2016

WP 2016.30 Prix FAERE 2016 du meilleur article de jeunes économistes
Common Resources Management and the « Dark Side » of Collective Action : an Impact Evaluation for Madagascar’s Forests

Sébastien Desbureaux

Résumé
A sufficient level of collective action between community members is often presented as a strong pre-requisite to sustainably governing local common property resources (CPR).
What if in some contexts instead, strong collective action led to short-term depletion of CPR instead of their sustainable use ? This paper brings to light causal evidence on the environmental impact of establishing community-managed forests in Madagascar and highlights the complexities underlying collective action in their sustainable management. I compile fine-scale deforestation data over 15 years, use a unique spatial census of locally managed CPR and mobilize firsthand field data from four case studies to show that transferring management rights to local communities has failed to decrease deforestation. Instead, the policy has led to an increasein deforestation in some areas, often when collective action was strong, not when it was weak. This is what I call the possible « dark side » of collective action.


WP 2016.29
Phasing out the U.S. Federal Helium Reserve: Policy insights from a world helium model

Published in Resource and Energy Economics (2018), 54, 186-211.

Olivier Massol – Omer Rifaat

Résumé
Ce document s’intéresse aux modalités de mise en œuvre de la fermeture annoncée de la US Federal Helium Reserve (FHR), un important stock stratégique constitué par le gouvernement fédéral des Etats-Unis pendant la guerre froide, et à ses conséquences sur le marché mondial de l’hélium. Nous proposons un modèle numérique de type équilibre partiel qui représente de manière détaillée cette industrie. Dans ce modèle, les producteurs d’hélium et la FHR sont les joueurs d’un jeu dynamique. Nous construisons quatre scénarios représentatifs des évolutions possible de l’offre et de la demande d’hélium et comparons pour chacun d’eux, deux politiques alternatives visant à organiser la fermeture de la FHR : la cessation au plus tôt actuellement mise en œuvre par le gouvernement fédéral américain dans le cadre du 2013 Helium Stewardship Act et un mandat plus souple permettant une cessation progressive des activités de la FHR au cours des vingt prochaines années. Les résultats des simulations indiquent que, par rapport à la politique actuelle, le mandat souple améliore systématiquement le profit obtenu par l’état fédéral américain tout en réduisant le volume d’hélium émis dans l’atmosphère. Par ailleurs, ce mandat souple s’avère préférable du point du bien-être social mondial dans trois des quatre scénarios.


WP 2016.28
Merchants of Doubt: Corporate Political Influence when Expert Credibility is Uncertain

Mireille Chiroleu-Assouline – Thomas P. Lyon

Résumé
L’un des rôles clés des organisations non gouvernementales (ONG) d’expertise scientifique est de contribuer à la transmission des connaissances scientifiques aux législateurs. Cependant, il a pu être récemment constaté que des groupes d’intérêt favorables aux intérêts industriels tentent souvent de saper la crédibilité de telles ONG et d’affaiblir leur capacité à influencer le processus de décision politique. Afin d’étudier les mécanismes par lesquels une entreprise peut avec profit créer le doute sur l’information scientifique, nous mettons en œuvre un modèle de signal dans lequel des groupes d’intérêt se livrent au lobbying alors que le législateur subit des coûts fixes de prise de décision de politique économique. Le premier repose sur un processus de persuasion bayésienne dans le but de faire passer l’ONG pour un groupe extrémiste radical dont le lobbying n’est pas crédible. Le second passe par la création d’un think tank qui peut offrir son propre témoignage sur les sujets scientifiques nécessitant des décisions de régulation. Nous montrons que la firme préfère que le think tank ne se comporte pas de façon modérée et crédible mais qu’il prenne de temps en temps des positions radicales, non-crédibles. Nous identifions les conditions pour lesquelles l’un des mécanismes est préféré à l’autre.


WP 2016.27
The role of conflict for optimal climate and immigration policy

Fabien Prieur – Ingmar Schumacher

Résumé
Cet article analyse le lien entre changement climatique, immigration et conflit et s’intéresse à la conception des politiques publiques migratoires et d’atténuation dans un cadre théorique.


WP 2016.26
Global warming as an asymmetric public bad

Louis-Gaëtan Giraudet – Céline Guivarch

Résumé
Nous proposons une extension du modèle de jeu dynamique appliqué au réchauffement climatique visant à intégrer les faits stylisés suivants : (i) alors que la plupart des pays s’apprêtent à subir des dommages, certains vont tirer des bénéfices à court terme ; (ii) la vulnérabilité des pays au réchauffement est peu corrélée à leur capacité d’atténuation du problème ; (iii) certaines technologies d’adaptation, comme la climatisation, peuvent aggraver le réchauffement. Ces asymétries ajoutent un problème de « conducteur clandestin » au problème classique de « passager clandestin ». L’extension proposée crée la possibilité d’une atténuation excessive en régime non coopératif. De plus, elle restreint le champ des améliorations de Pareto possibles sans transferts. Enfin, elle peut motiver une différenciation des prix pigouviens par pays.


