2019

WP 2019.23 Ecological compensation: how much and where?

Pascal Gastineau – Pascal Mossay – Emmanuelle Taugourdeau

Résumé
Cet article analyse les choix de localisation de la compensation écologique dans un modèle où le planificateur doit assurer l’absence de perte nette de biodiversité tout en respectant d’une part, un principe d’absence de perte nette de bien-être social et d’autre part, une contrainte sur la localisation de la compensation. Nous déterminons ainsi la localisation et le niveau de compensation permettant de minimiser le cout total de la compensation écologique. Nous décrivons les coûts écologiques supplémentaires induits par le respect du principe de « non perte nette de bien-être » et analysons comment la répartition spatiale des individus, de l’environnement et les coûts fonciers affectent le choix du lieu de la compensation. Nous montrons enfin comment la contrainte de localisation induit un arbitrage entre coût de la compensation et inégalité de bien-être individuel.


WP 2019.22 On Climate Agreements with Asymmetric Countries: Theory and Experimental Results

Charles F. Mason

Résumé
Je modélise des accords climatiques internationaux entre des pays asymétriques qui doivent sélectionner des trajectoires d’émissions de CO2. Les prédictions de ce modèle impliquent de plus larges réductions par les « grands » pays, mais des réductions proportionnellement plus larges par les « petits » pays. J’analyse alors des données expérimentales qui nous éclairent que ce sujet. Contrairement aux prédictions théoriques, je trouve que de plus petits pays ne réduisent pas leurs émissions proportionnellement par rapport à l’équilibre de Nash de sorte que les plus grands pays sont pénalisés. De plus, les émissions globales sont indiscernables des émissions à l’équilibre de Nash non répété. Ce résultat pessimiste étend le résultat, courant dans la littérature, selon lequel les négociations dans des jeux répétés similaires (mais avec joueurs symétriques) ne permettent pas d’espérer d’accords significatifs. Une explication possible de ces résultats est l’aversion aux inégalités.


WP 2019.21 Altruistic Foreign Aid and Climate Change Mitigation

Antoine Bommier – Amélie Goerger – Arnaud Goussebaïle – Jean-Philippe Nicolaï

Résumé
Ce papier souligne l’importance de traiter conjointement les questions d’environnement et de développement. Nous considérons un pays développé altruiste et plusieurs pays en développement hétérogènes. Nous démontrons que le manque de coordination entre les pays dans la lutte contre le changement climatique se résout simplement si les pays en développement peuvent s’attendre à recevoir des transferts du pays développé. La chronologie des décisions est centrale dans le mécanisme: les aides au développement doivent être déterminées après les choix de réduction de pollution. La principale restriction de notre résultat est qu’il n’est valable que si le pays développé est suffisamment altruiste pour effectuer des transferts positifs aux pays en développement. Néanmoins, même d’un point de vue purement égoïste, il peut être profitable pour le pays développé d’être plus altruiste, ceci conduisant à un niveau de bien-être supérieur pour tous les pays.


WP 2019.20 Hedonic estimation of the green value of residential housing

Catherine Baumont – Masha Maslianskaia-Pautrel – Pierre Voyé

Résumé
La gestion de la demande d’énergie dans le secteur résidentiel pourrait se faire en promouvant des habitats efficaces en énergie. Nous supposons que les ménages, en adoptant des comportements verts sont prêts à payer un prix plus élevé pour acquérir des habitations vertes. Cette valeur « ajoutée » s’appelle « valeur verte ». Ce papier étudie l’impact de la mesure de l’efficacité énergétique, certifiée par le Diagnostic de Performance Energétique (DPE), sur le prix des habitations. Pour cela, nous appliquons la méthode des prix hédoniques au marché immobilier – maisons et appartements – de la zone urbaine de Dijon entre Janvier 2013 et Décembre 2014. Les résultats obtenus, indiquent que l’impact des DPE est principalement observé pour les classes les moins performantes. L’impact négatif dépend du type de marché : il est plus faible pour le marché des appartements. Nous montrons aussi que la proximité à des aménités vertes – en-dehors de la ville – a un effet positif, mais uniquement pour le marché des maisons.


