2018

WP 2018.21 Prix FAERE 2018 (ex aequo) du meilleur article de jeunes économistes
The impacts of energy prices on industrial foreign investment location: evidence from global firm level data

Aurélien Saussay – Misato Sato

Abstract
Cet article analyse le rôle des prix de l’énergie dans les décisions d’implantation des investissements des entreprises dans le secteur manufacturier. S’appuyant sur l’application de la théorie du choix discret au problème de l’implantation des entreprises, nous spécifions un modèle logit conditionnel liant les investissements directs étrangers bilatéraux (IDE) aux prix relatifs de l’énergie. Nous testons ensuite empiriquement ce lien à l’aide d’un ensemble de données globales de transactions M&A dans le secteur manufacturier couvrant 41 pays entre 1995 et 2014, en utilisant des techniques économétriques adaptées de l’estimation des modèles de gravité. Les résultats suggèrent qu’au moment de décider d’investir, les entreprises sont attirées par les régions où les prix de l’énergie sont plus bas. Toutefois, des simulations contrefactuelles révèlent que la mise en œuvre unilatérale d’une taxe carbone de 50 $/tCO2 par diverses coalitions de pays devrait avoir un impact négatif limité sur l’attractivité des économies pour les investissements industriels étrangers. Par conséquent, nos résultats confirment l’effet de paradis de la pollution, mais ils montrent que son ampleur est limitée et qu’elle pourrait être traitée par des mesures ciblées dans les secteurs les plus énergivores.


WP 2018.20 Time Rebound Effect in Households’ Energy Use: Theory and Evidence

Kenichi Mizobuchi – Hiroaki Yamagami

Résumé
Les biens et services permettant de gagner du temps sont de plus en plus développés et diffusés. Ces biens et services augmentent le temps disponible pour les ménages et le temps gagné peut être affecté à d’autres activités consommant de l’énergie / de l’électricité. Cet article établit un modèle théorique simple et présente un mécanisme, appelé effet de rebond temporel, grâce auquel les biens permettant de gagner du temps augmentent la consommation d’énergie par des comportements des ménages. De plus, nous montrons des preuves empiriques de ce modèle en effectuant une enquête auprès des ménages japonais. Notre analyse montre notamment que l’effet de rebond temporel se produit lors de l’utilisation du lave-vaisselle, de la sécheuse ou d’un service de commande / livraison en ligne. Cependant, son impact est très faible : la consommation d’électricité supplémentaire représente au maximum 1,4% de la consommation quotidienne.


WP 2018.19
Emissions Trading with Rolling Horizons
(nouvelle version)

Simon Quemin – Raphaël Trotignon

Résumé
Nous construisons un modèle d’échange compétitif de permis d’émissions sous incertitude en présence de mécanismes de contrôle de l’offre. Les firmes peuvent utiliser des horizons de planification roulants pour gérer l’incertitude et peuvent aussi faire montre de rationalité limitée quant aux impacts des mécanismes de contrôle de l’offre. Nous incorporons à notre modèle les éléments de design clés de l’EU ETS puis le calibrons afin qu’il reproduise les développements du marché annuels observés entre 2008 et 2017. Nous trouvons qu’un horizon roulant est en mesure de réconcilier la dynamique de banking avec les taux d’escompte implicites des courbes de taux des contrats à terme. Nous évaluons la réforme du marché de 2018, décomposons les effets de ses éléments principaux et quantifions comment ils varient en fonction de l’horizon temporel et du niveau de rationalité des firmes. Nous relevons des implications importantes en termes de design et d’évaluation d’un système d’échange de permis.


WP 2018.18 Marchés internationaux de droits à polluer et taxes locales sur les biens polluants

A paraître dans L’Actualité économique – Revue d’analyse économique.

Julien Daubanes – Pierre Lasserre

Résumé
L’intérêt des marchés internationaux de droits à polluer réside dans leur potentiel à atteindre un objectif de réduction de pollution de manière efficiente. Malheureusement, la tendance des pays participants à taxer localement les biens polluants remet en cause ce potentiel. Nous proposons un modèle permettant d’examiner l’intérêt des pays participant à un marché de droits à polluer à taxer le bien qui génère la pollution. En particulier, cet intérêt dépend de la distribution initiale des droits entre les pays participants. Nous montrons comment les droits doivent être alloués aux différents pays participants de sorte à garantir l’efficience du marché. Ces allocations optimales requièrent de distribuer gratuitement une fraction suffisamment large des droits plutôt que de les mettre aux enchères.


