WP 2015.21 A Tale of Two Diversities
Chloé Mulier – Pierre Courtois – Charles Figuières
Résumé
Une gestion efficace de la biodiversité vise à allouer les efforts de conservation afin de maximiser la diversité. Définir un critère de diversité est cependant loin d’être trivial ; il n’y a pas un, mais plusieurs indices qui peuvent être utilisés comme mesures de la biodiversité. Ce travail élicite et compare deux critères pour la conservation in situ de la biodiversité. Ces critères sont dérivés de deux indices de biodiversité, chacun issus de disciplines différentes : celui de Weitzman en économie et celui de Rao en écologie. Les deux indices combinent différemment des éléments d’information sur : (1) la probabilité de survie des espèces, et (2) les dissimilitudes entre espèces. Afin de réellement disposer de critères de protection in situ, il nous faut ajouter une autre couche d’information sur (3) les interactions écologiques entre les espèces. Dans un écosystème simple à trois espèces, nous montrons que le choix d’un critère ou l’autre a des implications politiques, car ils offrent parfois des recommandations de protection divergentes. Nous démêlons le rôle joué par les éléments (1), (2) et (3) dans le classement, ce qui nous permet de mettre en évidence certaines spécificités des indices in situ. Par exemple, toutes choses égales par ailleurs, le classement in situ de Weitzman tend à favoriser les espèces « robustes », tandis que le classement in situ de Rao donne la priorité aux espèces « fragiles ».
WP 2015.20 Optimal Timing of Carbon Capture Policies under Learning-by-doing
Publié dans Journal of Environmental and Economics Management (2016), 78: 20-37.
Jean-Pierre Amigues – Gilles Lafforgue – Michel Moreaux
Résumé
A l’aide d’un modèle standard de gestion de ressources « à la Hotelling », nous caractérisons les sentiers optimaux d’utilisation de trois options énergétiques : le charbon « sale » (non-renouvelable et émetteur de CO2), le charbon « propre » (également non-renouvelable mais rendu propre grâce au captage et au stockage du carbone (CSC)) ; et l’énergie solaire (renouvelable et non-émettrice de CO2). En outre, nous imposons un seuil maximal exogène que ne peut dépasser la concentration atmosphérique de carbone. En considérant les effets d’apprentissage dans la technologie du CSC, nous montrons les résultats suivants : i) L’utilisation de charbon propre ne peut commencer avant l’atteinte du plafond de concentration et doit cesser avant la fin de la période où cette contrainte agit sur la société ; ii) Le prix de l’énergie peut évoluer de façon non-monotone au cours du temps ; et iii) Lorsque le coût du solaire est suffisamment bas, peut apparaître une séquence inédite dans l’ordre de déploiement des différentes options énergétiques, où l’utilisation du solaire cède temporairement la place à l’exploitation de charbon propre.
WP 2015.19 Environmental regulation with and without commitment under irreversible investments
Jean-Philippe Nicolaï
Résumé
Cet article étudie les décisions d’investissement sur le long terme des entreprises soumises à une taxe sur les émissions et exerçant un pouvoir de marché sur le marché des produits. Les entreprises investissent dans des équipements de long terme permettant de réduire les émissions. Le papier compare la régulation environnementale avec et sans engagement. Dans le cas avec engagement, le gouvernement annonce la taxe sur les émissions et les entreprises décident alors de leur niveau d’investissement. Dans le cas sans engagement, le régulateur annonce un niveau de taxation mais est libre de le modifier une fois que les entreprises ont investi. Nous déterminons si une régulation sans engagement conduit à une régulation plus ou moins contraignante que dans le cas avec engagement.
