2020

WP 2020.23 The Economics of Volcanoes

Publié dans Economics of Disasters and Climate Change 

Johanna Choumert-Nkolo – Anaïs Lamour – Pascale Phélinas

Résumé
Les risques volcaniques représentent une menace potentielle pour 8 % de la population mondiale, mais la littérature économique sur leurs conséquences à court et à long terme sur le comportement des ménages et le développement économique n’en est qu’à ses débuts. Dans cet article, nous présentons l’état de la littérature et soulignons les lacunes en matière de connaissances et les défis méthodologiques inhérents à l’analyse économique des risques et des catastrophes volcaniques. Nous présentons d’abord les aspects physiques de l’activité volcanique et décrivons les données physiques disponibles. Nous examinons ensuite les concepts liés à l’évaluation des coûts des catastrophes volcaniques. Enfin, nous abordons les principales questions de recherche micro et macroéconomiques que les économistes doivent étudier et identifions les défis méthodologiques et les données pertinentes. En mettant en évidence les lacunes de la recherche sur « l’économie des volcans », nous fournissons des pistes de recherche futures qui permettront d’aborder les débats politiques pertinents dans le contexte d’une plus grande attention portée aux politiques d’atténuation des risques, d’adaptation et de résilience visant à atténuer les risques et les catastrophes naturelles.


WP 2020.22 Optimal climate policy when warming rate matters

Nicolas Taconet

Résumé
Les études sur la Valeur Sociale du Carbone (VSC) considèrent généralement que le changement climatique est une externalité de stock, pour laquelle les dommages proviennent du niveau de réchauffement global. Pourtant, les systèmes naturels et les économies sont aussi sensibles à la vitesse à laquelle ce réchauffement se produit. Ce papier étudie la politique climatique optimale en présence d’un tel effet. Les dommages issus de la vitesse de réchauffement n’affectent pas la température optimale à long-terme, mais retarde l’utilisation d’un même budget carbone. Ces dommages rendent également la VSC moins sensible aux hypothèses retenues pour l’actualisation. Numériquement, en contrôlant pour les pertes en bien-être résultant du changement climatique, plus les dommages sont issus de la vitesse de réchauffement, plus la VSC est élevée. Ces résultats suggèrent que des stratégies d’atténuation qui négligent l’effet de la vitesse de réchauffement conduisent à des scenarios pour lesquels la température augmente trop rapidement.


WP 2020.21 Behavioral intervention to conserve energy in the workplace

Valeria Fanghella – Giovanna d’Adda – Massimo Tavoni

Résumé
Cette étude examine l’effet d’une intervention comportementale à grande échelle pour économiser l’énergie sur le lieu de travail, qui consiste en une compétition d’économies d’énergie entre les filiales d’une banque. Plus de 500 filiales ont été impliquées sur une période d’un an. En utilisant une estimation par différence de différences, nous trouvons que la compétition réduit considérablement la consommation mensuelle d’électricité en dehors des heures de travail (de 7%), mais que la consommation globale d’énergie ne change pas de manière significative (réduction de 2,5%). Il n’y a pas de différences en fonction des caractéristiques des filiales, contrairement au secteur résidentiel. Dans le même cadre, nous évaluons l’effet d’une intervention technologique automatisant la gestion énergétique des bâtiments. La rénovation conduit à des économies d’énergie importantes (de 18%), également concentrées en dehors de l’horaire des heures de travail. Nos résultats soulignent l’importance de prendre en compte la dimensions contextuelle lors de la mise en œuvre de programmes comportementaux et montrent des chevauchements potentiels avec les investissements technologiques intelligents.


WP 2020.20 Catastrophes, delays, and learning

Matti Liski – François Salanié

Résumé
Comment se préparer aux catastrophes qui pourraient être en train d’arriver ? Dans un modèle d’expérimentation simple mais général, un décideur choisit un flux contribuant à un stock qui peut déclencher une catastrophe à chaque niveau non testé. Une fois déclenchée, la catastrophe elle-même ne se produit qu’après un délai stochastique. Par conséquent, le rythme des expérimentations passées détermine l’arrivée d’information. Cela a de fortes implications pour les politiques dans les situations où le planificateur hérite d’un passé d’expériences, comme le changement climatique et les crises pandémiques. Notre approche englobe les approches canoniques de la littérature.


