2020

PP 2020-03
Cost-Benefit Analysis For Climate Action

Dominique Bureau – Alain Quinet – Katheline Schubert

Résumé
L’objectif européen de zéro émissions nettes d’ici 2050 est extrêmement ambitieux, et l’atteindre va demander des efforts importants. Il est indispensable de sélectionner les projets et les mesures de politique économique rigoureusement pour en alléger le coût. Bien que l’analyse coûts-bénéfices (ACB) soit depuis longtemps la méthode de référence pour évaluer ex ante les politiques publiques, nous soutenons qu’elle devrait jouer un rôle plus important dans la conception et la mise en œuvre des politiques climatiques car les coûts d’abattement sectoriels sont très hétérogènes. Appliquée aux politiques de décarbonation, l’ABC exige tout d’abord la détermination d’un prix fictif du carbone, pour monétiser les bénéfices climatiques des investissements et des politiques. La totalité du cadre d’évaluation doit être adaptée pour prendre en compte les caractéristiques spécifiques de la question climatique : horizon temporel, taux d’actualisation, tarification des risques climatiques. Nous montrons qu’un tel cadre mis à jour conduit à réviser à la hausse l’évaluation des bénéfices climatiques des investissements publics verts et plus largement des actions d’atténuation. Il est également nécessaire d’élargir l’analyse au-delà du critère d’efficacité pour traiter d’autres dimensions des politiques climatiques, telles que leurs effets à long terme sur l’utilisation des terres et, surtout, leurs impacts distributifs. Cela nécessite des analyses spécifiques qui doivent être articulées avec l’ABC et menées très en amont pour mettre en œuvre des politiques climatiques meilleures que celles qui ont été mises en place jusqu’à présent.


PP 2020-02

Qui émet du CO2? Panorama critique des inégalités écologiques en France

Antonin Pottier – Emmanuel Combet – Jean-Michel Cayla – Simona de Lauretis – Franck Nadaud

Résumé
Cet article propose un panorama des inégalités d’émission de gaz à effet de serre (GES) entre les ménages français. Il présente de manière détaillée et critique les conventions méthodologiques retenues pour le calcul des « émissions des ménages », et les présupposés qui les accompagnent. Le principe d’attribution généralement retenu, l’empreinte carbone qui assigne aux ménages les émissions des produits consommés, véhicule des conceptions implicites de la responsabilité. Il focalise l’attention sur les contributions des individus, sur leurs choix, et peut occulter le rôle des acteurs non individuels tout comme la composante collective des émissions de GES, et négliger les dimensions de la responsabilité qui ne sont pas liées à la consommation.
Nous estimons, à partir des données de l’enquête Budget de Famille 2011, la distribution des empreintes carbone des ménages. Les émissions des ménages sont tendanciellement croissantes avec le revenu, mais elles présentent aussi une forte variabilité liée à des facteurs géographiques et techniques qui contraignent à recourir aux énergies fossiles.
À partir d’enquêtes sectorielles (ENTD 2008 ; PHEBUS 2013), nous reconstruisons également les émissions de CO2 des ménages liées aux énergies du logement et du transport. Pour le transport, les émissions sont proportionnelles aux distances parcourues du fait d’un recours prépondérant à la voiture individuelle. Le tissu urbain contraint à la fois la longueur des déplacements quotidiens et l’accès à des modes de transport moins carbonés. Pour le logement, si les surfaces à chauffer croissent avec le revenu et l’éloignement des centres urbains, le premier acteur de variabilité des émissions est le système de chauffage. Il est peu lié au niveau de vie mais plus au tissu urbain, qui contraint l’accès aux différents vecteurs énergétiques.
Nous discutons enfin les difficultés posées par l’estimation des émissions des super-riches, tant techniques que conceptuelles.


PP 2020-01

Low-carbon options for the French power sector: What role for renewables, nuclear energy and carbon capture and storage?

Behrang Shirizadeh – Philippe Quirion

Résumé
Suivant l’accord de Paris, la France s’est fixé un objectif zéro émission nette de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en diminuant rapidement la part des énergies fossiles et en accélérant le déploiement de technologies bas-carbone. Nous développons un modèle détaillé du secteur électrique pour étudier le rôle des différentes technologies à émissions faibles et négatives dans le mix électrique français et nous identifions l’impact des coûts relatifs de ces technologies pour différents coûts social du carbone (SCC).
Nous montrons que pour une fourchette large de valeurs de SCC (de 0 à 500€/tCO2), le mix électrique optimal est constitué d’environ 75% d’énergies renouvelables. Pour une valeur SCC de 100€/tCO2, le secteur de l’électricité devient presque neutre en carbone, et pour 200€/tCO2 et plus, il fournit des émissions négatives. La disponibilité des technologies d’émissions négatives peut réduire le coût de système jusqu’à 18% et peut fournir des émissions négatives à la hauteur de 20MtCO2/an, tandis que la disponibilité du nucléaire est beaucoup moins importante. Cette étude démontre l’importance d’une valeur de SCC élevée (en tant que taxe sur les émissions positives et rémunération pour les émissions négatives) pour atteindre la neutralité carbone à un coût modéré. Pour de telles valeurs, la rémunération des émissions négatives pourrait représenter la majorité des revenus des opérateurs de centrales électriques avec capture et stockage du carbone.

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