales) jouent un rôle aussi important dans la hausse des prix des biens alimentaires que les politiques pro-biocarburant. Nous spécifions un modèle ricardien dans lequel les terres sont de qualités différentes et nous trouvons qu’on devrait s’attendre à une extension significative des terres exploitées, ce qui permettra probablement une hausse modérée des prix des biens alimentaires. Cependant la plus grande consommation de biocarburants peut causer un accroissement des émissions de carbone à l’échelon mondial du aux fuites de consommation de pétrole vers les pays sans politique pro-biocarburant, permise par des prix du pétrole plus bas et aux conversions à la culture de pâturages et de forêts.

2015.15
Climate damages on production or on growth: what impact on the social cost of carbon

Publié dans Environmental Modeling & Assessment (2018), 23(2), 117-130.

Céline Guivarch – Antonin Pottier

Résumé
Des modèles d’évaluation intégrée (IAM) ont récemment introduit la possibilité que les dommages du changement climatique portent sur la croissance et non plus sur la production, ce qui était l’hypothèse traditionnelle depuis les travaux de Nordhaus. Selon les résultats de ces nouvelles études, les dommages sur la croissance conduisent à une valeur sociale du carbone (VSC) plus importante.Dans cet article, nous ré-examinons l’effet de la forme des dommages sur la VSC en introduisant une mesure du niveau total de dommages.
Avec un modèle simple intégrant l’économie et le climat, nous comparons trois spécifications des dommages climatiques: des dommages quadratiques sur la production, des dommages linéaires sur la croissance et des dommages quadratiques sur la croissance.Lorsque l’on considère des niveaux de dommages égaux, des dommages sur la croissance ne conduisent pas toujours à des niveaux de VSC plus élevés que des dommages sur la production.
L’effet de la forme des dommages sur la VSC dépend au contraire des paramètres de bien-être, tel que le taux de préférence pure pour le présent ou l’élasticité intertemporelle de substitution.
Il est donc important de bien séparer l’effet du montant de dommages de l’effet de la forme des dommages.

2015.14
Carbon Emissions and Social Capital in Sweden

George Marbuah – Ing-Marie Gren

Résumé
Cet article s’intéresse au rôle du capital social dans la dynamique des émissions de CO2 per capita dans les différentes régions de Suède, en utilisant un cadre dit de courbe de Kuznets environnementale augmentée. Nous prenons en compte les questions d’endogénéité en présence d’effets dynamiques et spatiaux à l’aide de données géo-référencées, et nous montrons que les émissions per capita dans une région sont influencées par les émissions d’autres régions, et que le capital social joue un rôle, même en contrôlant des effets démographiques, économiques et environnementaux. Nous testons deux mesures du capital social, la confiance dans le gouvernement et l’engagement pour l’environnement. La première joue dans le sens d’une réduction des émissions; la seconde aussi, mais seulement quand elle est croisée avec le revenu ou avec la première mesure. Ces estimations suggèrent que des efforts d’accroissement du capital social en Suède pourraient jouer un rôle dans la réduction des émissions aux côtés d’autres instruments de politique climatique.

2015.13
Environmental tax reform in a federation with rent-induced migration

Jean-Denis Garon – Charles Séguin

Résumé
Nous étudions les effets sur le bien-être d’une réforme fiscale verte neutre. La réforme voit l’augmentation d’une taxe sur un intrant de production polluant et l’utilisation des revenus pour la réduction d’une taxe sur le travail. Les ménages sont parfaitement mobiles à l’intérieur de la fédération, dans laquelle les régions sont inégalement pourvues en ressource naturelle non-renouvelable. Les rentes générées par la ressource naturelle sont propriétés des régions et distribuées à leurs citoyens sur la base de la résidence, ce qui amène à une migration inefficace vers la région riche en ressource. La région pauvre en ressource ayant ainsi un produit marginal du travail plus élevé, la réforme fiscale verte diminue l’ampleur de la migration inefficace. Cet impact positif peut significativement réduire le coût d’atténuation de la pollution, ce qui mène à des taux plus élevés de taxation environnementale que si les effets migratoires étaient ignorés.

2015.12
Environmental impacts of the French final consumption

Laurent Meunier – Frédéric Gilbert – Eric Vidalenc

Résumé
Afin de lutter contre le changement climatique, des objectifs ambitieux ont été fixés, comme la division par 4 des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990. Cependant, en se concentrant sur les émissions territoriales, les émissions incluses dans les biens importés sont négligées. Or, si les émissions territoriales de la France ont diminué depuis 1990, plusieurs études montrent que les émissions liées à la consommation ont augmenté. C’est pourquoi ce sont les émissions à la consommation qui sont considérées dans ce papier. De plus, l’analyse présentée considère d’autres impacts environnementaux: acidification de l’air, eutrophisation et production de déchets industriels non-dangereux. La contribution de cette recherche est de 3 ordres. Premièrement, nous affinons les résultats d’une précédente étude. Deuxièmement, un scénario de consommation finale des ménages conduisant à une réduction des impacts environnementaux est construit. Enfin, les conditions mathématiques de validité des résultats de notre analyse ont été étudiées en profondeur.