WP 2020.19 Carbon-neutral future with sectorcoupling; relative role of different mitigation options in energy sector

Behrang Shirizadeh

Résumé
De nombreuses études ont analysé le mix énergétique aux échelles nationale et continentale, suggérant différents mix bas carbone pour les futurs systèmes énergétiques. Bien qu’il existe une littérature abondante sur le mix énergétique pour différents secteurs, moins d’études traitent de l’impact du ‘sector-coupling’ sur l’atteinte des objectifs de décarbonisation. De plus, elles souffrent d’une représentation limitée des options émergentes bas-carbone et une couverture incomplète des principaux secteurs énergétiques. Nous développons un modèle intégré d’optimisation de l’investissement et du fonctionnement pour l’ensemble du secteur énergétique, permettant un couplage sectoriel complet. En appliquant ce modèle au système énergétique français, nous étudions les synergies de ‘sector-coupling’ entre différents vecteurs énergétiques, ainsi que le rôle des différentes technologies bas-carbone et l’impact du coût social du carbone pour atteindre un mix énergétique optimal neutre ou négatif en CO2 pour la France en 2050. Nos résultats suggèrent qu’un coût social du carbone de 200 €/tCO2 atteindra la neutralité carbone, et compte tenu des conditions futures défavorables, 300 €/tCO2 peut assurer cet objectif. En présence du coût social du carbone, les énergies renouvelables deviennent la principale source d’énergie primaire (jusqu’à plus de 80% de de l’énergie primaire). L’exclusion de l’énergie nucléaire a un impact mineur à la fois sur la réduction des émissions et la minimisation des coûts. Un secteur de la chaleur entièrement électrifié et un secteur des transports fortement utilisant principalement du gaz renouvelable permettent d’atteindre la neutralité carbone à un coût minimal.


WP 2020.18 Comparing volume and blend renewable energy mandates under a carbon budget

Jean-Pierre Amigues – Ujjayant Chakravorty – Gilles Lafforgue – Michel Moreaux

Résumé
Afin d’accélérer la substitution des sources d’énergie renouvelable décarbonées (ENR) aux énergies fossiles, les organismes de régulation peuvent instaurer des standards, ou mandats, de deux natures. D’une part, ils peuvent imposer aux marchés des quantités minimales d’ENR à atteindre (mandat quantitatif), comme cela se pratique pour les biocarburants dans le secteur des transports, ou encore pour l’électricité dans certains états US comme le Texas ou l’Iowa. D’autre part, le régulateur peut définir un pourcentage minimal d’ENR dans le mix énergétique (mandat proportionnel), comme le font la Californie ou encore le Michigan pour l’électricité. Cet article propose, à l’aide d’un modèle dynamique simple, de comparer ces deux types de mandats. Nous montrons que, par rapport au mandat proportionnel, le mandat quantitatif induit un prix plus faible de l’énergie, une subvention aux ENR plus élevée, une taxe sur les fossiles plus faible et un déploiement total des ENR plus important. Nous illustrons ces résultats à partir d’un calibrage réaliste afin de quantifier ces écarts.


WP 2020.17 Carbon Curse in Developed Countries

Publié dans Energy Economics (2020), 90, 104829.

Mireille Chiroleu-Assouline – Mouez Fodha – Yassine Kirat

Résumé
Parmi les dix pays ayant la plus forte intensité de carbone, six sont des pays riches en ressources naturelles. Cela suggère l’existence d’une malédiction du carbone : les pays riches en ressources naturelles auraient tendance à suivre des voies de développement à plus forte intensité en carbone que les pays pauvres en ressources. Nous étudions cette hypothèse de manière empirique en utilisant une méthode de données de panel couvrant 29 pays (OCDE et BRIC) et sept secteurs sur la période 1995-2009. Tout d’abord, au niveau macroéconomique, nous constatons que la relation entre les émissions nationales de CO2 par unité de PIB et l’abondance en ressources naturelles est en forme de U. La malédiction du carbone n’apparaît qu’après le point de retournement. Nous mesurons ensuite l’impact de l’abondance des ressources sur les émissions sectorielles pour deux groupes de pays en fonction de leurs dotations en ressources. Nous montrons qu’un pays riche en ressources naturelles pollue relativement plus dans les secteurs liés aux ressources ainsi que dans tous les autres secteurs. Nos résultats suggèrent que le débat sur l’atténuation du changement climatique devrait plutôt se concentrer sur une comparaison entre les pays riches en ressources et les pays pauvres en ressources plutôt que sur le contraste entre pays développés et pays en développement.