WP 2015.18 Climate element of migration decision in Ghana: Micro Evidence
Franklin Amuakwa-Mensah
Résumé
Il y a peu d’études empiriques pour éclairer le débat actuel sur l’impact du climat et de l’environnement sur les migrations. Ce travail étudie l’impact du climat sur les migrations en comparant les deux recensements de 2005/2006 et 2012/2013 au Ghana, en corrigeant les biais de sélection par la méthode en deux étapes due à Heckman. Les décisions de migration sont supposées dépendre des conditions climatiques locales. Les résultats montrent que les facteurs socio-économiques comme les gains anticipés, la taille du ménage, l’éducation, le secteur d’emploi, et d’autres variables, ainsi que les variables climatiques, influencent significativement la décision individuelle de migrer. La savane côtière et les zones de forêt attirent plus de migrants que les zones de savane du nord du pays; et la probabilité de migrer vers les premières est plus grande à la marge. Ces effets sont renforcés par les variables climatiques. La migration peut ainsi être considérée comme une stratégie d’adaptation en réponse aux changements actuels vers des températures plus élevées et des précipitations plus faibles.
WP 2015.17 L’information préventive améliore-t-elle la perception des risques ? Impact de l’Information Acquéreur Locataire sur le prix des logements
Amélie Mauroux
Résumé
Cette étude évalue l’impact de l’obligation « d’information acquéreur locataire » (IAL) sur les prix immobiliers et sur la perception des risques naturels des habitants des zones exposées. La date de mise oeuvre de l’obligation d’IAL, le 1er juin 2006, est utilisée comme un choc xogène sur l’information des cheteurs immobiliers quant à l’exposition aux risques des ogements. Un modèle de prix hédoniques en différence de ifférences est estimé sur une ase de données unique roisant les transactions mmobilières en 2006 issues e bases notariales et la artographie des zonages èglementés exposés aux isques des Plans de révention des Risques aturels. Les communes dans e périmètre de l’étude sont outes soumises à un seul plan de Prévention des risques portant sur les nondations. Cette étude porte donc uniquement sur l’application de l’IAL pour le risque inondation.
Les résultats indiquent que la mise en place de l’IAL a accru la proportion de ménages informés, ce qui s’est traduit, toutes choses égales par ailleurs dans les communes soumises à un Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRi), par une baisse des prix au mètre carré de certains des biens soumis à l’IAL par rapport à des biens similaires mais en dehors du périmètre des PPRi. C’est le cas notamment des appartements en rez-de-chaussée ou situés dans une commune touchée par une catastrophe naturelle l’année précédant la vente. La mise en place de l’obligation d’IAL a également réduit la probabilité de vendre à des personnes ne résidant pas sur le lieu d’achat, et donc vraisemblablement moins bien informées auparavant.
WP 2015.16 The Long-Run Impact of Biofuel on Food Prices
Publié dans The Scandinavian Journal of Economics (2017), 119(3), 733-767..
Ujjayant Chakravorty – Marie-Hélène Hubert – Michel Moreaux – Linda Nostbakken
Résumé
Plus de 40% du maïs US est maintenant utilisé pour produire des biocarburants qui servent de substitut à l’essence dans les transports. On a reproché aux biocarburants d’avoir provoqué des hausses des prix des biens alimentaires et de nombreuses études ont montré que les politiques énergétiques des Etats-Unis et de l’Union Européenne ont eu un impact important (30 – 60 %) sur les prix de ces biens. Dans cet article, nous utilisons un modèle d’équilibre partiel pour montrer que les effets de demande (la croissance de la population, une plus grande appétence pour la viande et les produits laitiers induite par la croissance des revenus, au détriment des céréales) jouent un rôle aussi important dans la hausse des prix des biens alimentaires que les politiques pro-biocarburant. Nous spécifions un modèle ricardien dans lequel les terres sont de qualités différentes et nous trouvons qu’on devrait s’attendre à une extension significative des terres exploitées, ce qui permettra probablement une hausse modérée des prix des biens alimentaires. Cependant la plus grande consommation de biocarburants peut causer un accroissement des émissions de carbone à l’échelon mondial du aux fuites de consommation de pétrole vers les pays sans politique pro-biocarburant, permise par des prix du pétrole plus bas et aux conversions à la culture de pâturages et de forêts.