2015.11
Energy efficiency subsidies with price-quality discrimination

Publié dans Energy Economics (2015), 52(S1): S53-62.

Marie-Laure Nauleau – Louis-Gaëtan Giraudet – Philippe Quirion

Résumé
Nous comparons des politiques destinées à améliorer l’efficacité énergétique d’un bien durable produit par un monopole, dans un contexte où coexistent des externalités dues à la consommation d’énergie et une discrimination prix-qualité. L’optimum social peut être atteint avec des subventions différenciées. Si ces subventions sont ad valorem, la subvention en faveur du bien le plus efficace conduit le monopoleur à réduire l’efficacité de l’autre bien. Les taux optimaux doivent toujours diminuer avec l’efficacité énergétique. Des subventions proportionnelles à l’efficacité énergétique n’entraînent pas de telles interférences et les taux peuvent augmenter avec l’efficacité énergétique si l’externalité est assez grande. Des instruments non différenciés ne permettent d’atteindre qu’un optimum de second rang. Une norme d’efficacité minimale doit être fixée de manière à couvrir l’ensemble du marché si le s consommateurs ne sont pas trop dissemblables, sinon elle doit cibler le bien le moins efficace. Si une taxe sur l’énergie est retenue, elle doit être fixée au-dessus du coût marginal externe. De même, si une subvention ad valorem uniforme est retenue, elle doit être supérieure à la subvention qui serait nécessaire pour internaliser spécifiquement l’externalité. Enfin, si, comme cela est souvent observé dans la pratique, seul le bien le plus efficace est subventionné, mieux vaut une subvention proportionnelle à l’efficacité énergétique plutôt qu’ad valorem. Une taxe ad valorem sur ce bien peut même être préférée à une subvention ad valorem si l’externalité est assez faible.

2015.10
Heterogeneous firms and the environment: a cap-and-trade program

Publié dans Journal of Environmental Economics and Management (2017), 84, 84-101.

Lisa Anouliès

Résumé
Les programmes de plafonnement et d’échange de permis d’émissions sont actuellement la pierre angulaire des politiques et propositions de lutte contre le changement climatique dans de nombreux pays. J’étudie les effets économiques et environnementaux de différentes formes de cette politique, en équilibre général, lorsque les entreprises sont hétérogènes et en concurrence monopolistique. Cette étude trouve d’abord que le plafond d’émissions définit parfaitement la qualité de l’environnement mais n’a aucun effet sur les profits des entreprises et leurs décisions d’entrée ou de sortie du marché. Au contraire, l’augmentation de la part de l’allocation gratuite des permis d’émissions réalloue les ressources entre les entreprises vers les plus productives : l’allocation initiale des permis impacte donc les décisions d’entrée et de sortie des entreprises et les variables économiques agrégées mais pas l’environnement. L’hétérogénéité des entreprises amplifie ces effets économiques d’un changement dans l’allocation initiale des permis.

2015.09
Cross-commuting and housing prices in a polycentric modeling of cities

Vincent Viguié

Résumé
Cependant, comment en pratique mettre en place de telles stratégies reste à l’heure actuelle relativement peu clair. Une des raisons vient du fait que, bien que l’on sache que la structure spatiale des villes a des conséquences importantes sur les trajets effectués par les habitants, on est encore loin d’avoir une bonne compréhension du lien entre les deux. Un exemple emblématique est l’incapacité des approches économiques usuelles à expliquer les trajets et les choix de localisation des ménages dans une ville polycentrique. Dans cette étude, nous introduisons une nouvelle manière de représenter ces choix dans le formalisme standard de l’économie urbaine, en modélisant explicitement les coûts de déménagement et les imperfections de marché empêchant les ménages de trouver un logement correspondant de manière parfaite à leurs attentes. En prenant l’aire urbaine de Paris comme cas d’étude, nous montrons que cette nouvelle modélisation, malgré sa simplicité, permet de reproduire les caractéristiques principales de l’agglomération en termes de répartition de la population, de niveaux des loyers, et de choix de déplacements des habitants. Une validation sur la période 1900/2010 montre également que le modèle représente les principaux déterminants de l’évolution de la structure de la ville sur cette période, suggérant ainsi que celui-ci peut être utilisé comme outil d’aide à la décision et d’analyse de politiques publiques.

2015.08
Quel mode de soutien pour les énergies renouvelables électriques?

Publié dans Revue Française d’Economie (2015), XXX(4), 105-140.