WP 2020.16 Emissions Trading with Transaction Cost

Publié dans Journal of Environmental Economics and Management (2021), 108, 102468.

Marc Baudry – Anouk Faure – Simon Quemin

Résumé
Nous développons un modèle d’équilibre de marché de droits à polluer en présence de coûts de transaction fixes et proportionnels, où le prix du permis et la participation des firmes sont déterminés de façon endogène. Nous analysons ensuite la sensibilité de l’équilibre à un changement du niveau des coûts de transaction et de l’allocation gratuite des firmes, et caractérisons les situations où ces derniers ont un effet baissier ou haussier sur le prix du permis par comparaison au cas concurrentiel. Enfin, nous calibrons le modèle sur les données annuelles de transaction et conformité du registre du SEQE durant sa deuxième phase (2008-12), que nous consolidons à l’échelle de la firme. Nous trouvons que des coûts de transaction de l’ordre de 10k€ par an plus 1€ par permis échangé réduisent substantiellement les divergences entre observations et prédictions théoriques du comportement des firmes (conformité passive par exemple). Nos simulations suggèrent qu’ignorer les coûts de transaction peuvent mener à sous-estimer l’impact des politiques de gestion de l’offre sur les prix de marché, de façon différenciée selon leur incidence sur les firmes.


WP 2020.15 Qui émet du CO2? Panorama critique des inégalités écologiques en France

Antonin Pottier – Emmanuel Combet – Jean-Michel Cayla – Simona de Lauretis – Franck Nadaud

Résumé
Cet article propose un panorama des inégalités d’émission de gaz à effet de serre (GES) entre les ménages français. Il présente de manière détaillée et critique les conventions méthodologiques retenues pour le calcul des « émissions des ménages », et les présupposés qui les accompagnent. Le principe d’attribution généralement retenu, l’empreinte carbone qui assigne aux ménages les émissions des produits consommés, véhicule des conceptions implicites de la responsabilité. Il focalise l’attention sur les contributions des individus, sur leurs choix, et peut occulter le rôle des acteurs non individuels tout comme la composante collective des émissions de GES, et négliger les dimensions de la responsabilité qui ne sont pas liées à la consommation.
Nous estimons, à partir des données de l’enquête Budget de Famille 2011, la distribution des empreintes carbone des ménages. Les émissions des ménages sont tendanciellement croissantes avec le revenu, mais elles présentent aussi une forte variabilité liée à des facteurs géographiques et techniques qui contraignent à recourir aux énergies fossiles.
À partir d’enquêtes sectorielles (ENTD 2008 ; PHEBUS 2013), nous reconstruisons également les émissions de CO2 des ménages liées aux énergies du logement et du transport. Pour le transport, les émissions sont proportionnelles aux distances parcourues du fait d’un recours prépondérant à la voiture individuelle. Le tissu urbain contraint à la
fois la longueur des déplacements quotidiens et l’accès à des modes de transport moins carbonés. Pour le logement, si les surfaces à chauffer croissent avec le revenu et l’éloignement des centres urbains, le premier acteur de variabilité des émissions est le système de chauffage. Il est peu lié au niveau de vie mais plus au tissu urbain, qui contraint l’accès aux différents vecteurs énergétiques.
Nous discutons enfin les difficultés posées par l’estimation des émissions des super-riches, tant techniques que conceptuelles.


WP 2020.14 The market for “harmful component-free” products under pressure from the NGOs

Dorothée Brécard – Mireille Chiroleu-Assouline

Résumé
Les organisations non gouvernementales (ONG) exercent une pression croissante sur les entreprises pour qu’elles éliminent les composants des produits (comme l’huile de palme) qui sont nocifs pour l’environnement (par exemple pour les forêts tropicales) ou qu’elles les remplacent par des composants durables certifiés par les ONG. Dans quelles conditions la pression exercée par les ONG amène-t-elle les entreprises à éliminer les composants de base de leurs produits ou, à défaut, à remplacer les composants nuisibles par des composants durables certifiés ? Quels sont les effets qui en découlent sur la structure du marché, la qualité de l’environnement et le bien-être social ? Ce papier aborde ces questions en utilisant un modèle de différenciation verticale bidimensionnelle des produits. Il montre que, pour une ONG qui perçoit des frais de certification pour alimenter son budget et financer sa campagne de sensibilisation, il peut – paradoxalement – être optimal de réduire la part de marché du produit certifié et, à terme, de l’évincer.