WP 2015.15 Climate damages on production or on growth: what impact on the social cost of carbon
Publié dans Environmental Modeling & Assessment (2018), 23(2), 117-130.
Céline Guivarch – Antonin Pottier
Résumé
Des modèles d’évaluation intégrée (IAM) ont récemment introduit la possibilité que les dommages du changement climatique portent sur la croissance et non plus sur la production, ce qui était l’hypothèse traditionnelle depuis les travaux de Nordhaus. Selon les résultats de ces nouvelles études, les dommages sur la croissance conduisent à une valeur sociale du carbone (VSC) plus importante.Dans cet article, nous ré-examinons l’effet de la forme des dommages sur la VSC en introduisant une mesure du niveau total de dommages.
Avec un modèle simple intégrant l’économie et le climat, nous comparons trois spécifications des dommages climatiques: des dommages quadratiques sur la production, des dommages linéaires sur la croissance et des dommages quadratiques sur la croissance.Lorsque l’on considère des niveaux de dommages égaux, des dommages sur la croissance ne conduisent pas toujours à des niveaux de VSC plus élevés que des dommages sur la production.
L’effet de la forme des dommages sur la VSC dépend au contraire des paramètres de bien-être, tel que le taux de préférence pure pour le présent ou l’élasticité intertemporelle de substitution.
Il est donc important de bien séparer l’effet du montant de dommages de l’effet de la forme des dommages.
WP 2015.14 Carbon Emissions and Social Capital in Sweden
George Marbuah – Ing-Marie Gren
Résumé
Cet article s’intéresse au rôle du capital social dans la dynamique des émissions de CO2 per capita dans les différentes régions de Suède, en utilisant un cadre dit de courbe de Kuznets environnementale augmentée. Nous prenons en compte les questions d’endogénéité en présence d’effets dynamiques et spatiaux à l’aide de données géo-référencées, et nous montrons que les émissions per capita dans une région sont influencées par les émissions d’autres régions, et que le capital social joue un rôle, même en contrôlant des effets démographiques, économiques et environnementaux. Nous testons deux mesures du capital social, la confiance dans le gouvernement et l’engagement pour l’environnement. La première joue dans le sens d’une réduction des émissions; la seconde aussi, mais seulement quand elle est croisée avec le revenu ou avec la première mesure. Ces estimations suggèrent que des efforts d’accroissement du capital social en Suède pourraient jouer un rôle dans la réduction des émissions aux côtés d’autres instruments de politique climatique.
WP 2015.13 Environmental tax reform in a federation with rent-induced migration
Jean-Denis Garon – Charles Séguin
Résumé
Nous étudions les effets sur le bien-être d’une réforme fiscale verte neutre. La réforme voit l’augmentation d’une taxe sur un intrant de production polluant et l’utilisation des revenus pour la réduction d’une taxe sur le travail. Les ménages sont parfaitement mobiles à l’intérieur de la fédération, dans laquelle les régions sont inégalement pourvues en ressource naturelle non-renouvelable. Les rentes générées par la ressource naturelle sont propriétés des régions et distribuées à leurs citoyens sur la base de la résidence, ce qui amène à une migration inefficace vers la région riche en ressource. La région pauvre en ressource ayant ainsi un produit marginal du travail plus élevé, la réforme fiscale verte diminue l’ampleur de la migration inefficace. Cet impact positif peut significativement réduire le coût d’atténuation de la pollution, ce qui mène à des taux plus élevés de taxation environnementale que si les effets migratoires étaient ignorés.
