Post-doc : Bioénergie, usage des terres et politiques climatiques

L’essentiel de la décarbonation devrait passer par l’électrification des activités émettrices. Certains usages sont cependant difficiles à électrifier (transport lourds, aérien, certaines industries) et l’usage de bioénergie est une alternative à l’électrification. Par bioénergie nous entendons l’énergie produite à partir de biomasse (bois de chauffage, bio méthane, bio carburants…). Les questions relatives à la bioénergie concernent plus généralement l’usage des sols et la bioéconomie (la substitution de molécule de carbone fossile par du carbone biogénique).

L’usage des sols joue un rôle central dans une économie neutre en carbone en raison de i) la production agricole, responsable d’environ 20% des émissions nationales, ii) la production de produits substituts à des produits polluants dont la bioénergie mais aussi le bois d’œuvre ou la biochimie… et iii) source de capture et séquestration de carbone permettant de compenser certaines émissions. Ces différents usages interagissent et il existe des complémentarités à prendre en compte (déchets de menuiserie utilisables pour bioénergie). Par ailleurs, les usages des sols jouent aussi un rôle essentiel pour la préservation et la restauration de la biodiversité.

Le bilan carbone des différentes filières bioénergie n’est pas évident en raison des usages alternatifs des sols. La présomption d’un bilan neutre (le carbone émis à l’usage est capturé lors de la croissance de la biomasse) est remise en cause si la référence est un puit, ce qui rappelle les débats sur les biocarburants et les changements d’usages des sols directs et indirects. Se pose alors une double question d’allocation pour la transition énergétique : allocation, entre différents usages, des bioénergies et des émissions compensées.

Questions de recherche, accompagnant une lecture critique de la Stratégie Nationale Bas Carbone :
1. Comment doivent être alloués les sols entre différentes filières notamment bioénergétiques, sur la base de quels critères ? Il faudrait élaborer un cadre conceptuel stylisé caractérisant les filières par des critères pertinents s’inspirant des notions de Coût d’Opportunité Carbone (Hayek et al, 2021) et les trois S de la forêt: séquestration (dans les produits), stockage (dans les sols et biomasse), substitution (de produits polluants).
2. Comment cette allocation dépend-elle des instruments de politiques publiques mobilisés ? Et comment les subventions (ou autre politique de soutien) doivent intégrer les usages alternatifs des sols.
3. Dans une perspective dynamique de transition énergétique, les émissions résiduelles des différentes filières « bas carbone’’ devraient être compensées par la capture et séquestration naturelle. Il est important pour évaluer ces différentes filières (par ex Electrification vs H2 vs Bioenergie) de savoir comment intégrer ces compensations dans les analyses coût bénéfice. Cette question pratique renvoie à une question plus conceptuelle sur l’impact de la capture et de la séquestration naturelle sur la dynamique du Social Cost of Carbone (règle d’Hotelling).

Méthodologie envisagée : Microéconomie théorique appliquée, Economie publique et de l’environnement, Simulation numérique.

Localisation de l'emploi : Agrocampus, 22 place de l'agronomie, 91120 Palaiseau, France
Nature de l'emploi : Post-doc
Personne contact : Meunier, Guy,
Date limite de candidature : 30/09/2022