WP 2016.25
The land use change time-accounting failure

Marion Dupoux

Résumé
Le changement d’affectation des sols (CAS) constitue la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre induits par l’homme après les énergies fossiles. Ce papier soulève les impacts de la considération temporelle uniforme des CAS, au sein des politiques d’énergie, sur l’évaluation économique de projets. Ce biais d’évaluation provient à la fois de : (i) la règle classique d’Hotelling employée pour les prix du carbone comme si la problématique du changement climatique reposait strictement sur les mêmes principes que les énergies non-renouvelables et (ii) le profil temporel des impacts des CAS pris comme constants au cours du temps au sein des principales politiques énergie (RED, RFS2). Tout d’abord, l’évolution temporelle des prix du carbone devrait s’appuyer sur deux éléments supplémentaires propres au changement climatique, à savoir l’absorption naturelle du carbone et l’incertitude, ce qui implique un éloignement de la règle standard d’Hotelling. Ensuite, la conversion d’un usage de terres en un autre génère une dynamique du carbone décrite comme décroissante au cours du temps par la littérature en biologie. A l’aide d’un modèle théorique, je montre que l’emploi de l’annualisation uniforme (comme dans la politiques énergie européenne notamment) dans une analyse coût-bénéfice, entraîne une évaluation incorrecte de projets liés aux CAS lorsque les prix du carbone dévient de la règle d’Hotelling.
Celle-ci accentue à la fois l’effet « écrasant » du taux d’actualisation et la hausse du prix du carbone, que ce soit le type d’impact (émission u séquestration). Ce cadre est appliqué ensuite aux impacts sur le réchauffement global du bioethanol en France pour lesquels le biais induit par l’annualisation uniforme est calculé. En particulier, les temps de retour de la profitabilité du carbone sous l’approche uniforme ne reflètent pas l’investissement carbone effectif des CAS. Ceci modifie potentiellement les conclusions relatives à l’atteinte des objectifs environnementaux imposés par les politiques énergie.


WP 2016.24
L’économicisation de la nature, réalités historiques et mythes contemporains

Publié dans Revue économique (2018), 120-146.

Harold Levrel – Antoine Missemer

Résumé
Il est fréquent d’entendre dans le débat public et scientifique que l’économie, en investissant les sujets environnementaux, a fini par aliéner l’essence même de la nature, vue désormais comme un ensemble de biens, de services et de capitaux à préserver, voire à faire fructifier, sans égard pour les dimensions extra-économiques et symboliques qu’elle revêt. Cette économicisation de la nature s’exprimerait à travers des mécanismes de monétarisation, de privatisation et de marchandisation regrettables. Sans doute ces phénomènes sont-ils bien réels. Ils méritent néanmoins d’être examinés de près pour constater d’une part qu’ils ne sont pas nouveaux dans l’histoire des rapports homme-nature, et pour souligner d’autre part qu’ils entrent en concurrence avec des logiques de dés-économicisation de la nature, qu’il s’agit aussi de prendre en compte aujourd’hui. Notre contribution a donc pour ambition d’éclaircir le débat, en distinguant ce qui relève de la réalité et ce qui relève davantage du mythe dans cette économicisation de la nature, en soulignant que cette dernière n’est ni nouvelle, ni irréversible, ni univoque et qu’elle ne semble pas indéfectiblement liée à l’essor du(néo)libéralisme.


WP 2016.23
Effect of gold mining on income distribution in Ghana

George Adu – Franklin Amuakwa-Mensah – George Marbuah – Justice Tei Mensah

Résumé
Cet article examine l’effet de l’exploitation minière sur le revenu des ménages et le bien-être et comment ces effets sont répartis sur différents quantiles de revenu et de bien-être. En utilisant les trois séries les plus récentes des Ghana Living Standards Surveys ainsi que des informations sur la localisation des mines d’or au cours des années d’enquête, nous avons estimé l’influence d’habiter dans une région minière, sur le revenu brut réel, le revenu du travail et les dépenses réelles (un proxy du bien-être) des ménages, en utilisant des modèles de moyenne et de régression quantile. Nous trouvons des preuves solides de l’effet négatif de l’exploitation minière sur le revenu et le bien-être des ménages. Nos résultats indiquent également que l’effet de réduction des revenus dus à l’activité minière pèsent lourdement sur les ménages au bas de la répartition des revenus. Dans le cas du bien-être des ménages, la révélation intéressante de notre résultat est que l’effet négatif de l’exploitation minière affecte en grande partie les deux extrémités inférieures et supérieures de la distribution du bien-être, le fardeau étant beaucoup plus lourd à l’extrémité la plus basse par rapport à la plus élevée. Notre papier, donc, fournit de nombreuses preuves que l’activité minière ne réduit pas seulement le revenu et le bien-être, mais qu’elle provoque aussi de nouvelles augmentations des inégalités dans la répartition des revenus et du bien-être.