WP 2018.17 Tax Exemptions of Ethical Products Revisited

Dina Kassab

Résumé
La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), étant perçue comme la fourniture privée d’un bien public, permet des exonérations fiscales dans plusieurs économies. Cet article examine si ces exemptions sont justifiées, étant donné la nature de l’investissement de l’entreprise en bien public et son interdépendance avec l’investissement en bien public fourni par l’Etat, ainsi que la forme sous laquelle les taxes ou subventions devraient être imposées. Le modèle théorique considère un monopole faisant face à un continuum de consommateurs ayant des préférences hétérogènes vis-à-vis du contenu en RSE du bien privé qu’ils achètent. La consommation du bien éthique est supposée conférer un gain réputationnel qui croît à mesure que le nombre de ses acheteurs diminue. L’analyse suggère que les exonérations fiscales devraient être accordées aux activités de RSE lorsque les investissements privé et public sont substituables, une subvention ad-valorem est plus efficace dans ce cas. Par contre, lorsque les deux formes d’investissement sont complémentaires, le produit de la firme devrait être soumis à une taxe positive, à condition que la propension à payer pour les activités RSE soit suffisamment élevée. Alors qu’une taxe ad-valorem joue un rôle correctif dans le sens où elle corrige les parts relatives de l’entreprise et de l’Etat dans la provision du bien public, une taxe spécifique joue un rôle redistributeur : tout en augmentant le surplus total, elle redistribue du surplus de la firme aux consommateurs.


WP 2018.16 Foreign Demand and Greenhouse Gas Emissions: Empirical Evidence with Implications for Leakage

Geoffrey Barrows – Hélène Ollivier

Résumé
Avec des politiques climatiques asymétriques, la réglementation d’un pays peut être sapée par la croissance des émissions dans un autre. Des recherches antérieures ont montré que la réglementation érode la compétitivité des entreprises nationales et entraîne une augmentation des importations, mais que l’augmentation des importations n’entraîne pas nécessairement une augmentation des émissions si les ventes intérieures sont déterminées conjointement avec les ventes à l’exportation ou si l’intensité des émissions de la fabrication s’adapte de manière endogène à la demande étrangère. Dans le présent document, nous estimons pour la première fois comment la production et les émissions des entreprises manufacturières d’un pays réagissent aux chocs de la demande étrangère sur les marchés des partenaires commerciaux. À l’aide d’un panel de grands fabricants indiens et d’une stratégie variable instrumentale, nous constatons que la croissance de la demande étrangère entraîne une hausse des exportations, des ventes intérieures, de la production et des émissions de CO2 et une légère baisse de l’intensité des émissions. Les résultats impliquent qu’un exportateur représentatif confronté à la croissance moyenne observée de la demande étrangère sur la période 1995-2011 aurait augmenté ses émissions de CO2 de 1,39% par an en raison de la croissance de la demande étrangère, ce qui se traduit par une augmentation totale de 6,69% des émissions de CO2 du secteur industriel indien sur cette période. En décomposant la réduction de l’intensité des émissions en canaux de composants, nous trouvons certaines preuves d’effets de mélange de produits, mais nous ne parvenons pas à rejeter l’absence de tout changement technologique. Les calculs au dos de l’enveloppe indiquent qu’une réglementation environnementale qui doublerait les prix de l’énergie dans le monde entier (sauf en Inde) n’augmenterait que de 1,5 % les émissions de CO2 provenant de l’Inde. Ainsi, si les craintes de fuites sont légitimes, leur ampleur semble relativement faible dans le contexte de l’Inde.


WP 2018.15 The Role of Individual Preferences in Explaining the Energy Performance Gap

Salomé Bakaloglou – Dorothée Charlier

Résumé
L’objectif de cette recherche est de comprendre le rôle des caractéristiques socio-économiques et des préférences individuelles pour expliquer l’écart de rendement énergétique dans le secteur résidentiel. L’écart reflète la différence entre la consommation d’énergie théorique de la maison évaluée par des modèles techniques et la consommation d’énergie réelle. En utilisant le ratio des deux consommations comme mesure de l’écart, nous effectuons une régression quantile pour dégager les effets des préférences sur l’ensemble de la distribution du spectre de l’écart de performance énergétique au lieu de nous concentrer sur la moyenne conditionnelle. Par conséquent, cette recherche apporte une contribution originale : selon le sens de l’écart, nos résultats suggèrent que certains facteurs importants sont les préférences individuelles pour le confort plutôt que l’économie, expliquant jusqu’à 12% de la variabilité de l’écart, et la pauvreté. Dans un tel contexte, des mises en garde sont adressées aux autorités publiques concernant les questions de l’effet de rebond et du bien-être des ménages.