Philippe Quirion

Résumé
Si la plupart des pays développés et émergents soutiennent les énergies renouvelables dans le secteur électrique, ils le font de manière différente. Les trois principaux modes de soutien existant sont les tarifs d’achat garantis, les primes et les quotas combinés à des certificats verts. Nous fournissons une synthèse de la littérature économique portant sur la comparaison de ces modes de soutien. Nous concluons que les quotas souffrent de nombreuses faiblesses par rapport aux deux autres modes de soutien : mauvais réaction à l’incertitude, risque important pour les financeurs qui accroît le coût des projets, coûts de transaction plus élevés. Tarifs et primes présentent chacun des avantages et inconvénients, et il n’est pas évident que le passage des premiers aux seconds, en cours en Allemagne et en France, soit justifié. Enfin, au-delà du choix de principe quant au mode de soutien, de nombreux arbitrages concrets sont tout aussi importants, comm e le financement de ce soutien et sa différenciation entre segments de marché, nécessaire pour limiter les rentes mais potentiellement source d’inefficacités.

2015.07
Hedonic Model with Discrete Consumer Heterogeneity and Horizontal Differentiated Housing

Masha Maslianskaia Pautrel

Résumé
Le présent papier étudie du point de vue théorique, comment l’équilibre hédonique est modifié en présence d’une hétérogénéité discrète de consommateurs et une différenciation horizontale de l’offre du logement. Trois résultats principaux sont obtenus. Premièrement, une hétérogénéité discrète des consommateurs aboutit à une segmentation de la fonction de prix hédonique d’équilibre, avec une discontinuité du prix implicite de la qualité environnementale sur les bords des segments. Deuxièmement, nous démontrons qu’une différenciation horizontale peut aboutir à l’équilibre à un ordonnancement partial de la demande des consommateurs pour les attributs des logements. Enfin, nous montrons qu’une hétérogénéité discrète de consommateurs en présence d’une différenciation horizontale de l’offre peut modifier l’évaluation du bien-être social.

2015.06
Global Sensitivity Analysis of an Energy-Economy Model of the Residential Building Sector

Publié dans Environmental Modelling & Software (2015), 70 : 45-54.

Frédéric Branger – Louis-Gaëtan Giraudet – Céline Guivarch – Philippe Quirion

Résumé
Cet article présente les résultats d’analyse de sensibilité de Res-IRF, un modèle hybride de demande d’énergie pour le chauffage dans le parc de logements français. Res-IRF a été conçu dans le but d’améliorer la description des comportements de demande d’énergie. Les différents leviers de la demande d’énergie – la quantité d’investissements dans l’efficacité énergétique, la qualité de ces investissements et le comportement d’utilisation de l’énergie par les occupants – sont dissociés et déterminés de façon endogène. Le modèle prend également en compte les barrières connues à la diffusion de l’efficacité énergétique : l’hétérogénéité des préférences des consommateurs, les problèmes d’incitation entre propriétaires et locataires, et l’inertie de la diffusion de l’information. La pertinence de ces choix de modélisation est évaluée grâce à la méthode de Morris, qui permet d’explorer l’incertitude du modèle en couvrant l’ensemble de l’espace paramétrique. L’analyse de sensibilité révèle que le paramètre auquel le modèle est le plus sensible est le prix de l’énergie. Le modèle est également sensible aux facteurs paramétrant les différents leviers de la demande d’énergie. En comparaison, l’influence des paramètres représentant les barrières à l’efficacité énergétique est faible. Ces conclusions confirment l’intérêt du modèle et soulignent l’importance du comportement des occupants comme priorité pour la recherche empirique.

2015.05
Energy Transition under Irreversibility: a Two-sector Approach

Publié dans Environmental and Resource Economics (2017), 68(3), 797-820.

Prudence Dato

Résumé
Ce papier analyse la transition énergétique optimale en considérant une économie à deux secteurs (énergie et bien final), deux sources d’énergie (polluante et propre) et une menace de pollution. La source polluante d’énergie est le pétrole dont les réserves sont épuisables alors que la source propre est renouvelable. A partir d’un certain seuil de pollution, une catastrophe surviendra et entraînera une perte partielle du stock de capital (les inondations par exemple). Une partie de l’énergie est utilisée par un consommateur représentatif à travers une fonction d’utilité CRRA, et l’autre partie comme facteur de production suivant une fonction de production de type Leontief, pour produire du bien final. En outre, on suppose que les deux sources d’énergie sont complémentaires. Nous utilisons les conditions d’optimalité à la Boucekkine et al. (2013) pour montrer que le chemin optimal de transition énergétique peut correspondre à un régime de coin. L’économie commence par utiliser les deux sources d’énergie, puis dépasse le seuil de pollution et perd une partie de son capital suite à la catastrophe. L’économie n’adoptera pas uniquement l’énergie renouvelable. Ce résultat est en ligne avec les arguments soutenant une transition énergétique asymptotique indiquant que la transition complète vers une énergie «propre» ne peut se produire que dans le très long terme. Nous étendons notre modèle en tenant compte des investissements supplémentaires dans les technologies moins consommatrices d’énergie. Nos principaux résultats montrent que cet investissement supplémentaire favorise la transition énergétique dans le sens où elle augmente le délai dans lequel l’économie peut connaître la catastrophe et augmente aussi le bien-être de la société. Comme implications politiques, des instruments économiques tels que les taxes sur l’énergie polluante, les subventions sur l’énergie «propre» ou des incitations pour les technologies moins consommatrices d’énergie doivent être mis en place afin de promouvoir la transition énergétique. Mais ces instruments économiques devraient être soigneusement conçus en ligne avec le résultat de la transition énergétique asymptotique.