WP 2016.22
Pollution and infectious diseases

Publié dans International Journal of Economic Theory (2018), 14(4), 351-372.

Stefano Bosi – David Desmarchelier

Résumé
Des résultats empiriques récents soulignent l’impact négatif de la pollution sur l’offre de travail. Cette relation est expliquée par deux mécanismes : (1) la pollution modifie l’arbitrage travail-loisir en dégradant les conditions de travail (effet incitatif) ; (2) un environnement pollué promeut la propagation d’épidémies en affectant le système immunitaire des ménages (effet santé). Bosi et al. (2015) ont exploré les conséquences macroéconomiques qu’implique l’effet incitatif. En particulier, ces auteurs ont démontré qu’il pouvait générer l’apparition de fluctuations endogènes. Le présent papier se concentre, quant à lui, sur l’effet santé en développant un modèle à la Ramsey dans lequel une maladie infectieuse se propage. L’étude de la dynamique locale révèle que l’impact environnemental de la production peut générer l’apparition de cycles limites au voisinage de l’état stationnaire endémique. Plus précisément, au voisinage de cet état stationnaire, le système économique peut subir l’apparition d’une bifurcation transcritique suivie par deux bifurcations de Hopf.


WP 2016.21
Un modèle de décroissance optimale

Publié dans Ecological Economics (2017), 136, 266-281.

Marc Germain

Résumé
Dans le cadre d’un modèle de croissance à la Ramsey avec ressource naturelle et pollution et reposant sur les postulats de l’économie écologique, ce papier étudie les effets de politiques de décroissance volontaire sur la production et le bien-être. L’instrument de ces politiques est une taxe prélevée sur la ressource naturelle. Ces politiques sont appliquées par les pouvoirs publics suite au retournement de la fonction d’utilité des ménages induit par l’augmentation de la pollution.
Par rapport à la situation de laissez-faire, leur résultat est à la fois de réduire la production et la pollution d’une part, et d’accroître le bien-être d’autre part.
Une réaction plus tardive des autorités publiques suite au retournement de la fonction d’utilité des ménages implique que la taxation de la ressource naturelle doit être plus élevée pendant les premières périodes. Si la préférence pour le futur des autorités est plus grande, alors les gains d’utilité dus à la politique de décroissance sont moindres pour les premières générations de la dynastie et supérieurs pour les suivantes. L’impact du progrès technique économisant la ressource ou améliorant le traitement de la pollution est également analysé.


WP 2016.20
Bring Back Our Light: Power Outages and Industrial Performance in Sub-Saharan Africa

Justice Tei Mensah

Résumé
Les coupures d’électricité sont devenues une caractéristique de nombreuses économies d’Afrique sub-saharienne. Ce papier tente d’étudier les impacts micro et macroéconomiques de pannes d’électricité par l’estimation des effets sur les revenus et la productivité des entreprises et sur la croissance de la production des secteurs manufacturiers et industriels. En outre, j’évalue l’impact de l’auto-génération pour atténuer les effets des pénuries d’électricité sur les performances des entreprises en utilisant une approche quasi-expérimentale. Les résultats de l’analyse révèlent des effets négatifs importants des pénuries d’électricité sur les revenus et la productivité des entreprises comme sur la croissance de la production de l’industrie manufacturière et des secteurs industriels. Enfin, contrairement à l’idée que l’auto-génération peut être utile aux entreprises pendant les périodes de panne, nos données suggèrent que le recours à l’auto-génération est associé à des pertes de productivité malgré des gains de revenus à court terme.


WP 2016.19
The actual impact of shale gas revolution on the U.S. manufacturing sector

Yassine Kirat

Résumé
Cet article étudie l’avantage comparatif procuré par la révolution du gaz de schiste des États-Unis à leur secteur manufacturier. Nous estimons la réponse de différentes variables économiques du secteur manufacturier américain avec des modèles dynamiques de données de panel qui permettent d’obtenir une réponse de chaque secteur en fonction de son intensité énergétique. Nous montrons que la baisse du prix relatif du gaz naturel aux Etats-Unis par rapport à l’Europe a conduit à une augmentation de l’activité industrielle d’environ 2%. Nous montrons également que les exportations se sont accrues de 0,86% et que les importations ont décru de 1,11%. Nous mettons en outre en évidence l’existence de breaks structurels dans la relation entre les prix du gaz naturel et les importations et exportations. Globalement, nous en concluons que la révolution des gaz de schiste a permis l’expansion de certains secteurs industriels sans pour autant avoir eu un effet important sur le secteur manufacturier dans son ensemble.