WP 2018.14 A dynamic model of recycling with endogenous technological breakthrough

A paraître dans Resource and Energy Economics.

Gilles Lafforgue – Luc Rouge

Résumé
Nous construisons un modèle de croissance dans lequel une ressource non-renouvelable, nécessaire à la production, génère des déchets après utilisation. Une fois recyclés, ces déchets constituent des matériaux de moindre qualité. Ceux-ci ne peuvent être réintroduits dans le cycle de production qu’à partir du moment où leur qualité a, grâce à une activité de R&D dédiée, atteint un niveau minimal donné. Une fois ce seuil atteint, l’économie transite vers un régime où 100% des déchets sont recyclés et où les deux types d’inputs, vierges et recyclés, deviennent des substituts parfaits. Dans ce contexte, nous caractérisons les trajectoires optimales de l’économie et nous donnons une nouvelle interprétations des conditions d’arbitrage de Keynes-Ramsey et de Hotelling. Nous identifions également les déterminants de la date (endogène) de transition et étudions la discontinuité que cette transition implique sur les différentes trajectoires optimales. Nous montrons en particulier que l’opportunité d’une technologie de recyclage mène à une surexploitation de la ressource et à de possibles baisses de la consommation avant la transition.


WP 2018.13 How shifting investment towards low-carbon sectors impacts employment: three determinants under scrutiny

Publié dans Energy Economics (2018), 75, 464-483.

Quentin Perrier – Philippe Quirion

Résumé
La menace du changement climatique exige une réorientation des investissements vers des secteurs à faible intensité de carbone, ce qui suscite de vifs débats quant à l’impact sur l’emploi. De nombreuses études existent, la plupart étant basées sur des modèles d’équilibre général calculable (EGC) ou d’entrées-sorties (IO). Toutefois, les mécanismes économiques à l’œuvre restent flous. Dans cet article, nous démêlons les canaux de création d’emplois et étudions dans quelle mesure les résultats de modèles IO, plus simples, divergent des résultats d’EGC.
En utilisant des modèles stylisés, nous montrons qu’un déplacement de l’investissement crée des emplois dans les modèles IO s’il favorise les secteurs ayant une plus grande part du travail dans la valeur ajoutée, des salaires plus bas ou un taux d’importation plus faible. Dans les modèles EGC, les deux premiers canaux créent également des emplois, mais il n’y a pas d’impact positif à cibler les secteurs à faible importation – à moins que ceux-ci n’exportent pas. Ensuite, nous menons une analyse quantitative de deux politiques : l’installation de panneaux solaires et l’isolation de bâtiments en France. Ces deux politiques ont un effet positif sur l’emploi, dans les deux modèles, en raison de la part élevée de travail et des bas salaires dans ces secteurs. Les résultats des modèles IO fournissent une bonne approximation des résultats de l’EGC pour le solaire (-14% à +34%) et sont légèrement plus élevés pour l’isolation (+22% à +87%).
Nos conclusions remettent en question l’idée que les énergies renouvelables stimulent l’emploi en réduisant les importations, mais elles suggèrent également qu’un double dividende peut être obtenu en encourageant les secteurs peu carbonés et intensifs en travail.


WP 2018.12 Competitive Advantage in the Renewable Energy Industry: Evidence from a Gravity Model

Publié dans Renewable energy (2018), 131, 472-481.