2015.04
Can the Energy Transition Be Smooth?

Jean-François Fagnart – Marc Germain

Résumé
Nous analysons la transition d’une économie décentralisée dont l’offre d’énergie évolue progressivement d’une ressource non renouvelable à une ressource renouvelable.
 

2015.03
Protecting Biodiversity by Developing Bio-Jobs: a Multi-branch Analysis with an Application on French Data

Publié dans International Journal of Sustainable Development (2017), 20(3-4), 306-323.

Jean De Beir – Céline Emond – Yannick L’Horty – Laetitia Tuffery

Résumé
Dans chaque économie il y a des emplois favorables à la biodiversité que nous appelons bio-emplois. Ces emplois existent dans un petit nombre de branches qui ont un lien avec les ressources naturelles ou une emprise sur les milieux: activités du cœur vert, carriers, entreprises du BTP, entreprises de gestion de l’eau et des déchets.
Nous nous intéressons aux politiques économiques de préservation de la biodiversité qui jouent sur le développement de ces emplois. Nous considérons un modèle où la puissance publique dispose de deux types d’instruments: elle peut soutenir la demande adressée aux branches riches en bio-emplois, au travers de commandes publiques, ou bien elle peut chercher à favoriser le développement de nouvelles combinaisons productives plus intenses en bio-emplois, par des subventions ciblées sur ces emplois. Nous recherchons la combinaison la plus efficace de ces deux instruments -demande et offre- et nous montrons que la puissance publique doit conduire une action différenciée selon les branches qui doit obéir à des règles précises. Nous montrons que les niveaux de la demande privée et des salaires jouent un rôle majeur dans le choix du gouvernement. Enfin, nous appliquons ces recommandations sur des données françaises.

2015.02
Non-renewable and Intermittent Renewable Energy Sources: Friends and Foes?

Publié dans Energy Policy (2017), 111, 58-67.

Edmond Baranès – Julien Jacqmin – Jean-Christophe Poudou

Résumé
Ce papier s’intéresse aux liens entre des modes de production intermittent renouvelable et non-renouvelable de l’électricité. Plus précisément, nous montrons que la relation entre le prix du gaz et les capacités investies dans la production d’électricité solaire et éolienne n’est pas univoque. Cette relation n’est pas linéaire mais quadratique. Pour un niveau de prix relativement faible, les deux modes de production sont substituables. Sinon, dès qu’un niveau de prix est dépassé, ils sont complémentaires. Un modèle théorique explique cela comme le résultat d’un arbitrage entre la différence de coût production à la marge entre ces deux modes de production et les risques liés à la nature imprévisible des énergies renouvelables. Nous montrons ensuite que ce résultat est robuste à différentes spécifications empiriques en utilisant des données américaines.

2015.01
Consumer Misperception of Eco-labels, Green Market Structure and Welfare

Publié dans Journal of Regulatory Economics (2017), 51(3), 340-364.

Dorothée Brécard

Résumé
Comment la perception erronée des consommateurs des éco-labels concurrents affecte-t-elle l’efficience environnementale et économique des éco-labels ? Cet article propose une analyse théorique de cette question fondée sur un modèle de double différenciation dans lequel trois produits sont potentiellement en concurrence : un produit non labélisé et deux produits labélisés de qualités environnementales moyenne et élevée (portant des labels distincts). Nous comparons le cas d’information parfaite, dans lequel les consommateurs connaissent la qualité environnementale des trois produits, et le cas d’information imparfaite, dans lequel les consommateurs n’évaluent pas parfaitement la qualité environnementale associée à chaque label et perçoivent tous les éco-labels comme un signe de qualité environnementale élevée et chaque label comme une variété particulière du produit. Nous montrons que la confusion des consommateurs peut affecter la structure du marché en affaiblissant la firme proposant le produit le plus vert. Paradoxalement, la confusion des consommateurs ne nuit pas toujours au bien-être social car, lorsque la qualité perçue des deux produits éco-labélisés est relativement élevée, la confusion peut contribuer à améliorer la qualité de l’environnement et le surplus des consommateurs. De plus, alors que les firmes choisiraient des critères de labellisation uniformes et exigeants si les consommateurs étaient parfaitement informés, elles pratiquent le « greenwashing » lorsqu’elles connaissaient la façon dont les consommateurs forment leurs croyances sur le qualité environnementale des produits. Enfin, nous montrons qu’en cas de perception erronée des consommateurs, une ONG mettraient en place un label moins exigeant qu’en information parfaite. Les conclusions sur la stratégie d’éco-labélisation du régulateur ne sont quant à elle pas clairement tranchées.