WP 2016.18
An evaluation of French municipal solid waste pricing system

Houévoh Amandine Gnonlonfin

Abstract
Cette étude évalue les effets « prévention » et « substitution » des trois taxes du système de tarification incitative de la gestion des déchets municipaux en France. Nous avons estimé les élasticités des quantités de déchets municipaux collectés et traités dans les filières de recyclage des matières, de compostage, de l’incinération avec et sans récupération d’énergie, de l’enfouissement et de la mise en décharge. Pour cela, nous avons utilisé les données départementales issues des enquêtes « collecte » 2005-2011 de l’ADEME. L’utilisation des modèles en panel et de Heckman two-step a permis de contrôler les biais d’endogénéité et de sélection liés aux décisions des collectivités locales quant aux technologies de traitement et aux taxes incitatives. Les résultats montrent une complémentarité des trois taxes française à savoir la Redevance incitative, la Responsabilité Élargie du Producteur et la Taxe Générale sur les Activités Polluantes ; avec une primauté de l’effet de la Redevance sur la demande des ménages et une primauté de l’effet de la Responsabilité Élargie du Producteur sur la sélection de la technologie de traitement au niveau des collectivités locales.


WP 2016.17
Climate agreements in a mitigation-adaptation game

Publié dans Journal of Public Economics (2018), 165, 101-113.

Basak Bayramoglu – Michael Finus – Jean-François Jacques

Résumé
Nous étudions l’interaction stratégique entre les stratégies de l’atténuation du changement climatique (bien public) et de l’adaptation au changement climatique (bien privé). Nous montrons que ces deux stratégies sont des substituts stratégiques en considérant différentes définitions de substituabilité. Par ailleurs, l’adaptation peut donner naissance à des situations où les efforts d’atténuation des pays ne sont plus des substituts mais des compléments stratégiques. Nous analysons les conditions sous lesquelles ces complémentarités conduisent à des accords climatiques auto-renforçant signés par un nombre important de signataires. Nos résultats peuvent s’étendre à de multiples problèmes d’externalité impliquant les biens publics.


WP 2016.16
Trade in environmental goods and sustainable development: What are we learning from the transition economies’ experience?

Publié dans Environmental Economics and Policy Studies (2018), 20(4), 785-827.

Natalia Zugravu-Soilita

Résumé
Dans cette étude, nous analysons les effets causaux de l’intensité des échanges internationaux de biens environnementaux (BE) sur la pollution de l’air et de l’eau, en traitant les variables de commerce, de politique environnementale et de revenu comme endogènes. Nous estimons un système d’équations simultanées de forme réduite sur des données de panel, de 1995 à 2003, pour les pays en transition de la Communauté des États Indépendants et de l’Europe Centrale et Orientale. Nos résultats empiriques suggèrent que, bien que l’intensité des échanges de BE (liste agrégée) réduit les émissions de CO₂ principalement grâce à un effet indirect passant par le revenu, ce type de commerce augmente la pollution de l’eau (l’effet négatif induit par le revenu ne permettant pas de compenser intégralement l’effet positif direct d’échelle-composition). Aucun effet significatif sur les émissions de SO 2 n’est trouvé pour le commerce total de BE. En plus des effets divergents selon la nature des polluants, les résultats apparaissent sensibles à la classification des BE : technologies et produits moins polluants, produits/équipements «en bout de chaîne», produits préférables pour l’environnement, etc. Par exemple, un double bénéfice —environnemental et économique— n’est trouvé que pour le commerce de technologies et produits moins polluants dans les modèles expliquant les émissions de gaz à effet de serre. Des résultats intéressants sont discutés séparément pour les importations et les exportations de différentes catégories de BE. Dans l’ensemble, nous ne pouvons pas valider l’urgence d’une libéralisation globale et uniforme des échanges de BE dans une perspective de développement durable. Des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux, prenant en compte les priorités spécifiques des États, pourraient agir comme des blocs-constructeurs vers une libéralisation globale de BE, réalisée séquentiellement.


WP 2016.15
Environmental Incentives: Nudge or Tax?