WP 2019.19 Improving Farm Environmental Performance through Technical Assistance: Empirical Evidence on Pesticide Use

Margaux Lapierre – Alexandre Sauquet – Julie Subervie

Résumé
En 2008, le gouvernement français a annoncé un changement important dans la politique agricole, appelant à réduire de moitié l’utilisation des pesticides dans les dix prochaines années. Depuis lors, il a consacré 40 millions d’euros par an à la mise en œuvre du plan Ecophyto. Dans cet article, nous évaluons le succès de ce programme en nous concentrant sur son dispositif phare, qui fournit une assistance technique gratuite à 3000 fermes pilotes volontaires depuis 2011. Pour cela, nous utilisons des données de panel collectées auprès d’un échantillon représentatif de vignobles français, connus comme les systèmes de production qui utilisent le plus de pesticides. Nous utilisons différentes approches quasi-expérimentales pour estimer l’impact de la participation au programme sur l’utilisation de pesticides et le rendement des cultures. Nous constatons que les participants ont réussi à réduire de 8 à 22% l’utilisation de pesticides, grâce au programme. Nous montrons en outre que la réduction de l’utilisation de produits chimiques s’est accompagnée d’une augmentation de l’utilisation de produits de biocontrôle. Enfin, nous montrons que ce changement de pratiques a entraîné une réduction des rendements pour une fraction des exploitations participantes, tandis que d’autres semblent avoir maintenu les rendements. Bien qu’inférieurs aux attentes du gouvernement français, ces résultats semblent plutôt encourageants, car ils suggèrent qu’un programme d’assistance technique peut être efficace pour réduire de manière significative l’utilisation de pesticides dans le secteur agricole.


WP 2019.18 Limit pricing, climate policies, and imperfect substitution

Publié dans Resource and Energy Economics (2019), 58, 101118.

Gerard van der Meijden – Cees Withagen

Résumé
Les effets des politiques climatiques sont souvent étudiées sous les hypothèses de concurrence parfaite et de coûts marginaux d’extraction constants. Dans ce papier, nous considérons une offre de fuels fossiles monopolistique et des fonctions de coûts plus générales. Ces hypothèses, combinées à la présence de ressources renouvelables parfaitement substituables aux fuels fossiles, donnent lieu à une pratique de prix limite. L’équilibre peut générer les quatre phases d’offre suivantes : offre exclusive de fuels fossiles en dessous du prix-limite, offre exclusive de fuels fossiles au prix limite, offre simultanée de fuels fossiles et de renouvelables au prix limite, et offre exclusive de renouvelables au prix limite. L’impact des politiques climatiques sur l’extraction initiale de fuels fossiles dépend du type de la phase initiale : dans le cas d’une offre initiale exclusivement constituée de fuels fossiles au prix limite, une subvention aux renouvelables accroit l’extraction initiale, alors qu’une taxe carbone n’affecte pas l’extraction initiale. Dans le cas d’une offre initiale simultanée de fuels et de renouvelables au prix limite ou dans le cas d’une offre initiale exclusive de fuels fossiles en dessous du prix limite, une subvention aux renouvelables et une taxe carbone réduisent l’extraction initiale. Ces deux politiques réduisent l’extraction cumulée de fuels fossiles. Si les fuels fossiles et les renouvelables sont des substituts imparfaits, mais d’assez bons substituts, le monopole adoptera un comportement qui ressemble à la pratique de prix limite, en maintenant un prix effectif des fuels assez proche de celui des renouvelables pendant une certaine période.


WP 2019.17 Linking Permit Markets Multilaterally

A paraître dans Journal of Environmental Economics and Management.

Baran Doda – Simon Quemin – Luca Taschini

Résumé
Nous étudions formellement les déterminants, la magnitude et la distribution des gains d’efficacité générés par des liaisons multilatérales entre marchés de permis échangeables (linking). Nous établissons deux nouveaux résultats de décomposition pour ces gains, caractérisons les préférences individuelles entre les différents groupes de linking possibles, et montrons que nos résultats sont essentiellement inchangés par l’adjonction d’une dimension stratégique en termes de sélection des caps domestiques d’émissions, ou par la possibilité de banking et borrowing intertemporel. Nous quantifions ces gains d’efficacité en nous basant sur les contributions au sein de l’Accord de Paris et sur les données historiques d’émissions des secteurs électriques de cinq pays qui ont tous recours, ou ont tous considérés avoir recours, aux marchés de permis et au linking. Les gains calculés peuvent être importants et sont attribuables de façon quasiment équitable à un partage des efforts d’abattement et des risques associés.