Onno Kuik – Frédéric Branger – Philippe Quirion

Résumé
Une réglementation environnementale nationale pionnière pourrait favoriser la création de nouvelles éco-industries. Ces industries pourraient bénéficier d’un avantage concurrentiel sur le marché mondial. Cet article examine les preuves empiriques de l’impact des politiques nationales favorisant les énergies renouvelables sur les résultats à l’exportation des produits liés à éolien et au solaire photovoltaïque. Nous utilisons un modèle de gravité du commerce international avec un panel équilibré de 49 pays (pour le vent) et de 40 pays (pour le PV) couvrant la période 1995-2013. La rigueur des politiques en matière d’énergies renouvelables est mesurée par les capacités installées. Notre modèle économétrique conclut à un avantage concurrentiel positivement corrélé aux politiques nationales sur les énergies renouvelables, avantage durable dans l’industrie éolienne mais bref dans l’industrie de l’énergie solaire photovoltaïque. Nous suggérons cette différence s’explique par les technologies sous-jacentes impliquées dans les deux industries.


WP 2018.11 From residential energy demand to fuel poverty: income-induced non-linearities in the reactions of households to energy price fluctuations

A paraître dans The Energy Journal.

Dorothée Charlier – Sondès Kahouli

Résumé
Dans cet article, nous proposons un modèle de régression à effet de seuil (PTR) pour tester empiriquement la sensibilité des ménages français en situation de précarité énergétique aux fluctuations des prix de l’énergie, mesurée par l’élasticité prix à la consommation d’énergie pour le chauffage. L’originalité du modèle PTR est qu’il peut prendre en compte les hétérogénéités, ou alternativement les non-linéarités, dans la réaction des ménages aux fluctuations des prix de l’énergie en fonction de leur niveau de revenu. Ces non-linéarités peuvent conduire à l’identification de différents groupes de ménages, et ces derniers sont déterminés de façon endogène en fonction du niveau de revenu. Nous comparons les résultats du modèle PTR avec ceux d’un modèle de panel de référence estimé pour deux groupes de ménages déterminés par l’indicateur conventionnel de la précarité énergétique mesuré par le ratio des 10%.
Les résultats du modèle PTR montrent que nous pouvons identifier deux groupes de ménages qui réagissent différemment aux fluctuations des prix de l’énergie, les ménages pauvres réagissant plus fortement à une variation des prix. Nous concluons que, dans le secteur résidentiel, les ménages précaires sont plus sensibles aux fluctuations des prix de l’énergie ce qui peut exacerber leur situation dans le contexte actuel de hausse constante des prix. Par conséquent, nous suggérons que les politiques publiques consacrées à l’élimination de la précarité énergétique dans le secteur résidentiel devraient cibler les ménages précaires dans un premier temps et devraient être ensuite élargies afin de lutter plus efficacement contre la précarité énergétique.


WP 2018.10 Prix FAERE 2018 (ex aequo) du meilleur article de jeunes économistes

The vertical and horizontal distributive effects of energy taxes: A case study of a French policy

Thomas Douenne

Résumé
Ce papier évalue l’impact distributif de la taxe carbone française. Il montre que la politique est régressive, mais pourrait être rendue progressive en retournant le revenu aux ménages via des transferts forfaitaires. Toutefois, la politique génèrerait encore d’importants effets distributifs horizontaux et pénaliserait une part importante des ménages à revenus modestes. Les déterminants de l’incidence de la taxe sont caractérisés précisément, et des alternatives de transferts ciblés sont simulés sur cette base. Le papier montre qu’étant donné l’importance de l’hétérogénéité non observée liée à la consommation d’énergie des ménages, les effets distributifs horizontaux sont nettement plus difficiles à palier que les effets verticaux.


WP 2018.09 The supply of non-renewable resources

Publié dans Canadian Journal of Economics (2019), 52(3), 1084-1111.

Julien Daubanes – Pierre Lasserre

Résumé
Aucune étude ne caractérise de manière formelle l’offre de ressources non renouvelables (RNRs), c’est-à-dire leur quantité produite en fonction de leur prix. Nous établissons les fonctions d’offre restreinte (à réserves données) et non-restreinte des RNRs. A chaque date et sur chaque marché, leur offre dépend non seulement du prix courant mais aussi du prix aux autres dates et sur les autres marchés. Au-delà de la loi de l’offre habituelle, qui caractérise l’effet prix propre, les effets prix croisés obéissent à leur propre loi. Ces derniers consistent en un effet substitution et en un effet compensation qui est lié au stock de ressource. Nous montrons que l’effet substitution domine toujours l’effet compensation : un accroissement du prix à une date sur un marché cause une réduction de l’offre d’une RNR aux autres dates et sur les autres marchés. Notre modèle est nouveau bien qu’il soit orthodoxe. Il tient compte non seulement de la disponibilité limitée des RNRs, mais aussi de l’hétérogénéité de leurs gisements et du fait que le développement et l’ouverture de ces derniers sont endogènes. Notre analyse étend l’analyse en équilibre partiel des politiques publiques au cas des RNRs. Ainsi, elle permet de généraliser des résultats existants quant aux effets des politiques publiques sur les marchés de RNRs.