2014

2014.16

Interval Bidding in a Distribution Elicitation Format

Publié dans Applied Economics (2017), 1-12.

Pierre-Alexandre Mahieu – François-Charles Wolff – Jason Shogren

Résumé
L’enchère sous la forme d’un intervalle (ou interval bidding) permet aux participants d’une enquête monétaire de déclarer une fourchette de montants plutôt qu’un montant exact. Ici, il est demandé aux enquêtés de choisir une distribution. A partir d’une enquête portant sur la protection des éléphants, nous montrons que la forme de la distribution varie d’un individu à l’autre et que le degré d’incertitude est proportionnelle au consentement à payer. Nous trouvons également que le consentement à payer espéré et le niveau d’incertitude ne sont pas les mêmes suivant que le paiement est hypothétique ou non.

2014.15
Un modèle de mobilité résidentielle avec taxe foncière

Marc Germain – Dominique Peeters

Résumé
Une communauté d’individus hétérogène en termes de revenus occupe un territoire divisé en zones caractérisées par des niveaux d’aménités différents. Partant du concept de rente ricardienne, nous proposons un modèle déterminant les rentes offertes dans les différentes zones et la répartition de la population entre celles-ci.
Une taxe foncière sous la forme d’un forfait par unité de surface modifie l’équilibre du marché de la terre obtenu sans taxe si son montant dépasse la rente de certaines zones.
Les ménages locataires doivent alors se concentrer sur un territoire réduit, ce qui affecte négativement leurs niveaux d’utilité. Si les recettes fiscales sont recyclées pour financer un bien public global, l’impact négatif de la taxe sur les ménages locataires peut être atténué, voire plus que compensé.
Une externalité affectant négativement les aménités d’une zone se traduit par une variation des rentes de l’ensemble des zones via un processus de “vote avec les pieds”. En présence d’une taxe foncière, l’externalité peut entraîner une diminution du territoire occupé. En revanche, la taxe peut aussi être à la base d’un système de compensation financière des propriétaires lésés par l’externalité par les propriétaires non lésés.

2014.14
Tradable Renewable Quota vs. Feed-In Tariff vs. Feed-In Premium under Uncertainty

Robert Marschinski – Philippe Quirion

Résumé
Nous étudions la performance de trois instruments de soutien aux énergies renouvelables en cas d’incertitude : quotas d’énergie renouvelable (Tradable Renewable Quota, TRQ), tarif d’achat garanti (Feed-In-tarif, FIT), et prime fixe (Feed-In-Premium, FIP). Nous développons un modèle stylisé du marché de l’électricité, où les énergies renouvelables sont caractérisés par une externalité positive d’apprentissage, que le régulateur vise à internaliser. Nous étudions trois sources d’incertitude : le coût de l’électricité d’origine fossile, le coût de l’électricité d’origine renouvelable et la demande totale d’électricité. Nous dérivons analytiquement les conditions qui déterminent le classement relatif de ces instruments en terme de bien-être espéré. Nous confirmons généralement le rôle clé des pentes de bénéfices marginaux et les coûts associés à la politique, mais le classement spécifique dépend du type d’incertitude considéré, et de la nature temporaire ou permanente des chocs. Toutefois, un taux d’apprentissage élevé favorise généralement le FIT, tandis que TRQ est largement dominé par les deux autres instruments. Ces résultats sont confirmés dans une application numérique pour le marché américain de l’électricité, dans laquelle le FIP apparaît comme le choix dans l’ensemble plus robuste et le TRQ comme le moins robuste.

2014.13
Inducing Sorting Investment and Implementation of an Alternative e-Waste Market under Imperfect Information

Publié dans Economics Bulletin (2018), 38(1), 629-637.

Prudence Dato

Résumé
Dans un contexte de coûts élevés d’élimination des déchets électroniques (e-déchets) dans les pays développés combiné avec un système de surveillance imparfait, la partie non réutilisable des e-déchets est souvent illégalement mélangée avec la partie réutilisable. Ce type de mélange est envoyé dans les pays en développement traduisant une « injustice environnementale » avec d’importantes externalités négatives. Pour résoudre ce problème, nous proposons un marché alternatif des déchets électroniques autre que l’actuel système de surveillance et nous analysons la conception optimale des mécanismes d’incitation pour sa mise en place. Ce marché alternatif consiste en un commerce conjoint de la partie réutilisable et de la partie non réutilisable des e-déchets. Dans cet article, nous utilisons la théorie des incitations appliquée au marché des e-déchets. Nous voulons montrer comment inciter les firmes exportatrices des e-déchets des pays riches à entreprendre des investissement de tri qui permettrait de mettre en place ce type de marché alternatif des déchets électroniques. Les résultats montrent que, si le coût de tri est faible, le contrat optimal pour inciter à l’investissement dans le tri et mettre en place le marché alternatif des déchets électroniques est un contrat de type Baron-Myerson (BM). De plus, nous identifions des conditions pour éviter le marché actuel. Enfin, nous construisons l’ensemble des décisions optimales de la firme importatrice des e-déchets dans le sud suivant l’ensemble des coûts de tri. L’une des implications directes de ces résultats est que si le coût n’est pas trop élevé pour dissuader l’investissement dans le tri, la firme importatrice devrait inciter la firme exportatrice à investir dans le tri de sorte que le marché alternatif soit facilement mis en place.