WP 2020.13 Carbon Dioxide Emissions and aging: Disentangling behavior from energy efficiency

Publié dans Annals of Economics and Statistics (2021), 143, 71-103.

Dorothée Charlier – Bérengère Legendre

Résumé
Le vieillissement démographique affecte les sociétés occidentales et nécessite l’adaptation d’un certain nombre de structures économiques, comme les systèmes de retraite. Mais cette tendance nous oblige à prendre en compte les changements de comportement inhérents au vieillissement si nous nous développons durablement, notamment en ce qui concerne la consommation des ressources et les émissions de dioxyde de carbone dans un contexte de réchauffement climatique. L’objectif de cette recherche est d’évaluer l’impact du vieillissement sur les émissions en démêlant l’effet du comportement individuel et l’effet de l’efficacité énergétique des logements. En montrant qu’un biais de sélection se produit dans le choix du logement, nous isolons l’effet pur du comportement des personnes âgées. Nous utilisons un modèle de choix discret-continu pour étudier l’endogénéité potentielle d’un modèle de consommation d’énergie résidentielle due au choix des caractéristiques énergétiques du logement. Notre principale contribution est de démontrer que l’âge a un impact significatif mais indirect sur les émissions de dioxyde de carbone, par le choix du logement.


WP 2020.12 How Environmental Policies Spread ? A Network Approach to Diffusion in the U.S.

Côme Billard – Anna Creti – Antoine Mandel

Résumé
Nous reconstruisons le réseau de diffusion des politiques environnementales entre Etats américains sur la période 1974-2018. Nos résultats suggèrent une structure de réseau inefficace, impactant la vitesse de diffusion des politiques à travers le territoire. Nous identifions les Etats du Minnesota, de la Californie et de la Floride comme les principaux « facilitateurs » de la dynamique de diffusion. Cibler ces Etats maximise les chances de diffusion à travers le pays. Par la suite, nous évaluons les déterminants du réseau inféré. Les résultats soulignent le rôle de la contiguité entre Etats, ainsi que leurs niveaux de richesse (PIB par hab.) dans la transmission des politiques environnementales. La soutenabilité du système économique et les potentiels coûts liés au changement climatique à l’horizon 2080 sont également des facteurs significatifs expliquant la diffusion des politiques entre certains Etats américains.


WP 2020.11 Promoting discount schemes as a nudge strategy to enhance environmental behaviour

Julie Metta

Résumé
Ce papier présente les effets du « nudging » (aussi appelée « coup de pouce ») et des instruments directs sur le choix du consommateur en faveur des gobelets réutilisables plutôt que des gobelets jetables. Ces instruments comprennent une incitation financière (systèmes de rabais pour les consommateurs qui apportent leur propre gobelet) et une communication sur le système. Les conditions requises pour que la politique des magasins soit efficace (c’est-à-dire induire un changement dans le comportement des consommateurs par une communication directe et indirecte) sont également évaluées. Une base de données originale a été constituée à partir d’observations structurées sur 223 cafés de Hong Kong, où 522 points de données ont été recueillis. Deux stratégies ont été utilisées pour répondre aux questions de recherche. Premièrement, des approches économétriques logistiques permettent d’estimer les effets des politiques sur le comportement des consommateurs. Deuxièmement, une analyse comparative qualitative identifie les conditions requises pour que les consommateurs utilisent des tasses réutilisables. Les résultats ne montrent aucun effet significatif de l’incitation financière sur les consommateurs ciblés, mais des effets positifs et significatifs sur les autres consommateurs qui passent aux gobelets réutilisables en magasin au lieu des gobelets jetables. Grâce à une communication efficace sur la politique des magasins « respectueux de l’environnement », les cafés ont une influence positive sur le comportement des consommateurs à l’égard des gobelets réutilisables. J’observe que les tasses ont des effets plus importants que les instruments financiers sur le changement de comportement des consommateurs, même lorsque les paramètres tiennent compte de comportements fortement conservateurs. L’analyse des typologies de cafés indique que les cafés qui ciblent un public plus aisé sont plus susceptibles d’atteindre leurs objectifs politiques grâce à la stratégie du « coup de pouce ».