WP 2018.08 Open space preservation in an urbanization context

Camille Régnier

Résumé
L’objectif de ce papier est d’analyser la problématique de la préservation des espaces ouverts en milieu urbain. Nous étudions la possibilité de conserver deux types d’espaces ouverts distincts : de grands espaces ouverts à la bordure des villes, et des espaces ouverts intra-urbains de petites tailles. Nous contribuons au débat sur le « land sharing vs land sparing » en milieu urbain, en analysant cette question avec des outils microéconomique en prenant en compte à la fois les préférences des ménages pour les petits espaces ouverts à proximité de leur résidence et la volonté du planificateur de préserver la biodiversité. Nous comparons les situations à l’équilibre et à l’optimum et montrons que la ville peut prendre différentes formes à l’optimum.


WP 2018.07 Energy efficiency as a credence good : A review of informational barriers to building energy savings

Louis-Gaëtan Giraudet

A paraître dans Energy Economics.
Résumé
Les problèmes d’information ont longtemps été considérés comme la principale barrière à l’efficacité énergétique. Cette revue s’intéresse à la recherche vaste mais éparse conduite sur le sujet. En se concentrant sur le secteur du bâtiment, j’organise le propos autour du concept de bien de croyance: comme celle des courses en taxi ou des prestations d’un garagiste, la qualité de l’efficacité énergétique n’est jamais révélée dans son intégralité à l’acheteur; cette caractéristique est à l’origine d’une multitude d’asymétries d’information. Ma première contribution consiste à distinguer les problèmes où l’information est symétrique des asymétries d’information. Les premiers surviennent lorsque l’information est imparfaite ou incomplète, mais partagée de façon identique par les parties contractantes ; en tant que non-défaillance de marché, ils peuvent être corrigés par le progrès techniques et des solutions assurantielles. Ma seconde contribution est de structurer la littérature sur les asymétries d’information associées à l’efficacité énergétique, en distinguant les problèmes de screening, de signal, d’aléa moral et de discrimination par les prix au sein d’une multitude de relations contractuelles impliquant des acheteurs et des vendeurs, des propriétaires et des locataires, et des prêteurs et emprunteurs. J’en conclue que l’existence d’asymétries d’information est établie de façon convaincante dans les relations entre propriétaires et locataires, de façon moins claire sur les marchés immobiliers, et façon encore plus rare dans les situations de rénovation énergétique et de financement. Je clos l’article en discutant les relations étroites qu’entretiennent les problèmes informationnels et comportementaux dans les décisions liées à l’efficacité énergétique.


WP 2018.06 Economic growth determinants in countries with blue carbon: Natural capital as a limiting factor?

Laura Recuero Virto – Denis Couvet

Résumé
Dans cet article, nous explorons les déterminants de la croissance économique dans les pays avec du carbone bleu, c’est-à-dire des pays ayant un accès ouvert à la mer et un fort potentiel d’atténuation grâce aux mangroves, afin d’analyser les effets des pressions anthropiques potentielles sur ces écosystèmes côtiers. Pour ce faire, nous utilisons un échantillon de 23 pays de différentes régions du monde pour la période 1960-2009. Alors que dans les pays avec du carbone bleu, les théories robustes de croissance sont celles néoclassiques (revenu initial et investissement dans le capital physique), la démographie, la politique macroéconomique et le capital naturel, lorsque l’on utilise un échantillon global des pays, l’investissement dans le capital physique, la politique macroéconomique et le capital naturel ne sont plus pertinents. Les conclusions sur le rôle du capital naturel dans la croissance économique concordent largement avec les résultats empiriques dans les pays «moins développés» que notre échantillon représente. En effet, il y a une part plus de deux fois inférieure du capital naturel national par habitant par rapport à un pays moyen, et une part aussi faible peut être un facteur limitant pour la croissance économique. Par ailleurs, une trop grande dépendance économique vis-à-vis du capital naturel national, presque deux fois plus élevée que dans un pays moyen, peut également avoir un impact négatif sur la croissance économique. Ces caractéristiques, ainsi que les taux de fécondité élevés dans ces pays, mettent en exergue les pressions anthropiques potentielles auxquelles peuvent être soumises les zones côtières avec du carbone bleu comme la conversion des terres pour l’agriculture ou l’aquaculture, les ruissellements, la surexploitation des ressources de carbone bleu, l’urbanisation, le versement incontrôlés des eaux usées et les travaux publics qui, à leur tour, peuvent dégrader les écosystèmes de carbone bleu. Compte tenu de ces résultats, nous suggérons le rôle des gouvernements centraux pour inciter à la protection de ces solutions basées sur la nature au niveau des décideurs locaux et des communautés ainsi que des institutions financières internationales pour soutenir financièrement de telles initiatives dans ces pays moins développés.