2014.12
Is Choice Experiment Becoming more Popular than Contingent Valuation? A Systematic Review in Agriculture, Environment and Health

Pierre-Alexandre Mahieu – Henrik Andersson – Olivier Beaumais – Romain Crastes – François-Charles Wolff

Résumé
Cet article propose une revue systématique s’appuyant sur un grand nombre d’articles publiés dans des revues économiques référencées dans la base de données du web of science. Les résultats d’une analyse économétrique et descriptive montrent que la méthode des choix multi-attributs (MCMA) connaît plus de succès que la méthode d’évaluation contingente (MEC). De plus, les revues spécialisées en santé et en agriculture sont plus tournées vers la MCMA que celles spécialisées en environnement. Finalement, des divergences sont observées entre les revues quand on s’intéresse aux caractéristiques des MCMA comme la construction du questionnaire, le type de personnes interrogées ou encore les modèles économétriques utilisés. En particulier, il est plus courant d’utiliser des modèles à paramètres aléatoires en environnement qu’en santé ou en agriculture.

2014.11
Optimal Carbon Sequestration Policies in Leaky Reservoirs

Alain Jean-Marie – Michel Moreaux – Mabel Tidball

Résumé
Nous étudions dans ce rapport un modèle de la capture et du stockage du carbone (CSS), dans lequel le réservoir de carbone capturé fuit, de telle sorte que la pollution est in fine rejetée dans l’atmosphère. Nous formulons le problème du planificateur social comme un programme de contrôle optimal et nous décrivons les chemins de consommation optimaux, en fonction des conditions initiales, ainsi que des paramètres physiques et économiques du problème. En particulier, nous montrons que la présence de fuites peut conduire à des situations qui ne se produisent pas sinon,
dont le fait d’avoir des sentiers de prix optimaux non monotones.

2014.10
Reaping the Carbon Rent: Abatement and Overallocation Profits in the European Cement Industry, Insights from an LMDI Decomposition Analysis

Publié dans Energy Economics (2015), 47, 189-205.

Frédéric Branger – Philippe Quirion

Résumé
Cet article analyse les variations des émissions de CO2 de l’industrie cimentière Européenne de 1990 à 2011, au niveau Européen (UE 27), et au niveau national pour six grands producteurs (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Italie et Pologne). La méthode utilisée est la technique LMDI (Log-Mean Divisia Index), en croisant trois bases de données : GNR (Getting the Number Right) développée par la Cement Sustainability Initiative, EUTL (European Union Transaction Log) et Eurostat (commerce international).
Cette méthode de décomposition permet de séparer sept canaux de changement d’émissions : l’activité, le commerce de clinker, l’intensité clinker du ciment, les combustibles alternatifs, l’efficacité énergétique (thermique et électrique) et la décarbonisation de l’électricité. Hormis une tendance de réduction des émissions de faible amplitude due à des améliorations technologiques (en premier lieu de la baisse de l’intensité clinker du ciment, puis d’une augmentation des combustibles alternatifs), la plupart des variations des émissions peuvent être attribuées à l’effet des activités.
L’utilisation de scénarios contrefactuels permet ensuite d’estimer que l’introduction du SCEQE (EU ETS) a apporté un abatement technologique faible mais positif (2.0% plus ou moins 1.1%). D’autre part, nous trouvons que l’industrie cimentière Européenne a gagné 3.5 milliards d’euros de « profits de surallocation », la majeure partie due au ralentissement de la production. D’après ces résultats, nous recommandons un système d’allocations de quotas proportionnel à la production, basée sur un benchmarking hybride (clinker et ciment) contraignant.