WP 2015.12 Environmental impacts of the French final consumption
Laurent Meunier – Frédéric Gilbert – Eric Vidalenc
Résumé
Afin de lutter contre le changement climatique, des objectifs ambitieux ont été fixés, comme la division par 4 des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990. Cependant, en se concentrant sur les émissions territoriales, les émissions incluses dans les biens importés sont négligées. Or, si les émissions territoriales de la France ont diminué depuis 1990, plusieurs études montrent que les émissions liées à la consommation ont augmenté. C’est pourquoi ce sont les émissions à la consommation qui sont considérées dans ce papier. De plus, l’analyse présentée considère d’autres impacts environnementaux: acidification de l’air, eutrophisation et production de déchets industriels non-dangereux. La contribution de cette recherche est de 3 ordres. Premièrement, nous affinons les résultats d’une précédente étude. Deuxièmement, un scénario de consommation finale des ménages conduisant à une réduction des impacts environnementaux est construit. Enfin, les conditions mathématiques de validité des résultats de notre analyse ont été étudiées en profondeur.
WP 2015.11 Energy efficiency subsidies with price-quality discrimination
Publié dans Energy Economics (2015), 52(S1): S53-62.
Marie-Laure Nauleau – Louis-Gaëtan Giraudet – Philippe Quirion
Résumé
Nous comparons des politiques destinées à améliorer l’efficacité énergétique d’un bien durable produit par un monopole, dans un contexte où coexistent des externalités dues à la consommation d’énergie et une discrimination prix-qualité. L’optimum social peut être atteint avec des subventions différenciées. Si ces subventions sont ad valorem, la subvention en faveur du bien le plus efficace conduit le monopoleur à réduire l’efficacité de l’autre bien. Les taux optimaux doivent toujours diminuer avec l’efficacité énergétique. Des subventions proportionnelles à l’efficacité énergétique n’entraînent pas de telles interférences et les taux peuvent augmenter avec l’efficacité énergétique si l’externalité est assez grande. Des instruments non différenciés ne permettent d’atteindre qu’un optimum de second rang. Une norme d’efficacité minimale doit être fixée de manière à couvrir l’ensemble du marché si le s consommateurs ne sont pas trop dissemblables, sinon elle doit cibler le bien le moins efficace. Si une taxe sur l’énergie est retenue, elle doit être fixée au-dessus du coût marginal externe. De même, si une subvention ad valorem uniforme est retenue, elle doit être supérieure à la subvention qui serait nécessaire pour internaliser spécifiquement l’externalité. Enfin, si, comme cela est souvent observé dans la pratique, seul le bien le plus efficace est subventionné, mieux vaut une subvention proportionnelle à l’efficacité énergétique plutôt qu’ad valorem. Une taxe ad valorem sur ce bien peut même être préférée à une subvention ad valorem si l’externalité est assez faible.
WP 2015.10 Heterogeneous firms and the environment: a cap-and-trade program
Publié dans Journal of Environmental Economics and Management (2017), 84, 84-101.
Lisa Anouliès
Résumé
Les programmes de plafonnement et d’échange de permis d’émissions sont actuellement la pierre angulaire des politiques et propositions de lutte contre le changement climatique dans de nombreux pays. J’étudie les effets économiques et environnementaux de différentes formes de cette politique, en équilibre général, lorsque les entreprises sont hétérogènes et en concurrence monopolistique. Cette étude trouve d’abord que le plafond d’émissions définit parfaitement la qualité de l’environnement mais n’a aucun effet sur les profits des entreprises et leurs décisions d’entrée ou de sortie du marché. Au contraire, l’augmentation de la part de l’allocation gratuite des permis d’émissions réalloue les ressources entre les entreprises vers les plus productives : l’allocation initiale des permis impacte donc les décisions d’entrée et de sortie des entreprises et les variables économiques agrégées mais pas l’environnement. L’hétérogénéité des entreprises amplifie ces effets économiques d’un changement dans l’allocation initiale des permis.