WP 2020.10 Recycling under environmental, climate and resource constraints

Publié dans Resource and Energy Economics (2022), 67, 101278.

Gilles Lafforgue – Etienne Lorang

Résumé
Nous examinons l’opportunité d’un recours au recyclage au sein d’une filière industrielle, en prenant en compte les contraintes de disponibilité des ressources, d’accumulation des déchets et d’externalité climatique. Un bien final de consommation est produit à partir de matériaux vierges et/ou recyclés, et sa consommation génère à la fois des déchets et des émissions de GES. Nous identifions les trajectoires optimales d’utilisation des ressources, principalement en fonction des taux d’émission de chaque ressource et de la rareté relative de leurs stocks. Le recyclage peut être l’occasion de réduire l’impact de la consommation sur les ressources primaires et l’accumulation de déchets, mais peut toujours avoir des répercussions sur l’environnement. Nous caractérisons la stratégie optimale de recyclage et nous montrons que, dans certains cas, la dynamique du taux de recyclage affiche une trajectoire en U inversé. Enfin, nous examinons les implications politiques de notre modèle en identifiant et en analysant l’ensemble des choix optimaux de taxes/subventions.


WP 2020.09 Confronting climate change: Adaptation vs. migration strategies in Small Island Developing States

Lesly Cassin – Paolo Melindi Ghidi – Fabien Prieur

Résumé
Ce papier examine la politique d’adaptation optimale des petits États insulaires en développement (PEID) pour faire face au changement climatique. Nous construisons un problème d’optimisation dynamique pour intégrer les ingrédients suivants : (i) la production locale utilise la main-d’œuvre et le capital naturel, qui est dégradé par le changement climatique ; (ii) les gouvernements ont deux options politiques principales : contrôler la migration et/ou les mesures d’adaptation conventionnelles ; (iii) les décisions de migration entraînent des changements dans la taille de la population ; (iv) les expatriés envoient des fonds dans leur pays d’origine. Nous montrons que la politique optimale dépend de l’interaction entre les deux instruments politiques qui peuvent être soit complémentaires soit substitutifs selon les caractéristiques individuelles et les conditions initiales. En utilisant une analyse numérique basée sur le calibrage du modèle pour différents PEID, nous identifions que seules les grandes îles utilisent les deux outils dès le début, alors que pour les pays plus petits, il y a une substitution entre la migration et l’adaptation conventionnelle à la période initiale.


WP 2020.08 A simple Ricardo‐Malthusian model of population, deforestation and biodiversity loss

Laté Ayao Lawson

Résumé
Ce papier s’intéresse aux interaction entre les sociétés humaines et la nature, soutenant que la croissance démographique et l’exploitation des ressources forestières entraînent une conversion de l’habitat naturel, qui se traduit par la perte de la biodiversité. Nous appuyant sur le comportement des agents économiques (maximisation du profit et de l’utilité), nous décrivons l’évolution conjointe du stock de population, de forêt et d’espèces par un système dynamique caractérisé par un état stationnaire localement stable. Par rapport aux études existantes, nous mettons en avant la possibilité d’une extinction totale des espèces biologiques (forêts vides). De plus, notre analyse soutient qu’une cohabitation pacifique entre l’homme et la nature est difficilement réalisable, car en présence de la croissance de la population humaine, les ressources forestières et les stocks d’espèces divergent de leur capacité (stock) initiale. Enfin, des analyses de scénarios caractérisés par une forte fécondité et une préférence pour de biens à fortes empreintes écologiques indiquent une croissance démographique rapide suivie d’une baisse soudaine..


WP 2020.07 Optimal Environmental Radical Activism

Mireille Chiroleu-Assouline – Ariane Lambert-Mogiliansky

Résumé
Nous étudions le problème auquel sont confrontés les militants qui veulent maximiser le respect par les entreprises de normes environnementales élevées. Nous nous concentrons sur l’activisme radical qui repose sur la désobéissance civile non violente. Les actions disruptives et la menace de telles actions sont utilisées pour forcer les entreprises à céder, c’est-à-dire à s’engager dans l’autorégulation. Nous nous intéressons à l’utilisation optimale des ressources limitées des activistes en information incomplète, et nous examinons un mécanisme général, directement adapté de la théorie des enchères optimales de Myerson (1981). La caractérisation indique que les entreprises les moins vulnérables et les plus polluantes devraient être ciblées par des actions perturbatrices tandis que les autres se voient accorder une garantie de ne pas être ciblées en échange d’une concession. Cette caractérisation permet d’étudier les déterminants de la force de l’activiste et la façon dont il est affecté par la répression, une caractéristique centrale de la désobéissance civile. Nous constatons que l’activisme radical optimal est relativement résistant à la répression. Dans une extension qui tient compte de l’asymétrie entre les coûts d’abattement des entreprises, nous constatons que le mécanisme optimise l’allocation des efforts d’abattement et crée des incitations à l’innovation. Nous discutons de certaines autres propriétés de bien-être de l’activisme optimal.