Benjamin Ouvrard – Sandrine Spaeter

Résumé
Nous considérons un modèle dans lequel les individus peuvent volontairement contribuer afin d’améliorer la qualité environnementale. Ces individus diffèrent dans leur confiance accordée au régulateur concernant le risque de pollution qu’il annonce, modélisé par un modèle d’UDR, et dans leur sensibilité environnementale. Nous comparons l’efficacité d’une taxe pour augmenter le niveau des contributions individuelles avec les avantages d’un nudge basé sur l’annonce de la contribution optimale à chacun des individus. Sous certaines conditions, un nudge peut induire un niveau de contributions plus élevé, car la réaction individuelle dépend directement de la sensibilité environnementale, alors que la réaction à une taxe ne dépend qu’indirectement de la sensibilité. De plus, un nudge ne nécessite pas de connaître des informations concernant les contributions privées, contrairement à une taxe basée sur les contributions non fournies par rapport à l’optimum social. Enfin, la mise en place d’un nudge est moins coûteuse. Cependant, certains défauts des nudges sont discutés. Des simulations illustrent nos résultats.


WP 2016.14
Interaction between CO2 emissions trading and renewable energy subsidies under uncertainty: feed-in tariffs as a safety net against over-allocation

Publié dans Climate Policy (2019), 18(9), 1002-1018.

Oskar Lecuyer – Philippe Quirion

Résumé
Nous étudions les interactions entre un système de quotas échangeables d’émissions de CO2 (ETS) et une subvention aux énergies renouvelables, en présence d’incertitude sur la demande d’électricité et les coûts. Tout d’abord, nous montrons que dans la plupart des ETS en place dans le monde, l’incertitude a suscité une surallocation (définie comme un plafond d’émissions supérieur aux émissions qui auraient eu lieu en l’absence d’ETS), au moins pendant un temps.
Nous développons ensuite un modèle analytique et un modèle numérique appliqué au marché de l’électricité de l’Union européenne, où les subventions aux énergies renouvelables ne sont justifiées que par la réduction des émissions de CO2. Nous montrons que dans ce contexte, si l’incertitude est faible, les subventions aux énergies renouvelables ne sont pas justifiées, mais si l’incertitude est assez grande, ces subventions augmentent le bien-être espéré, car elles réduisent les émissions de CO2 même en cas de surallocation.
La source d’incertitude est importante lorsque l’on compare les différents types de subventions aux énergies renouvelables. En cas d’incertitude sur la demande d’électricité, sur le coût des énergies renouvelables ou sur le prix du gaz, un tarif d’achat apporte un bien-être espéré supérieure à une prime fixe, car il fournit une subvention plus élevée quand c’est réellement nécessaire, c’est-à-dire lorsque le prix de l’électricité est faible. En cas d’incertitude sur le prix du charbon, le résultat inverse est vrai. Ces résultats apportent un éclairage nouveau sur le remplacement de tarifs de rachat par des primes, qui a lieu en ce moment en Europe.


WP 2016.13
Willingness to pay for environmental quality and social capital influence in Sweden

George Marbuah

Résumé
La reconnaissance croissante du capital social comme un paramètre important nécessaires pour façonner le comportement pro-environnement et les attitudes est bien établi dans la littérature et continue de retenir l’attention des décideurs politiques, des universitaires et des citoyens dans de nombreuses juridictions. Dans cet article, nous contribuons à ce volet de la littérature en étudiant la mesure dans laquelle les différents éléments de la tendance de capitaux sociaux influences public suédois à contribuer financièrement ou par des changements de style de vie afin de protéger l’environnement. Utilisant les données de la dernière vague du Programme international Enquête sociale (ISSP) sur l’environnement en 2010, nous explorons de manière empirique le lien entre la volonté des individus à payer (CAP) et l’influence du capital social en utilisant un modèle logistique ordonné. Les résultats montrent que, les individus en Suède sont assez disposés à payer pour l’environnement et que cette décision est principalement et fortement influencé par les éléments du capital social. En particulier, nous trouvons des résultats assez solides pour montrer que la confiance sociale et institutionnelle, l’appartenance à un groupe environnemental parmi les activités de participation civique connexes et le respect des normes environnementales impact significatif sur la probabilité de la décision des individus à sacrifier vers la durabilité environnementale en payant plus élevé des taxes environnementales, les prix ou par niveau de rajustements de vie.


WP 2016.12
How useful are (Censored) Quantile Regressions for Contingent Valuation? Evidence from a flood survey

Victor Champonnois – Olivier Chanel

Résumé
Nous étudions l’intérêt des régressions quantiles (QR) et régressions quantiles censurées (CQR) pour l’analyse des données issues d’évaluations contingentes (CV). En effet, bien que les estimateurs (C)QR ont plusieurs propriétés intéressantes pour l’évaluation contingente, la littérature est peu développée puisqu’elle ne comprend que six études. Nous procédons en trois étapes. D’abord nous exposons les raisons pour lesquelles les (C)QR peuvent contribuer à résoudre plusieurs problèmes économétriques associés aux données d’évaluation contingente. Ensuite des simulations de Monte Carlo étudient les performances des (C)QR par rapport aux modèles standards (linéaire et censuré). Enfin, nous appliquons ces quatre modèles à une évaluation contingente française traitant du risque d’inondation. Bien que nos résultats montrent l’utilité des régressions quantiles pour l’analyse des données d’évaluation contingente, ils ne permettent pas de conclure sur l’intérêt des estimateurs CQR par rapport aux estimateurs QR.