WP 2019.16 The Social Cost of Carbon and the Ramsey Rule

Cees Withagen

Résumé
Le but de ce papier est d’examiner de manière critique l’utilisation de règles simples pour le calcul du coût social du carbone qui reviennent à une forme rudimentaire de la règle de Ramsey. Deux problèmes se présentent qui dépendent l’un de l’autre. Premièrement, si le changement climatique pose un vrai problème, la constance du taux de croissance du PIB et de la consommation, supposée par plusieurs contributeurs majeurs, est difficilement justifiable. Deuxièmement, le calcul du coût social optimal du carbone requiert la connaissance de l’intégralité du futur de l’économie, malgré les manières couramment utilisées pour éviter ce problème. En outre, il est démontré que la dérivation de plusieurs règles simples souffre d’incohérences.


WP 2019.15 French Attitudes over Climate Change and Climate Policies

Publié dans Ecological Economics (2020), 169, 106496.

Thomas Douenne – Adrien Fabre

Résumé
Cet article a pour objectif d’évaluer les perspectives de la politique climatique française après que la crise des gilets jaunes a stoppé l’augmentation prévue de la taxe carbone. À partir d’une large enquête représentative, nous étudions les connaissances, perceptions et valeurs sur le changement climatique, nous examinons les opinions relatives à la taxation du carbone, et nous évaluons le soutien à d’autres politiques climatiques. Une attention particulière est accordée au lien entre les perceptions du changement climatique et les attitudes politiques. L’article étudie également en détail les déterminants des attitudes en termes de variables politiques et socio-démographiques. Parmi les nombreux résultats, nous constatons que malgré des connaissances limitées, le changement climatique suscite beaucoup d’inquiétude. Nous documentons un large rejet de la taxe carbone, mais un soutien majoritaire en faveur de normes plus strictes et d’investissements verts, et révélons les raisons qui sous-tendent ces préférences. Notre étude comporte des recommandations politiques, en particulier une campagne d’information sur le changement climatique. En effet, nous constatons que la préoccupation climatique renforce le soutien en faveur des politiques climatiques, mais qu’il n’y a aucune preuve que cette préoccupation souffre de biais partisans comme aux États-Unis, ce qui suggère qu’un meilleur accès à la science pourrait favoriser le soutien à l’écologie.


WP 2019.14 Energy Conversion Rate Improvements, Pollution Abatement Efforts and Energy Mix: The Transition toward the Green Economy under a Pollution Stock Constraint

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux

Résumé
Trois options sont couramment envisagées pour prévenir le dérèglement climatique: l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement d’alternatives renouvelables aux combustibles fossiles et la séquestration des émissions de CO2. Nous étudions la combinaison optimale de ces trois options dans un modèle dynamique stylisé. L’énergie utile est produite à partir de deux sources: une ressource fossile non renouvelable polluante et une ressource renouvelable non carbonée. L’efficience de conversion énergétique de l’énergie fossile en énergie utile peut être améliorée au prix d’efforts coûteux. L’économie peut abattre et séquestrer ses émissions potentielles mais des taux de capture plus élevés sont aussi plus coûteux à réaliser. L’objectif de la société est de stabiliser la concentration atmosphérique en CO2 sous un certain seuil, ou plafond carbone. Dans le cas empiriquement pertinent où l’économie serait effectivement contrainte par le plafond carbone, nous montrons que le sentier optimal est composé de quatre phases successives: une phase « avant plafond » durant laquelle l’économie accumule du carbone dans l’atmosphère sans être encore contrainte par le plafond, suivie d’une phase contrainte par le plafond, puis d’une phase non contrainte d’exploitation de l’énergie fossile au-dessous du plafond, enfin d’un régime d’économie « verte », consommant 100 % d’énergie renouvelable. Si l’option séquestration est économiquement pertinente, la capture des émissions doit débuter avant la phase au plafond à un rythme croissant et se poursuivre à un rythme décroissant au cours de la phase au plafond, la séquestration devant cesser strictement avant la date de sortie définitive du plafond. La performance de conversion énergétique doit elle augmenter, à l’exception d’une sous-phase au plafond au cours de laquelle elle doit être maintenue à un niveau constant. L’énergie renouvelable prend de plus en plus d’importance dans le mix énergétique. Le niveau absolu du flux d’émissions polluante diminue en permanence mais l’évolution des émissions par unité d’énergie utile produite suit un profil d’évolution non monotone, étant d’abord décroissant, puis croissant, puis finalement décroissant.