WP 2015.09 Cross-commuting and housing prices in a polycentric modeling of cities
Vincent Viguié
Résumé
Cependant, comment en pratique mettre en place de telles stratégies reste à l’heure actuelle relativement peu clair. Une des raisons vient du fait que, bien que l’on sache que la structure spatiale des villes a des conséquences importantes sur les trajets effectués par les habitants, on est encore loin d’avoir une bonne compréhension du lien entre les deux. Un exemple emblématique est l’incapacité des approches économiques usuelles à expliquer les trajets et les choix de localisation des ménages dans une ville polycentrique. Dans cette étude, nous introduisons une nouvelle manière de représenter ces choix dans le formalisme standard de l’économie urbaine, en modélisant explicitement les coûts de déménagement et les imperfections de marché empêchant les ménages de trouver un logement correspondant de manière parfaite à leurs attentes. En prenant l’aire urbaine de Paris comme cas d’étude, nous montrons que cette nouvelle modélisation, malgré sa simplicité, permet de reproduire les caractéristiques principales de l’agglomération en termes de répartition de la population, de niveaux des loyers, et de choix de déplacements des habitants. Une validation sur la période 1900/2010 montre également que le modèle représente les principaux déterminants de l’évolution de la structure de la ville sur cette période, suggérant ainsi que celui-ci peut être utilisé comme outil d’aide à la décision et d’analyse de politiques publiques.
WP 2015.08 Quel mode de soutien pour les énergies renouvelables électriques?
Publié dans Revue Française d’Economie (2015), XXX(4), 105-140.
Philippe Quirion
Résumé
Si la plupart des pays développés et émergents soutiennent les énergies renouvelables dans le secteur électrique, ils le font de manière différente. Les trois principaux modes de soutien existant sont les tarifs d’achat garantis, les primes et les quotas combinés à des certificats verts. Nous fournissons une synthèse de la littérature économique portant sur la comparaison de ces modes de soutien. Nous concluons que les quotas souffrent de nombreuses faiblesses par rapport aux deux autres modes de soutien : mauvais réaction à l’incertitude, risque important pour les financeurs qui accroît le coût des projets, coûts de transaction plus élevés. Tarifs et primes présentent chacun des avantages et inconvénients, et il n’est pas évident que le passage des premiers aux seconds, en cours en Allemagne et en France, soit justifié. Enfin, au-delà du choix de principe quant au mode de soutien, de nombreux arbitrages concrets sont tout aussi importants, comm e le financement de ce soutien et sa différenciation entre segments de marché, nécessaire pour limiter les rentes mais potentiellement source d’inefficacités.
WP 2015.07 Hedonic Model with Discrete Consumer Heterogeneity and Horizontal Differentiated Housing
Masha Maslianskaia Pautrel
Résumé
Le présent papier étudie du point de vue théorique, comment l’équilibre hédonique est modifié en présence d’une hétérogénéité discrète de consommateurs et une différenciation horizontale de l’offre du logement. Trois résultats principaux sont obtenus. Premièrement, une hétérogénéité discrète des consommateurs aboutit à une segmentation de la fonction de prix hédonique d’équilibre, avec une discontinuité du prix implicite de la qualité environnementale sur les bords des segments. Deuxièmement, nous démontrons qu’une différenciation horizontale peut aboutir à l’équilibre à un ordonnancement partial de la demande des consommateurs pour les attributs des logements. Enfin, nous montrons qu’une hétérogénéité discrète de consommateurs en présence d’une différenciation horizontale de l’offre peut modifier l’évaluation du bien-être social.
WP 2015.06 Global Sensitivity Analysis of an Energy-Economy Model of the Residential Building Sector
Publié dans Environmental Modelling & Software (2015), 70 : 45-54.