WP 2018.05 Energy Consumption in the French Residential Sector: How Much do Individual Preferences Matter?

A paraître dans The Energy Journal.

Salomé Bakaloglou – Dorothée Charlier

Résumé
Le but de cette recherche est de comprendre quelle part de la consommation énergétique totale peut être expliquée par les préférences individuelles dans le secteur résidentiel français. Nous utilisons un modèle discret-continu et le « conditional mixed process estimator » pour prendre en compte deux sources d’endogénéïté potentielles : le prix de l’énergie et le choix de l’équipement énergétique. Notre travail permet de mettre en évidence que les préférences pour le confort au détriment des économies d’énergie ont un impact direct et indirect sur la consommation d’énergie, plus particulièrement pour les ménages avec de hauts revenus. Préférer le confort ou fixer la température intérieure à un degré supplémentaire en hiver entraînent un surplus de consommation énergétique de respectivement 10% et 7,8% allant jusqu’à 36% pour les haut-revenus. Nos résultats renforcent le postulat que l’hétérogénéité des ménages est un facteur essentiel pour comprendre la consommation d’énergie. Finalement, cela peut avoir des implications intéressantes pour le design d’outils de politique publique visant à réduire la consommation énergétique du secteur résidentiel.


WP 2018.04 Tarification incitative et gestion des déchets ménagers : études du comportement des collectivités locales françaises

Amandine Gnonlonfin – Yusuf Kocoglu

Résumé
La tarification incitative comme outil de gestion des déchets municipaux (DMA) s’est très peu développée dans les collectivités locales françaises malgré ses avantages théoriques sur la prévention des déchets et l’augmentation du recyclage. Nous analysons les déterminants de la décision des collectivités locales françaises relative au choix de la tarification incitative en étudiant notamment l’effet de la variation du coût total net des DMA sur la probabilité d’observer la tarification incitative. Nous estimons également l’effet de la tarification incitative sur le coût total net des DMA. Nos résultats empiriques soulignent l’importance de l’arbitrage coûts bénéfices et de la diffusion de la tarification incitative dans le voisinage sur le comportement des collectivités locales. Nous montrons comment la réglementation a biaisé l’arbitrage coûts-bénéfices et en conséquence ralentit l’adoption de la tarification incitative.


WP 2018.03 The determinants of economic growth in countries with high marine biodiversity: Effects of potential anthropogenic pressures on the marine environment