WP 2019.13 Ambitious Emissions Goal as a Strategic Preemption

Hiroaki Yamagami – Ryo Arawatari – Takeo Hori

Résumé
Nous étudions un jeu politique dans lequel un législateur fixe un objectif national des émissions et choisit un instrument, tarification du carbone (TC) ou quota. Nous montrons que, face à un objectif d’émissions proposé dans un accord environnemental international, le régulateur peut choisir un objectif plus strict que le niveau proposé. Nous définissons ce but strict comme un « but ambitieux ». Nous montrons que le but ambitieux des émissions constitue une stratégie pour le législateur permettant d’empêcher le lobbying de l’industrie à une étape suivante. Nous supposons aussi que, si la TC est introduite, un concours de recherche de rente pour le remboursement des revenus de la TC a lieu. Si le concours est assez coûteux sur le plan social, la TC n’est plus un instrument optimal. Nous étendons finalement le modèle du cas d’un pays à celui de deux pays symétriques, et nous étudions un équilibre de Nash où les deux pays s’engagent sur des buts ambitieux des émissions.


WP 2019.12 Prix FAERE 2019 du meilleur article de jeunes économistes

Carbon Pricing and Power Sector Decarbonisation: Evidence from the UK

Publié dans Journal of Environmental Economics and Management (2022), 111, 102580.

Marion Leroutier

Résumé
Le secteur de la production d’électricité et de chaleur représente 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2016. Différentes mesures ont été déployées ces dernières années aux niveaux régional, national et supranational afin de décarboniser la production électrique. Cet article s’intéresse à un nouvel instrument de prix carbone mis en œuvre par le Royaume-Uni en 2013, le prix plancher du carbone. Après avoir décrit la récente décarbonisation de la production d’électricité britannique ainsi que les mécanismes sous-jacents pouvant expliquer ce phénomène, l’article applique la méthode de contrôle synthétique pour capturer de façon causale l’impact du prix plancher sur carbone sur les émissions de CO2. L’impact d’autres facteurs ayant pu jouer un rôle dans la récente baisse des émissions est discuté. La baisse d’émissions associée au prix plancher du carbone britannique varie entre 106 et 185 millions de tonne d’équivalent CO2 sur la période 2013-2017, en fonction de la spécification utilisée. En 2017, les émissions totales du secteur de production électrique sont réduites de 41% à 49% par rapport au contrefactuel. Différents tests placebo sont appliqués afin de prouver la relation causale. Cet article montre qu’une taxe carbone appliquée aux combustibles polluants utilisés pour la production d’électricité peut permettre de réduire de façon substantielle les émissions de ce secteur.


WP 2019.11 Social Cost of Carbon under stochastic tipping points: when does risk play a role?

Nicolas Taconet – Céline Guivarch – Antonin Pottier

Résumé
Les émissions de gaz à effet de serre imposent un coût social aux économies du fait des dommages que le changement climatique causera dans le futur. En particulier, elles entraînent le risque de franchir des seuils critiques dans le système climatique ou économique, ce qui engendrerait des dommages importants. Par nature incertains, considérer ces seuils critiques augmente les dommages espérés, ainsi que la dispersion des dommages possibles – c’est-à-dire le risque. Ces deux dimensions réhaussent le coût social du carbone. Cependant, les contributions respectives des dommages espérés et du risque n’ont pas été évaluées. Nous développons une méthode simple pour comparer à quel point les dommages espérés permettent d’expliquer la valeur sociale du carbone, par rapport au risque induit par un seuil critique stochastique. Les résultats montrent que les dommages espérés comptent pour 90% de la valeur sociale du carbone pour des chocs sur la productivité inférieurs à 10%, c’est-à-dire la fourchette haute des dommages considérés dans les modèles intégrés. Des chocs élevés combinés à une grande aversion au risque sont nécessaires pour que le risque joue un rôle. Cela fournit une explication au fait que l’aversion au risque joue un rôle étonnamment modeste dans l’évaluation du coût social du carbone dans la plupart des études (le  »risk aversion puzzle »): des plages de dommages trop restreintes seraient responsables de cette faible influence de l’aversion au risque.