WP 2016.11
The determinants of household’s flood mitigation decisions in France – evidence of feedback effects from past investments

Publié dans Ecological Economics (2017), 131, 342-352.

Claire Richert – Katrin Erdlenbruch – Charles Figuières

Résumé
Dans cet article, nous étudions les déterminants de la lutte individuelle contre les inondations en France. Nous avons mené une enquête auprès de 331 habitants de deux zones inondables et recueilli des données sur plusieurs questions, comme l’atténuation individuelle contre les inondations, la perception du risque, l’expérience du risque, et les caractéristiques socio-démographiques. Nous estimons des modèles de choix discrets pour expliquer les mesures de précaution mises en place par le ménage, et aussi l’intention de prendre de telles mesures. Nous testons la robustesse de la Protection Motivation Theory (PMT) en France ; nous discutons de son champ d’application et nous questionnons l’existence d’effets de rétroaction des investissements passés sur les intentions de protection. Nos résultats confirment que la PMT est un cadre pertinent pour décrire les mécanismes de lutte contre les inondations privée en France, en soulignant en particulier l’importance de l’évaluation de la menace, de l’expérience de la menace, et de l’adaptation. Certaines caractéristiques socio-démographiques sont également importantes pour expliquer l’atténuation privée des inondations. Nos résultats corroborent aussi la présence d’effets de rétroaction, qui suggèrent que la mise en place de mesures de précaution réduit la perception du risque d’inondation. L’existence de ces effets de rétroaction implique que les mesures envisagées, plutôt que celles mises en œuvre, devraient être examinées pour explorer davantage les déterminants de la lutte privée contre les inondations.


WP 2016.10
From Primary Resources to Useful Energy: The Pollution Ceiling Efficiency Paradox

Jean-Pierre Amigues – Michel Moreaux

Résumé
On étudie une économie produisant des services énergétiques à partir d’une ressource fossile polluante et d’une ressource renouvelable non-polluante sous une contrainte portant sur la concentration atmosphérique en carbone, de manière équivalente portant sur la température admissible. Les taux de transformation des sources d’énergie primaire en énergie utile sont des variables endogènes coûteuses. Choisir d’accroître les taux de conversion suppose de recourir à des procédés plus sophistiqués, partant plus coûteux. Nous montrons qu’indépendamment du progrès technique, le long d’un équilibre concurrentiel en prévisions parfaites qui est aussi Pareto optimal, le taux de transformation de toute ressource effectivement exploitée doit croître au cours du temps, excepté lorsque la contrainte carbone est active, une conclusion que nous appelons le « paradoxe du plafond carbone ».


WP 2016.09
La transition énergétique est-elle favorable aux branches à fort contenu en emploi ? Une approche input-output pour la France

Publié dans Revue d’économie politique (2017), 127(5), 851-887.

Quentin Perrier – Philippe Quirion

Résumé
Dans le débat public sur la transition énergétique en France, l’emploi occupe une place prépondérante. Nous calculons, pour l’économie française en 2010, le contenu en emploi et en gaz à effet de serre des différentes branches, c’est-à-dire le nombre d’emplois et de tonnes-équivalent-CO2 par million d’euros de demande finale.Nous utilisons pour cela le tableau entrées-sorties au niveau le plus désagrégé disponible (64 branches). Nous développons et appliquons ensuite une méthodologie originale pour décomposer les écarts de contenu en emploi entre branches en cinq facteurs: le taux d’importations de produits finaux, le taux d’importations de consommations intermédiaires, les taux de taxes et subventions, les niveaux de salaire et la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée. Enfin, nous étudions certaines substitutions inter branches qui découleraient d’une transition énergétique visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.


WP 2016.08
Trade and fisheries subsidies

Publié dans Journal of International Economics (2018), 112, 13-32.