Frédéric Branger – Louis-Gaëtan Giraudet – Céline Guivarch – Philippe Quirion
Résumé
Cet article présente les résultats d’analyse de sensibilité de Res-IRF, un modèle hybride de demande d’énergie pour le chauffage dans le parc de logements français. Res-IRF a été conçu dans le but d’améliorer la description des comportements de demande d’énergie. Les différents leviers de la demande d’énergie – la quantité d’investissements dans l’efficacité énergétique, la qualité de ces investissements et le comportement d’utilisation de l’énergie par les occupants – sont dissociés et déterminés de façon endogène. Le modèle prend également en compte les barrières connues à la diffusion de l’efficacité énergétique : l’hétérogénéité des préférences des consommateurs, les problèmes d’incitation entre propriétaires et locataires, et l’inertie de la diffusion de l’information. La pertinence de ces choix de modélisation est évaluée grâce à la méthode de Morris, qui permet d’explorer l’incertitude du modèle en couvrant l’ensemble de l’espace paramétrique. L’analyse de sensibilité révèle que le paramètre auquel le modèle est le plus sensible est le prix de l’énergie. Le modèle est également sensible aux facteurs paramétrant les différents leviers de la demande d’énergie. En comparaison, l’influence des paramètres représentant les barrières à l’efficacité énergétique est faible. Ces conclusions confirment l’intérêt du modèle et soulignent l’importance du comportement des occupants comme priorité pour la recherche empirique.
WP 2015.05 Energy Transition under Irreversibility: a Two-sector Approach
Publié dans Environmental and Resource Economics (2017), 68(3), 797-820.
Prudence Dato
Résumé
Ce papier analyse la transition énergétique optimale en considérant une économie à deux secteurs (énergie et bien final), deux sources d’énergie (polluante et propre) et une menace de pollution. La source polluante d’énergie est le pétrole dont les réserves sont épuisables alors que la source propre est renouvelable. A partir d’un certain seuil de pollution, une catastrophe surviendra et entraînera une perte partielle du stock de capital (les inondations par exemple). Une partie de l’énergie est utilisée par un consommateur représentatif à travers une fonction d’utilité CRRA, et l’autre partie comme facteur de production suivant une fonction de production de type Leontief, pour produire du bien final. En outre, on suppose que les deux sources d’énergie sont complémentaires. Nous utilisons les conditions d’optimalité à la Boucekkine et al. (2013) pour montrer que le chemin optimal de transition énergétique peut correspondre à un régime de coin. L’économie commence par utiliser les deux sources d’énergie, puis dépasse le seuil de pollution et perd une partie de son capital suite à la catastrophe. L’économie n’adoptera pas uniquement l’énergie renouvelable. Ce résultat est en ligne avec les arguments soutenant une transition énergétique asymptotique indiquant que la transition complète vers une énergie «propre» ne peut se produire que dans le très long terme. Nous étendons notre modèle en tenant compte des investissements supplémentaires dans les technologies moins consommatrices d’énergie. Nos principaux résultats montrent que cet investissement supplémentaire favorise la transition énergétique dans le sens où elle augmente le délai dans lequel l’économie peut connaître la catastrophe et augmente aussi le bien-être de la société. Comme implications politiques, des instruments économiques tels que les taxes sur l’énergie polluante, les subventions sur l’énergie «propre» ou des incitations pour les technologies moins consommatrices d’énergie doivent être mis en place afin de promouvoir la transition énergétique. Mais ces instruments économiques devraient être soigneusement conçus en ligne avec le résultat de la transition énergétique asymptotique.
WP 2015.04 Can the Energy Transition Be Smooth?
Publié dans Sustainability (2020), 12(3), 1176.
Jean-François Fagnart – Marc Germain
Résumé
Nous analysons la transition d’une économie décentralisée dont l’offre d’énergie évolue progressivement d’une ressource non renouvelable à une ressource renouvelable.
WP 2015.03 Protecting Biodiversity by Developing Bio-Jobs: a Multi-branch Analysis with an Application on French Data
Publié dans International Journal of Sustainable Development (2017), 20(3-4), 306-323.
Jean De Beir – Céline Emond – Yannick L’Horty – Laetitia Tuffery
Résumé
Dans chaque économie il y a des emplois favorables à la biodiversité que nous appelons bio-emplois. Ces emplois existent dans un petit nombre de branches qui ont un lien avec les ressources naturelles ou une emprise sur les milieux: activités du cœur vert, carriers, entreprises du BTP, entreprises de gestion de l’eau et des déchets.