WP 2019.10 Can We Reconcile French People with the Carbon Tax? Disentangling Beliefs from Preferences

Publié dans American Economic Journal: Economic Policy (2022), 14, 81-110 untitled « Yellow vests, pessimistic beliefs, and carbon tax aversion ».

Thomas Douenne – Adrien Fabre

Résumé
A partir d’une nouvelle enquête et de données d’enquêtes ménages nationales, nous étudions les perceptions des Français vis-à-vis de la taxe carbone. Nous trouvons que les Français rejettent largement une taxe dont le revenu serait redistribué uniformément aux ménages. Toutefois, leurs perceptions des propriétés de ces taxes sont biaisées : les individus surestiment l’effet négatif de la politique sur leur pouvoir d’achat, pensent incorrectement qu’elle est régressive, et qu’elle est inefficace pour réduire la pollution. Notre analyse économétrique montre que corriger ces trois biais serait suffisant pour générer une approbation majoritaire. Néanmoins, nous trouvons que les croyances des individus sont persistantes, et leurs révisions biaisées de façon pessimiste, rendant la correction de ces biais difficile.


WP 2019.09 The economic value of NBS restoration measures and their benefits in a river basin context: A meta-analysis regression

Nabila Arfaoui – Amandine Gnonlonfin

Résumé
Notre article recueille les estimations monétaires des Solutions Basées sur la Nature (NBS) et de leurs bénéfices en termes de services écosystémiques. Il s’intéresse particulièrement aux NBS dans une approche de restauration et dans un contexte de bassin. Une base de données de 187 estimations monétaires a été construite et a permis d’estimer une méta-régression qui étudie la manière dont les individus valorisent ces NBS et leurs bénéfices. Nos résultats montrent que les individus attachent de l’importance aux services écosystémiques liés, en particulier, à la régulation du climat, à la régulation de l’environnement local, aux activités de loisirs et à la préservation de la biodiversité et des habitats. Nos résultats montrent aussi que les NBS visant la restauration des plaines inondables et des cours d’eau sont plus valorisées. Par ailleurs, nous montrons que les variables méthodologiques influencent de façon marginale le Consentement à Payer (CAP) estimé. En effet, les moyens de paiement, les méthodes économétriques ainsi que les modes d’enquête ne sont pas significatifs. Cependant, le CAP estimé par la méthode contingente est significativement différent de la valeur estimée par la méthode d’expérimentation. Enfin, les études réalisées aux États-Unis et en Europe révèlent un CAP supérieur à celles réalisées en Asie.


WP 2019.08 Can the environment be an inferior good? A theory with context-dependent substitutability and needs

Marion Dupoux – Vincent Martinet

Résumé
Les modèles théoriques supposent souvent que l’environnement est un bien normal, quel que soit le niveau de revenu. Toutefois, a priori, rien n’interdit qu’un bien environnemental soit normal pour certains individus et inférieur pour d’autres. Nous développons un cadre conceptuel dans lequel la consommation privée et le bien public environnemental sont substituables ou complémentaires pour satisfaire différents besoins. Ainsi, l’environnement peut basculer de la catégorie de bien normal à celle de bien inférieur en fonction du revenu et de la qualité de l’environnement. Si l’environnement est inférieur pour une certaine fourchette de revenus, alors le consentement de payer pour la préservation de l’environnement devient non monotone, ce qui a des répercussions sur les transferts de bénéfices environnementaux.