2014.09
Price versus Quantities versus Indexed Quantities

Frédéric Branger – Philippe Quirion

Résumé
Nous développons un modèle stochastique permettant de classer différentes politiques (taxe, quotas absolus ou en intensité) selon leurs coûts sociaux totaux espérés. Trois types d’incertitude sont pris en compte : l’incertitude concernant les coûts d’abatement, l’incertitude concernant les émissions au fil de l’eau, et l’incertitude concernant la future production économique (les deux dernières étant corrélées). Deux paramètres, le ratio des pentes des bénéfices et coûts marginaux d’une part, et la corrélation entre l’incertitude concernant les émissions au fil de l’eau et l’incertitude concernant la future production économique d’autre part, sont cruciaux pour déterminer quel instrument est préférable.
Lorsque les bénéfices marginaux sont relativement plus plats que les coûts marginaux, la taxe est préférable aux quotas fixes (résultat de Weitzman). Lorsque la corrélation précédente est plus grande qu’un seuil dépendant de paramètres, les quotas en intensité sont préférables aux quotas absolus. Une condition intermédiaire est trouvée pour comparer la taxe avec les quotas en intensité. Nous établissons un pont entre la littérature qui minimise la variance des coûts d’abatement et celle qui inclut également la variance des bénéfices environnementaux, et trouvons qu’exclure ces derniers introduit un biais en faveur des quotas en intensité par rapport aux quotas absolus.
Le modèle est ensuite testé empiriquement pour sept régions différentes (Chine, Etats-Unis, Inde, Russie, Brésil et Japon) en utilisant les données passées de PIB et d’émissions, ainsi que les prévisions de l’International Energy Outlook. Nous trouvons que la taxe est préférable aux quotas (absolus ou en intensité) dans tous les cas, et que les quotas en intensité sont préférables aux Etats-Unis et dans les pays émergents (sauf Brésil où la détermination est ambiguë), tandis que les quotas absolus sont préférables en Europe et au Japon.

2014.08
Renewable Energy, Subsidies, and the WTO: Where has the ‘Green’ Gone?

Publié dans Energy Economics (2015), 51, 407-416.

Patrice Bougette – Christophe Charlier

Résumé
Face à l’impératif de la transition énergétique, les gouvernements doivent décider de politiques publiques pour promouvoir la production d’énergie renouvelable et protéger l’industrie amont. Le différend OMC « Canada – énergie renouvelable » porte sur le programme de tarifs rachats garantis Tarif de rachat garantis (FIT) de l’Ontario présentant une exigence de contenu local (LCR). L’Union européenne et le Japon ont affirmé que les programmes FIT constituent des subventions non éligibles dans le cadre de l’Accord SCM, et que la LCR est incompatible avec le principe de non-discrimination de l’OMC. Cet article examine cette question en utilisant un modèle de duopole international avec différenciation verticale dans lequel les producteurs d’équipements de production d’énergie renouvelable se concurrencent en prix. Les programmes FIT avec et sans LCR sont comparés sur leurs effets sur le commerce, les profits, la quantité d’électricité renouvelable produite et le bien-être domestique. Lorsque les quantités sont prises en compte, les résultats confirment la discrimination. Toutefois, l’introduction d’une différence dans la qualité des équipements de génération d’électricité renouvelable fournit des résultats plus mitigés. Enfin, les résultats permettent de discuter de la question de savoir si la protection de l’environnement peut être mise en avant comme une raison pour subventionner les producteurs d’énergie renouvelable à la lumière de l’Accord SCM.

2014.07
Tarification au Prix-Limite et (In)Efficacité de la Taxe Carbone

Publié dans Journal of Public Economics (2016), 139, 28-39.

Saraly Andrade de Sa – Julien Daubanes

Résumé
Cet article remet en question la capacité d’une taxe carbone à réduire la production de pétrole. La demande de pétrole est très inélastique. Face à une telle demande, un cartel de producteurs vise à établir le prix le plus élevé possible, pour autant que ce prix ne la détruise pas : le cartel tolère les substituts « non drastiques », mais prévient les possibilités de substitution qui pourraient détériorer trop drastiquement la demande de pétrole. Les équilibres au prix-limite des marchés de ressources non renouvelables sont qualitativement différents des équilibres classiques à la Hotelling. Les taxes appliquées au flux de ressource deviennent neutres. Les politiques économiques ne parviennent à réduire la production de pétrole qu’en soutenant les substituts non drastiques actuellement produits. La taxe carbone pénalise non seulement le pétrole, mais aussi ses substituts carbonés actuels ; elle provoque ainsi une augmentation de la production courante de pétrole.

2014.06
Nutrient Allowances Market and Wetland Abatement

Natacha Fauvet – Jean-Christophe Pereau

Résumé
La fonction de régulation offerte par les zones humides est très efficace pour réguler les rejets agricoles et la pollution de l’eau. L’objectif de cet article est de montrer comment les agriculteurs peuvent utiliser cette fonction de régulation afin de remplir les objectifs de réduction de pollution fixés par un régulateur, à travers un marché de permis des nutriments. L’introduction d’un marché dans le programme de maximisation de l’agriculteur induit une incitation soit à la réduction de la quantité utilisée d’engrais par hectare, soit à la restauration d’hectares de zones humides sur les terres agricoles. Les résultats de la statique comparative exprime une corrélation négative entre la quantité de permis par agriculteur et l’usage d’engrais. De plus, la quantité de permis par agriculteur est négativement corrélée à la surface de zone humide.