Basak Bayramoglu – Brian R. Copeland – Jean-François Jacques

Résumé
Les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce ont tenu compte des subventions à la pêche dans le cycle de négociations commerciales de Doha. Cet article présente un modèle simple qui montre les difficultés d’atteindre un accord sur les subventions à la pêche. Habituellement, les externalités internationales créent des incitations aux exportateurs pour négocier des réductions des subventions: la subvention d’un pays aggrave les termes à l’échange des autres exportateurs. Ces incitations peuvent ne pas exister dans le cas des pêcheries pour 3 raisons. D’abord, si les stocks de poissons sont très réduits, la subvention d’un pays réduit son offre de poissons de long terme. Ceci augmente le prix des poissons et donc bénéficie aux autres pays exportateurs de poissons. Deuxièmement, si les gouvernements utilisent d’autres politiques pour gérer les stocks de poissons, alors les modifications de subvention ne peuvent pas affecter les prises et par conséquent ne peuvent pas générer des effets sur les prix internationaux. Et troisièmement, même si les gouvernements ont été contraints de réduire les subventions à la pêche, peu d’effets réels sont attendus car les gouvernements seraient tentés d’affaiblir d’autres régulations visant le secteur de la pêche.


WP 2016.07
Precautionary Storage in Electricity Markets

Tunç Durmaz

Résumé
Puisque la production d’énergie renouvelable dépend de chocs météorologiques, sa croissance récente a rendu la production totale d’énergie plus risquée, et a accru l’intérêt porté au stockage. Dans cet article, nous nous intéressons au motif de précaution pour le stockage, en nous appuyant sur une utilité marginale convexe (prudence) et un coût marginal convexe (frugalité). Nous construisons un modèle théorique simple et montrons que la prudence et la frugalité peuvent favoriser le stockage. Sous l’hypothèse de marchés concurrentiels, nous montrons de plus que ces deux éléments conduisent à une augmentation du prix de l’énergie, en raison d’une plus forte demande de stockage, et à une réduction de la volatilité de ce prix. Les résultats confirment que le motif de précaution a d’importants impacts directs et indirects sur les prix et la production d’énergie.


WP 2016.06
Energy Tax Reform in Time of Crisis : The Case of Energy-Dependent and Open Economies

Emmanuel Combet

Résumé
Le renchérissement de l’énergie est à la base de l’efficacité des politiques visant la bonne gestion des systèmes énergétiques et l’atténuation des dommages environnementaux associés. Ce renchérissement peut néanmoins causer des pertes économiques sur une période de transition, lorsque les substitutions techniques n’ont pas encore pu se déployer. Ce papier analyse les conséquences d’une hausse du prix relatif de l’énergie par rapport au travail sur la production agrégée et l’emploi. Cette hausse prend la forme d’une substitution marginale des prélèvements obligatoires sur le travail par de la fiscalité énergétique. Nous développons un modèle d’équilibre général représentant une économie ouverte, en situation de sous-emploi, et fortement dépendante aux énergies importées. Ce modèle est suffisamment simple pour ne pas restreindre l’analyse au voisinage d’un optimum. Nous montrons comment l& #039;évaluation des conséquences pour la production et l’emploi est sensible au jeu de paramètres décrivant 1) le fonctionnement de l’économie (la réaction des salaires domestiques au chômage, et l’effet sur le commerce extérieur de la variation des coûts de production), et 2) l’état initial de l’économie (les consommations d’énergie, le prix d’importation des énergies, les niveaux de chômage et de salaires, les prélèvements sur le travail et l’énergie). Lorsque l’économie domestique ne bénéficie pas d’avantage comparatif ‘hors coûts’ importants (la condition de Marshall-Lerner est vérifiée), l’effet est positif indépendamment des autres paramètres. Lorsque cette condition n’est pas vérifiée, l’effet est positif uniquement lorsque les salaires s’ajustent de façon à compenser les hausses de factures énergétiques, et ainsi, soutenir la demande intérieure.


WP 2016.05
Groundwater Overdraft, Electricity, and Wrong Incentives: Evidence from Mexico

Vicente Ruiz

Résumé
La surexploitation d’eau menace la viabilité d’un nombre croissant de nappes phréatiques au Mexique. La quantité excessive d’eau souterraine extraite par les activités agricoles, en s’appuyant sur des méthodes d’irrigation, a contribué de manière importante à cette problématique. L’objectif de cet article est d’analyser, à partir d’une approche structurelle, l’effet des changements du prix de l’eau souterraine sur l’utilisation de différents facteurs de production. En utilisant une combinaison de plusieurs sources de micro-données, ainsi que d’une fonction de coût du type Translog, je propose un modèle pour la technologie des producteurs qui font face à la surexploitation des nappes phréatiques. Les résultats de cette analyse montrent que l’élasticité-prix de l’eau souterraine pour l’échantillon analysé est -0,54. Par ailleurs, ces résultats montrent également que suite à un changement dans le prix de l’eau souterraine, la main-d’oeuvre et l’engrais peuvent réagir comme substituts de l’eau souterraine.


WP 2016.04
The nature and impacts of environmental spillovers on housing prices: A spatial hedonic analysis

Publié dans Revue d’économie politique (2016), 126(5), 921-945.