Laura Recuero Virto – Denis Couvet – Frédéric Ducarme

Résumé
Dans cet article, nous explorons les déterminants de la croissance économique dans 74 pays à forte biodiversité marine pour la période 1960-2009 grâce à des méthodologies qui tiennent compte de l’incertitude dans les théories et les spécifications et de la présence de multiples régimes de croissance. Nous constatons que la théorie néoclassique (revenu), démographique, macroéconomique, du capital naturel, du fractionnement et des institutions, sont des déterminants robustes de la croissance économique dans ces pays côtiers. Ces résultats suggèrent que la capacité d’un pays à gérer la biodiversité marine est associée aux facteurs qui ont une incidence sur la croissance économique. Deuxièmement, contrairement aux échantillons de données globaux, les politiques macroéconomiques et le capital naturel sont des déterminants robustes de la croissance économique. Il y en a une abondante littérature académique sur le rôle des politiques macroéconomiques et des ressources naturelles non renouvelables dans les flux commerciaux et la croissance économique dans les pays côtiers. Ces deux facteurs, ainsi que la démographie, mettent en évidence les pressions auxquelles les zones côtières peuvent être soumises, telles que les travaux publics, la croissance démographique et l’urbanisation qui, à son tour, pourraient dégrader la biodiversité marine. Par rapport à d’autres pays, les pays côtiers à forte biodiversité marine ont des taux de fécondité et des échanges commerciaux internationaux plus élevés, une consommation gouvernementale plus importante et des dotations institutionnelles plus faibles. Troisièmement, nous constatons que l’éducation joue un rôle important dans ces pays. La convergence économique progresse avec le niveau d’éducation. De plus, l’éducation et l’investissement dans le capital physique ont un impact significatif et positif sur la croissance économique dans les pays à forte biodiversité marine. Enfin, nos résultats suggèrent que se diversifier dans des domaines situés en dehors de la richesse du capital naturel, en particulier en investissant dans l’éducation et, plus généralement, dans le capital immatériel peut accroître la croissance économique, surtout dans les pays où la biodiversité marine est très élevée. Ce changement structurel peut contribuer à décroitre la pression sur les points chauds de biodiversité marine, principalement à travers la réduction des taux de fécondité à mesure que l’éducation progresse et la diminution de la dépendance à l’égard des exportations du capital naturel à travers les zones côtières.


WP 2018.02 Do Entrepreneurship Policies Work? Evidence from 460 Start-Up Program Competitions Across the Globe

Geoffrey Barrows

Résumé
De nombreuses organisations à travers le monde mettent en œuvre des programmes conçus pour encourager l’entrepreneuriat, y compris des prix, des programmes d’accélérateurs, des incubateurs, etc. L’objectif de ces programmes est de fournir aux entrepreneurs un soutien et une visibilité dès le départ pour les aider à développer des idées et à attirer des capitaux; mais, si les marchés financiers sont efficaces, les bonnes idées devraient trouver du financement de toute façon. Dans cet article, je présente les résultats de la première étude quasi expérimentale à l’échelle mondiale sur la question de savoir si les programmes d’entrepreneuriat améliorent les résultats des jeunes entreprises. J’utilise une discontinuité de régression pour vérifier si les gagnants des concours du programme de démarrage obtiennent de meilleurs résultats ex post que les perdants ; le seuil pour gagner le concours fournit en effet une variation exogène. Avec 460 concours dans 113 pays et plus de 20 000 entreprises concurrentes, je constate que remporter un concours augmente la probabilité de survie de l’entreprise de 64 %, le montant total du financement ultérieur de 260 000 $US et le nombre total d’emplois de 47 %, et améliore aussi d’autres indicateurs de réussite de l’entreprise sur le Web. Ces résultats sont dus aux concours de taille moyenne, et sont obtenus tant dans les pays où les coûts de création d’une entreprise sont faibles que dans les pays où ces coûts sont élevés. Ces résultats donnent à penser que les frictions sur les marchés financiers interdisent effectivement la croissance des ‘jeunes pousses’ dans de nombreuses régions du monde.


WP 2018.01 Unequal vulnerability to climate change and the transmission of adverse effects through international trade

Karine Constant – Marion Davin

Résumé
Dans ce papier, nous considérons la distribution inégale des dommages liés au changement climatique dans le monde. Dans ce contexte, nous examinons comment les coûts associés à la pollution peuvent être transmis d’un pays non-vulnérable à un pays vulnérable à travers le canal du commerce international. Afin de porter notre attention sur les effets indirects des dommages, nous traitons ce sujet dans un modèle de commerce Nord-Sud avec une structure à générations imbriquées, dans lequel le Sud est vulnérable tandis que le Nord ne subit pas de dommage direct. Nous montrons que l’effet du changement climatique dans le Sud peut affecter le bien-être des agents vivant dans le Nord, à court et à long-terme. À long-terme, une hausse de la vulnérabilité du Sud peut réduire le bien-être du Nord, et ce même lorsqu’elle améliore ses termes de l’échange. À court-terme, la vulnérabilité du Sud peut représenter une source d’inéquité intergénérationnelle pour le Nord. Par conséquent, nous mettons en évidence l’intérêt économique pour les pays non-vulnérables, et à fortiori les pays peu vulnérables, de réduire les dommages liés au changement climatique dans les pays les plus sensibles.

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