2014.05
Assessing and Ordering Investment in Polluting Fossil-fueled and Zero-carbon Capital

Oskar Lecuyer – Adrien Vogt-Schilb

Résumé
Cet article étudie la transition du capital polluant (centrales au charbon) vers du capital plus propre ( centrales à gaz) et vers du capital zéro carbone (énergie renouvelable). Nous modélisons la rareté des ressources, l’irréversibilité des investissements, les couts d’ajustement et un budget carbone. Affin de lisser l’investissement et les couts associés, il est optimal de commencer à construire des centrales renouvelables couteuses avant d’épuiser les ressources fossiles peu couteuses.
Investir dans des centrales à gaz à permet toutefois de construire moins de renouvelable à court terme et de déplacer les efforts du court vers le moyen terme. Enfin, le critère populaire du cout moyen actualisé de l’électricité (LCOE, levelised costs of electricity), est biaisé en faveur des technologies intermédiaires (gaz) et en défaveur du renouvelable s’il est calculé à partir des prix courants.Ces résultats sont illustrés par des simulations numériques du secteur électrique européen calibrées sur les hypothèses de la feuille de route à 2050 de la Commission Européenne.

2014.04
An Instrument that Could Turn Crowding-out into Crowding-in

Antoine Beretti – Charles Figuières – Gilles Grolleau

Résumé
Dans la perspective de la Théorie de la décision, nous modélisons des agents avec différentes motivations intrinsèques et nous étudions leurs réactions à l’introduction d’incitations monétaires. Cet exercice montre que les résultats empiriques soutenant l’existence d’un effet d’éviction agrégé peuvent cacher une réalité complexe aux niveaux individuels. Nous proposons également un nouvel instrument de régulation qui utilise l’hétérogénéité des agents afin d’éviter le risque d’un effet d’éviction des motivations intrinsèques par les incitations extrinsèques, et qui est même susceptible de produire un effet de renforcement de ces deux types de motivations. Cet instrument s’appuie sur un mécanisme d’auto-sélection qui permet d’offrir un cadre incitatif adapté à chaque type d’agent.

2014.03
Towards a Clean Vehicle Fleet: from Households’ Valuation of Fuel Efficiency to Policy Implications

Bénédicte Meurisse – Maxime Le Roy

Résumé
Le comportement des ménages au regard de l’efficacité énergétique de leur véhicule est examiné dans ce papier. Nous proposons d’approcher le Consentement à Payer (CAP) pour une meilleure efficacité énergétique du véhicule par la variation de revenu compensatoire. Plus précisément, nous distinguons le consentement à payer ou à recevoir (CAR) pour l’achat d’un véhicule moins consommateur de carburant du CAP théorique pour une réduction de la consommation de carburant sans devoir changer de véhicule. Puis, en supposant que le ménage est contraint de changer de véhicule, nous estimons le CAP pour l’achat du véhicule le plus efficient.
Les impacts d’une taxe sur le carburant et/ou d’un système de bonus-malus sur le CAP pour l’achat du véhicule le plus efficient et sur les distances parcourues en véhicule particulier sont également discutés. Nous trouvons que le CAP pour l’achat du véhicule le plus efficient diminue avec l’instauration de la taxe. Au contraire, l’instauration d’un système de bonus-malus conduit à une hausse du CAP pour l’achat du véhicule le plus efficient. Toutefois, diminuer le prix de marché d’un véhicule (i.e. avec un bonus) augmente le risque d’effet rebond. Cependant, une taxe sur le carburant, pourvu qu’elle soit suffisamment élevée, permet d’annuler l’effet rebond.

2014.02
Conservation Priorities when Species Interact: the Noah’s Ark Metaphor Revisited

Publié dans PLoS ONE (2014), 9(9).

Pierre Courtois – Charles Figuières – Chloé Mulier

Résumé
Cette note intègre les interactions écologiques dans le problème Arche de Noé [ML Weitzman, The Noah’s Arch problem, Econometrica 66 (6) (1998) 1279-1298]. Ce faisant, nous arrivons à un modèle général pour étudier le classement des projets de conservation in situ pour des espèces en interactions, et nous offrons une méthode coût-efficacité opérationnelle afin de mieux préserver la diversité sous une contrainte de budget.

2014.01R2
Optimal Abatement of Carbon Emission Flows

Version révisée 06.2015. Publié dans Journal of Environmental and Economics Management (2015). 74: 55-70.

Michel Moreaux – Cees Withagen

Résumé
Nous caractérisons les politiques optimales de capture et stockage du carbone qui permettent de réduire les dommages induits par l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère, qu’implique l’utilisation d’une ressource polluante épuisable. Nous déterminons les conditions sous lesquelles il convient de procéder à une capture totale ou partielle, ou de ne pas intervenir. En l’absence de CCS, le stock de carbone peut suivre une trajectoire en U inversé. En présence de CCS, des comportements plus compliqués peuvent se produire. Nous montrons qu’il peut être optimal de recourir initialement à une capture totale, induisant un stock décroissant, puis à de la capture partielle en conservant le sotck de CO2 constant, puis dans une phase finale de cesser la capture tout en générant un stock de CO2 en forme de U inversé. L’introduction de la notion d’adaptation dans le modèle formel nous permet d’exposer une théorie unifiée de la capture et de l’adaptation.