WP 2019.07 The Fossil Energy Interlude: Optimal Building, Maintaining and Scraping a Dedicated Capital, and the Hotelling Rule

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux – Manh-Hung Nguyen

Résumé
Il est bien connu que les sentiers de prix et de consommation de la plupart des ressources non renouvelables, y compris les ressources énergétiques primaires, diffèrent des sentiers prédits par la règle d’Hotelling (Krautkramer, 1998; Gaudet, 2007). Nous proposons un modèle dans lequel, pour produire de l’énergie utile deux facteurs sont nécessaires, une ressource primaire et des biens capitaux dédiés. Partant d’un état de la société dans lequel l’énergie fossile n’est pas encore exploitée, nous caractérisons le sentier optimal d’une double transition. La première au cours de laquelle l’énergie fossile se substitue à l’énergie renouvelable, la seconde au cours de laquelle l’énergie fossile est progressivement abandonnée au profit de l’énergie renouvelable. Nous montrons qu’il existe un plateau d’exploitation maximale de la ressource fossile plutôt qu’un pic et que le sentier ne suit ce que prédit la règle d’Hotelling qu’au cours de la phase de régression de l’utilisation de la ressource non renouvelable.


WP 2019.06 Mineral Resources for Renewable Energy: Optimal Timing of Energy Production

Publié dans Resource and Energy Economics (2020), 59, 101131.

Adrien Fabre – Mouez Fodha – Francesco Ricci

Résumé
La production d’énergie à partir de sources renouvelables est plus intensive en minerais que celle de sources fossiles. La rareté de certains minerais limite le potentiel de substitution de ressources fossiles par des renouvelables. Cependant, les minerais peuvent être recyclés à la différence des ressources fossiles. On présente un modèle intertemporel pour analyser la dynamique du mix énergétique optimal en présence d’énergie fossile et renouvelable, mais intensive en minerais. On étudie le cas où le fossile et les minerais sont rares, mais seuls les minerais sont recyclables. On montre que mieux on recycle les minerais, plus le mix énergétique devrait s’appuyer sur les renouvelables, et le plus tôt devrait avoir lieu l’investissement dans la capacité de production d’énergie d’origine renouvelable. Ces résultats sont confirmés en présence d’autres facteurs influençant le calendrier d’utilisation optimale des ressources : l’amélioration de la productivité dans le sous-secteur des renouvelables, la substituabilité imparfaite entre les deux types de sources d’énergie, la convexité des coûts d’extraction de minerais, et la pollution résultant de l’utilisation des ressources fossiles.


WP 2019.05 Disaster risks, disaster strikes and economic growth: the role of preferences

Thomas Douenne

Résumé
Le papier étudie le rôle des préférences vis-à-vis du lien entre désastres et croissance. Il présente un modèle de croissance endogène avec désastres et préférences récursives permettant d’obtenir des solutions de forme fermée. Le modèle distingue le risque et l’occurrence des désastres, et met en lumière les nombreux mécanismes au travers desquels ils affectent chacun la croissance. Il est montré que séparer l’aversion au risque et l’aversion aux fluctuations inter-temporelles a des implications majeures et conduit à des résultats qualitativement plus riches, permettant de mieux comprendre ces mécanismes. La calibration du modèle montre que, pour des valeurs standards de paramètres, la restriction supplémentaire imposée par l’utilité espérée peut également conduire quantitativement à des biais importants vis-à-vis de la politique d’atténuation du risque optimale et du sentier optimal de croissance. Le papier suggère donc d’étendre l’usage des préférences récursives à la modélisation des désastres, en particulier les désastres environnementaux et le changement climatique.


WP 2019.04 Incentives, Pro-social Preferences and Discrimination

Raphaël Soubeyran

Résumé
Dans cet article, j’étudie comment un principal peut inciter, à moindre coût, un groupe d’agents ayant des préférences pro-sociales à se coordonner lorsqu’il existe des externalités de réseau entre ces agents. Je montre que les préférences pro-sociales des agents – en particulier une préférence pour la somme des gains des agents et/ ou pour le gain minimum – entraînent une diminution du coût de mise en œuvre pour le principal, une diminution du gain de chaque agent, et une augmentation de la discrimination. Le modèle peut être appliqué dans différents contextes et il a des implications politiques pour la conception de politiques qui soutiennent l’adoption de nouvelles technologies, pour motiver un groupe de travailleurs ou pour induire une coordination réussie d’un groupe d’ONG.