WP 2020.06 Optimism on Pollution-Driven Disasters and Asset Prices

Shiba Suzuki – Hiroaki Yamagami

Résumé
Cet article explore comment l’optimisme des investisseurs sur la vrasemblance des catastrophes provoquées par la pollution affecte les prix des actifs. La pollution émise par les activités économiques augmente la probabilité d’occurrence de catastrophes. Cependant, l’interaction entre les activités économiques, la pollution et les catastrophes est difficile à mesurer correctement. Ainsi, les investisseurs prennent une décision basée sur l’estimation subjective ; en particulier, ils évaluent subjectivement la probabilité des catastrophes qui est inférieure à la probabilité objective. Cet article démontre que les primes relatives aux actions sous l’espérance objective ne sont significativement plus élevées que celles sous l’espérance subjective si un agent représentatif a une haute élasticité de substitution intertemporelle. L’écart dans les rendements des actifs est lié à la propension des individus d’actualiser des événements dans un « avenir lointain » comme dans la littérature.


WP 2020.05 Does Becoming Richer Lead to a Reduction in Natural Resource Consumption? An Empirical Refutation of the Kuznets Material Curve

Dorothée Charlier – Florian Fizaine

Résumé
Au cours des trois dernières décennies, de nombreux pays industrialisés ont connu une croissance économique qui s’est accompagnée d’une augmentation substantielle de l’utilisation des matériaux. Ce fait remet en question la relation entre l’utilisation de la biomasse, des combustibles fossiles et des minéraux et la croissance économique. À l’aide d’une courbe de Kuznets des matériaux, cette étude cherche à savoir si l’utilisation des matériaux atteint spontanément un maximum pour un niveau de développement donné et diminue par la suite. En utilisant un nouvel indicateur, l’empreinte matérielle (qui quantifie tous les matériaux extraits pour produire la demande finale d’un pays, y compris les matériaux incorporés dans les importations), nous étudions ce lien en confrontant pour la première fois différentes méthodologies dans une même étude empirique. Plus particulièrement, nous mesurons l’évolution de l’élasticité de l’empreinte matérielle (par habitant) par rapport au PIB (par habitant) de quatre manières différentes. Comme principaux résultats, tous les modèles aboutissent à une même nature et semblent indiquer un lien fort et permanent entre la croissance économique / le développement économique et la consommation de matières premières. Il n’y a aucun signe de découplage fort. L’amélioration du développement et de l’adoption des technologies devient une urgence.


WP 2020.04 Fuel Poverty and Health: a Panel Data Analysis

A paraître dans Revue d’Economie Politique.

Romanic Baudu – Dorothée Charlier – Bérangère Legendre

Résumé
La protection et l’amélioration de la santé et l’atténuation du changement climatique ont un programme commun. Dans cet article, nous contribuons à la littérature en évaluant le lien entre la précarité énergétique et la santé sur données de panel. À l’aide de modèles probit dynamiques, nous examinons l’influence de la précarité énergétique sur la santé. Nous contrôlons la dépendance de l’état de santé, car nous considérons que l’état de santé est étroitement lié aux trajectoires sanitaires antérieures. Étant donné que l’hétérogénéité non observée pourrait influencer simultanément l’état de santé et la précarité énergétique, nous avons corrigé le biais d’endogénéité qui pourrait affecter nos résultats. Nous concluons que le fait d’être pauvre énergétique augmente le risque de mauvaise santé d’un peu plus d’un facteur 7 pour ceux dont la santé est déjà mauvaise et de 1,82 pour ceux qui sont en bonne santé. Pour les décideurs politiques, la lutte contre la précarité énergétique réduit les sources d’inconfort qui peuvent également affecter gravement la santé des habitants d’un logement.