Masha Maslianskaia-Pautrel – Catherine Baumont

Résumé
L’article s’intéresse à la dimension spatiale des effets environnementaux. Nous utilisons des avancées récentes de l’économétrie spatiale pour montrer que l’interprétation des estimations hédoniques en tant que prix implicit des attributs des logements dépend de la spécification du modèle spatiale. Notamment, le prix implicit combine un effet feedback et un effet de propagation et peut être interprété en termes de spillovers locaux et globaux. Nous construisons un modèle empirique de l’espace estuarien ligérien, un espace rural et urbanisé avec des zones naturelles et des espaces plus artificialisés. Nous étudions différents schémas d’interaction spatiale pour tester la robustesse de nos estimations. Cette analyse suggère que les schémas basés sur la distance inverse et de petits voisinages aboutissent à des estimations stables. Ce résultat est également cohérent avec un comportement des ménages qui s’intéressent dans leur recherche à la comparaisons avec des maisons plus proches et limitent les zones d’investigation. Comme attendu, l’impact positif est concentré sur les attributs traditionnels comme la proximité au front de mer et les endroits calmes. Au contraire, la présence de zones humides de différents types a un impact négative probablement à cause de risques (d’inondation et d’autres) associé avec cette proximité. En outre, si les quartiers urbanisés sont plus appréciés par les ménages, c’est plutôt parce que les zones rurales le sont moins que pour les aménités urbaines elles-mêmes.


WP 2016.03
Preferences and pollution cycles

Stefano Bosi – David Desmarchelier – Lionel Ragot

Résumé
Nous étudions le sentier de croissance concurrentiel d’une économie à la Ramsey où la pollution (externalité négative) affecte à la fois la demande de consommation et l’offre de travail des ménages. La pollution y est introduite comme une variable de stock avec une forte persistance au cours du temps. Dans la littérature, des situations d’indétermination locale apparaissent lorsque la pollution prend la forme d’un flux. Dans notre modèle, lorsque la pollution augmente la demande de consommation (effet de compensation), tout en réduisant l’offre de travail (effet loisir), des équilibres multiples apparaissent au voisinage de l’état stationnaire (indétermination locale) au travers d’une bifurcation de Hopf (cycle limite). Ce résultat surprenant s’explique par la présence de l’effet loisir qui rend le processus d’accumulation de la pollution plus volatile.


WP 2016.02
Climate variability and infectious diseases nexus: evidence from Sweden

Publié dans Infectious Disease Modelling (2017)2(2), 203–217.

Franklin Amuakwa-Mensah – George Marbuah – Mwenya Mubanga

Résumé
Dans cet article, nous évaluons empiriquement des prédictions fondées sur un modèle théorique qui relie changement climatique et santé. En utilisant les données suédoises sur les maladies infectieuses, nous estimons la relation de causalité entre la variabilité du climat et des mesures de la santé. En règle générale, nous constatons que le nombre de patients et les admissions à l’hôpital sont significativement influencées par des indicateurs du changement climatique et des variables socio-économiques tels que le revenu et le nombre d’immigrants. L’effet de la température sur la santé est ambigu et sensible à la mesure de température choisie (hivernale, estivale, ou en moyenne annuelle). Les précipitations expliquent le nombre de patients et les admissions seulement lorsque l’on utilise la température estivale. De plus, les émissions carbonées jouent un rôle significatif en été. Enfin, la relation entre santé et revenu par tête suit une courbe en U inversée.


WP 2016.01
Adaptation and mitigation are not enough: turning to emissions reduction abroad

Publié dans Environmental and Resource Economics (2016)68(4), 875–891.

Aude Pommeret – Alain Ayong Le Kama

Résumé
Dans cet article, nous étudions la dynamique de long terme du mix optimal entre adaptation et atténuation en présence d’un seuil de pollution au-dessus duquel l’adaptation n’est plus efficace. Les accumulations du capital d’atténuation, des GES et du capital d’adaptation sont prises en compte afin de mieux appréhender l’arbitrage entre investissement en atténuation et investissement en adaptation. Les dommages de la pollution sont issus de la consommation dans le pays domestique mais proviennent aussi des émissions du reste du monde (RDM). Un seuil de pollution est alors introduit, au-dessus duquel l’adaptation n’est plus efficace. Nous obtenons que si ce seuil est inférieur au niveau de pollution d’état stationnaire, il n’est pas possible pour l’économie de l’éviter. En particulier, une telle situation apparaît si les émissions du RDM sont importantes. L’étape suivante consiste à introduire un autre instrument permettant de réduire l a pollution du RDM ie. un instrument réduisant les émissions étrangères tel que le MDP par exemple. Nous obtenons que le MDP peut être un moyen d’éviter le seuil de pollution au-delà duquel l’adaptation est inutile.

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