WP 2019.03 Prediction is difficult, even when it’s about the past: a hindcast experiment using Res-IRF, an integrated energy-economy model

A paraître dans Energy Economics

David Glotin – Cyril Bourgeois – Louis-Gaëtan Giraudet – Philippe Quirion

Résumé
Les projections de la demande d’énergie fondées sur des modèles ne sont pratiquement jamais confrontées à des observations. Cette lacune menace la crédibilité que les décideurs politiques pourraient attacher aux modèles intégrés d’économie d’énergie. L’une des raisons en est le manque de données historiques pour étalonner les modèles, une condition préalable pour tenter de reproduire les tendances passées. Dans cet article, nous (i) rassemblons des données historiques fragmentaires pour reconstituer la performance énergétique du parc immobilier résidentiel de 1984 en France ; (ii) calibrons Res-IRF, un modèle ascendant de la demande énergétique résidentielle en France, par rapport à ces données et le calculons jusqu’en 2012. Dans une simulation préliminaire qui ne prend en compte que les données connues au début de la période simulée, nous constatons que le modèle prédit avec précision la consommation d’énergie par m² agrégée sur tous les types de logements, avec une erreur moyenne en pourcentage inférieure à 1,5% et un r² de 85%. Ces chiffres atteignent 0,5 % et 96 % lorsque l’on considère le meilleur des 1 920 scénarios couvrant l’incertitude entourant les paramètres de l’année initiale. La demande d’énergie est inégalement répartie entre les combustibles, ce qui révèle certaines limites dans la capacité du modèle à capter des tendances induites par des politiques publiques telles que l’expansion du réseau de distribution du gaz naturel. Les résultats globaux renforcent toutefois la confiance dans l’exactitude générale du modèle Res-IRF. Nous discutons des orientations pour la collecte de données qui faciliteraient la comparaison entre les simulations et les observations dans les futures simulations rétrospectives de ce type.


WP 2019.02 Bargaining with Intertemporal Maximin Payoffs

Vincent Martinet – Pedro Gajardo – Michel De Lara

Résumé
Nous formalisons les problèmes de durabilité comme des problèmes de négociation entre porteurs d’enjeux devant s’entendre sur le sentier de développement. Lorsqu’il existe une infinité d’alternatives, l’ensemble des possibilités d’utilité est inconnu, ce qui limite l’application de la théorie axiomatique des négociations et des mécanismes qu’elle caractérise. Nous proposons un cadre qui prend en compte la manière dont l’ensemble des alternatives définit l’ensemble des possibilités d’utilité et le point de désaccord. Nous montrons qu’un mécanisme qui satisfait les axiomes d’Indépendance aux alternatives non-efficientes et d’indépendance aux alternatives redondantes peut être appliqué à un sous-ensemble d’alternatives générant les résultats Pareto-efficients du problème initial, et produire le même résultat. Nous formalisons des conditions de monotonie sous lesquels de tels ensembles sont calculables. Nous appliquons ce cadre aux problèmes dynamiques de durabilité et caractérisons une règle de décision satisfaisante qui peut générer n’importe quel résultat Pareto-efficient. Cette règle est à l’épreuve des renégociations et génère une trajectoire cohérente temporellement sous l’axiome de rationalité individuelle.


WP 2019.01 The Rise of NGO Activism

Publié dans American Economic Journal – Economic Policy (2019), 11, 183-212.

Julien Daubanes – Jean-Charles Rochet

Résumé
Les organisations non gouvernementales (ONG) militantes s’opposent de plus en plus aux pratiques des entreprises. Nous suggérons que cela pourrait être lié à la vulnérabilité de la réglementation publique à l’influence des entreprises. Un projet industriel potentiellement dangereux requiert l’approbation des organismes de réglementation. Sous l’influence de l’industrie, l’organisme de réglementation peut approuver le projet même s’il est nuisible. Toutefois, une ONG peut s’y opposer. Nous caractérisons les circonstances dans lesquelles l’opposition des ONG se produit et dans lesquelles elle est socialement bénéfique. Notre théorie explique le rôle que les ONG ont assumé au cours des dernières décennies et a des implications pour la légitimité sociale de l’activisme et le degré approprié de transparence des activités industrielles.

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