WP 2020.03 The effects of migration and pollution on cognitive skills in Caribbean economies: a theoretical analysis

Publié dans Environment and Development Economics (2020), 25, 657-686.

Lesly Cassin

Résumé
Ce travail analyse les interactions entre les caractéristiques démographiques et les contraintes environnementales dans les Petits États Insulaires en Développement des Caraïbes. Plus spécifiquement, il s’agit de clarifier l’impact de la migration en présence de pollution. Pour ce faire, un modèle à Générations Imbriquées est développé pour reproduire les caractéristiques de ces pays, qui dépendent fortement des gains de la migration tels que le brain gain ou les rémittences. Par ailleurs, la production émet une pollution qui entrave l’accumulation de capital humain. Deux cas émergent de l’analyse, dans le premier une politique environnementale est suffisante pour corriger l’externalité et dans ce cas la migration a les même effets qu’en l’absence de pollution. Dans le deuxième cas, si les émissions de pollution sont élevées par rapport à l’efficacité de la politique environnementale, la migration permet d’obtenir une augmentation de la production par habitant et du capital humain. Ceci se produit uniquement si le taux d’émigration est déjà élevé grâce à la réduction de la pression démographique sur l’environnement.


WP 2020.02 Individual preferences regarding pesticide-free management of green-spaces: a discret choice experiment with French citizens

Publié dans Revue Economique (2021), 72, 947-967.

Pauline Laille – Marianne Lefebvre – Masha Maslianskaia-Pautrel

Résumé
Suite à l’interdiction d’utilisation des pesticides dans les espaces verts urbains français à partir du janvier 2017, les gestionnaires des espaces verts doivent modifier leurs pratiques. Comprendre les préférences des citoyens pour les espaces verts dont les caractéristiques sont modifiées par l’interdiction des pesticides constitue un complément utile à la recherche technique sur les solutions de gestion alternative à celle avec des pesticides. Un discret choice experiment (DCE) en ligne sur un échantillon représentatif de la population française a été mis en place pour analyser les préférences concernant les caractéristiques présentant un intérêt direct pour les utilisateurs (aspect visuel, possibilités de loisirs et campagne d’information sur les espaces verts sans pesticides), ainsi que des caractéristiques pour lesquelles les préférences individuelles sont plutôt indirectes telles que l’abondance de la faune, les conditions de travail des agents d’entretien des espaces verts ou le budget consacré à leur gestion. Nous constatons que tous les attributs retenus ont un impact significatif sur le choix des répondants. Tous les citoyens dévaluent en grande partie les options avec une augmentation importante du budget mais les préférences vis-à-vis d’autres attributs sont différentes selon la fréquence de visite des espaces verts. La plupart des utilisateurs préfèrent l’aspect visuel naturel à l’aspect contrôlé, mais ces préférences sont plus importantes chez les utilisateurs qui visitent les espaces verts plus souvent. La fréquence des visites affecte en particulier les préférences vis-à-vis de l’abondance de la faune (appréciée uniquement par les « visiteurs fréquents ») et la campagne d’information (appréciée uniquement par les « visiteurs non-fréquents »).


WP 2020.01 Technology Contagion in Networks

Publié dans Climate Policy (2021), 21, 719-744.

Côme Billard

Résumé
Nous représentons un système social comme un réseau d’agents et modélisons le processus de diffusion d’une technologie suivant un principe de contagion. En fixant les conditions nécessaires pour qu’un agent adopte la technologie, nous apportons des réponses aux questions visant la maximisation de la diffusion d’une technologie sujet à une loi de Moore (ex. modules photovoltaïque). Nous focalisons particulièrement notre attention sur l’impact de la structure du réseau d’agents et des effets d’apprentissage sur la diffusion. Pour ce faire, nous étudions trois classes de réseaux d’agents (ie. réseaux lattice, small world et random). Nos résultats numériques montrent que les réseaux lattice et small-world facilitent la contagion technologique. Ces réseaux ont la caractéristique d’avoir des niveaux de clustering élevés, et des contacts supplémentaires augmentent la probabilité de contagion dans le réseau. A l’inverse, les réseaux disposant d’un niveau de clustering faible garantissent une vitesse de diffusion équivalente avec une plus faible variance dans le nombre d’adoptants final. Quelle que soit la structure du réseau, des effets d’apprentissage supérieurs facilitent la diffusion de la technologie dans les réseaux.

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