Nous nous intéressons aux politiques économiques de préservation de la biodiversité qui jouent sur le développement de ces emplois. Nous considérons un modèle où la puissance publique dispose de deux types d’instruments: elle peut soutenir la demande adressée aux branches riches en bio-emplois, au travers de commandes publiques, ou bien elle peut chercher à favoriser le développement de nouvelles combinaisons productives plus intenses en bio-emplois, par des subventions ciblées sur ces emplois. Nous recherchons la combinaison la plus efficace de ces deux instruments -demande et offre- et nous montrons que la puissance publique doit conduire une action différenciée selon les branches qui doit obéir à des règles précises. Nous montrons que les niveaux de la demande privée et des salaires jouent un rôle majeur dans le choix du gouvernement. Enfin, nous appliquons ces recommandations sur des données françaises.
WP 2015.02 Non-renewable and Intermittent Renewable Energy Sources: Friends and Foes?
Publié dans Energy Policy (2017), 111, 58-67.
Edmond Baranès – Julien Jacqmin – Jean-Christophe Poudou
Résumé
Ce papier s’intéresse aux liens entre des modes de production intermittent renouvelable et non-renouvelable de l’électricité. Plus précisément, nous montrons que la relation entre le prix du gaz et les capacités investies dans la production d’électricité solaire et éolienne n’est pas univoque. Cette relation n’est pas linéaire mais quadratique. Pour un niveau de prix relativement faible, les deux modes de production sont substituables. Sinon, dès qu’un niveau de prix est dépassé, ils sont complémentaires. Un modèle théorique explique cela comme le résultat d’un arbitrage entre la différence de coût production à la marge entre ces deux modes de production et les risques liés à la nature imprévisible des énergies renouvelables. Nous montrons ensuite que ce résultat est robuste à différentes spécifications empiriques en utilisant des données américaines.
WP 2015.01 Consumer Misperception of Eco-labels, Green Market Structure and Welfare
Publié dans Journal of Regulatory Economics (2017), 51(3), 340-364.
Dorothée Brécard
Résumé
Comment la perception erronée des consommateurs des éco-labels concurrents affecte-t-elle l’efficience environnementale et économique des éco-labels ? Cet article propose une analyse théorique de cette question fondée sur un modèle de double différenciation dans lequel trois produits sont potentiellement en concurrence : un produit non labélisé et deux produits labélisés de qualités environnementales moyenne et élevée (portant des labels distincts). Nous comparons le cas d’information parfaite, dans lequel les consommateurs connaissent la qualité environnementale des trois produits, et le cas d’information imparfaite, dans lequel les consommateurs n’évaluent pas parfaitement la qualité environnementale associée à chaque label et perçoivent tous les éco-labels comme un signe de qualité environnementale élevée et chaque label comme une variété particulière du produit. Nous montrons que la confusion des consommateurs peut affecter la structure du marché en affaiblissant la firme proposant le produit le plus vert. Paradoxalement, la confusion des consommateurs ne nuit pas toujours au bien-être social car, lorsque la qualité perçue des deux produits éco-labélisés est relativement élevée, la confusion peut contribuer à améliorer la qualité de l’environnement et le surplus des consommateurs. De plus, alors que les firmes choisiraient des critères de labellisation uniformes et exigeants si les consommateurs étaient parfaitement informés, elles pratiquent le « greenwashing » lorsqu’elles connaissaient la façon dont les consommateurs forment leurs croyances sur le qualité environnementale des produits. Enfin, nous montrons qu’en cas de perception erronée des consommateurs, une ONG mettraient en place un label moins exigeant qu’en information parfaite. Les conclusions sur la stratégie d’éco-labélisation du régulateur ne sont quant à elle pas clairement tranchées.