Justice environnementale et protection durable des eaux souterraines (Thèse)

CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE
Les Solutions Fondées sur la Nature (SFN) jouent un rôle important dans la gestion durable des eaux souterraines et la production naturelle d’eau de qualité. On estime que chaque année, environ 120 milliards d’euros sont investis dans les SFN au niveau mondial, dont 49 milliards d’euros sont alloués aux SFN pour la protection des ressources en eau (UNEP, 2021), tels que la protection des forêts en amont, la conversion des zones agricoles en forêts, le développement de pratiques agro-écologiques ou les stratégies de recharge des aquifères.
L’efficacité des SFN pour préserver les ressources en eau et la biodiversité, tout en soutenant une conservation socialement juste plutôt que de générer des effets négatifs et de créer ou d’exacerber les inégalités existantes, est cependant contestée (Kolinjivadi et al., 2017; Kotsila et al., 2021; Rodríguez De Francisco et al., 2013; Rodríguez-de-Francisco et al., 2016; Woroniecki et al., 2020).
Ainsi, au-delà de l’efficacité technique de ces solutions, les programmes de SFN soulèvent des questions relatives aux trois dimensions de la justice environnementale : distributive, procédurale, recognition. En effet, les acteurs peuvent être plus ou moins impliqués dans la conception et la mise en oeuvre des programmes (dimension procédurale), plus ou moins impactés par les effets positifs et négatifs de ces solutions (dimension distributive), leurs préférences et valeurs plus ou moins considérés (dimension de reconnaissance). Cette hétérogénéité d’effets et inégalités potentielles peuvent limiter l’acceptation sociétale des SFN et affecter leur mise en oeuvre et leur durabilité à long terme.
Pour autant, à notre connaissance, la justice environnementale est aujourd’hui encore peu considérée pour la conception, la mise en oeuvre et l’évaluation de programmes de protection des eaux souterraines.

RÉSUMÉ DU TRAVAIL PROPOSÉ
La question de recherche principale de la thèse est : dans quelle mesure les programmes de protection des eaux souterraines basés sur des SFN sont-ils « justes » ? Ou, plus spécifiquement : comment les programmes de protection des eaux souterraines basés sur des SFN se positionnent-ils au regard des trois dimensions de la justice environnementale (procédurale, distributive, de reconnaissance) ? La thèse vise à développer et appliquer un cadre d’analyse des programmes de SFN en relation avec les trois dimensions de la justice environnementale en mobilisant les outils des sciences économiques et des sciences sociales. Le travail s’organisera en trois volets :
 Quelle prise en compte de la dimension de justice procédurale dans les programmes SFN ?
 Quelles sont les inégalités environnementales relatives aux effets des programmes SFN ? Quelles sont les préférences relatives à une distribution juste/ équitable des effets ?
 Quels trade-offs ou synergies entre efficience et équité des programmes SFN ?
La thèse mobilisera différentes approches et méthodes issues de l’économie de l’environnement et des ressources naturelles, de l’économie de la soutenabilité, ainsi que de la sociologie : économétrie, enquête de préférences déclarées, économie expérimentale, enquêtes qualitatives, construction d’indices multidimensionnels et mesures des inégalités. Il s’agit donc d’une thèse pour laquelle l’interdisciplinarité sera forte. Elle fera d’abord un état des lieux des méthodes existantes puis développera un cadre analytique permettant d’aborder les trois dimensions de la justice environnementale et l’appliquera sur deux cas d’étude en France, Espagne, Portugal et/ou Amérique
Appel à candidature thèse Justice environnementale et gestion durable des eaux souterraines – date limite 03/11/23
du Sud (cas d’étude actuellement en discussion au sein du projet, et qui seront clairement identifiés au démarrage de la thèse). Le travail de thèse comportera des phases de terrain, notamment la réalisation d’enquêtes.
La publication des résultats se fera dans des journaux scientifiques internationaux d’Economie et de Sciences humaines et sociales avec comité de lecture tels que Journal of Environmental Economics and Management, Ecological Economics, Environmental and Resources Economics, Ecology and Society, Society and Natural Resources, Journal of Environmental Policy & Planning.

ÉCOLE DOCTORALE D’INSCRIPTION
EDEG (Ecole Doctorale Economie – Gestion, ED 231)

DIRECTION ET ENCADREMENT DE LA THÈSE
Directeur Stefano FAROLFI Cirad G-EAU
Encadrante principale Cécile HERIVAUX BRGM G-EAU
Co-encadrant Philippe LE COENT BRGM G-EAU
Co-encadrante Laura SEGUIN BRGM G-EAU

ENVIRONNEMENT SCIENTIFIQUE & INSTITUTIONNEL
La thèse se déroulera au sein de l’UMR G-Eau dans les locaux du BRGM Montpellier, avec des missions sur les terrains d’étude. Des échanges réguliers seront programmés avec le directeur de thèse Stefano Farolfi (Cirad G-EAU). Le doctorant sera intégré à l’animation scientifique de l’UMR, en particulier par la participation aux réunions des équipes Pratiques, REprésentations sociales et COmportementS au sein des socio-hydrosystèmes (PRECOS) et Ingénierie de la Participation et de la Décision (IPD) de l’UMR.
La thèse est financée dans le cadre du projet de recherche BIO-JUST (financement ANR pour le BRGM). Le doctorant sera intégré à l’équipe de recherche BRGM impliquée sur le projet, composée de Cécile Hérivaux, Philippe Le Coënt et Laura Seguin (DEPA/ NRE – UMR G-EAU).
Le projet BIO-JUST est un projet international (AAP BIODIVERSA+) coordonné par le German Development Institute DIE (Allemagne), impliquant les Pays-Bas (Wageningen University – WUR), le Brésil (la Federal university of ABC – UFABC), le Portugal (School of agriculture/ university of Lisbon – ISA), l’Espagne (la Universidad de la Laguna Tenerife – UL), et la France (BRGM, Danone). Le doctorant sera intégré à l’équipe projet BIO-JUST, en participant aux réunions d’échanges scientifiques du projet, ainsi que par l’implication du doctorant sur deux cas d’étude du projet BIO-JUST en France, Espagne, Portugal et/ou Amérique du Sud (cas d’étude actuellement en discussion au sein du projet, et qui seront clairement identifiés au démarrage de la thèse).
Le doctorant sera également amené à intégrer le réseau de recherche sur le justice environnementale – EJJE (justiceenvironnementale.inrae.fr).
Appel à candidature thèse Justice environnementale et gestion durable des eaux souterraines – date limite 03/11/23

PROFIL REQUIS DU OU DE LA CANDIDAT.E
Master 2 ou équivalent en économie de l’environnement, du développement agricole, des ressources naturelles.
Expériences avérées et goût pour le travail sur le terrain (capacité à mener des enquêtes, à travailler en partenariat avec les acteurs locaux)
Excellente capacité à lire, parler et rédiger en français et en anglais
Capacité à conceptualiser des problèmes complexes
Capacité à concevoir et mettre en oeuvre un cadre d’analyse et un protocole de collecte de données
Connaissance et expérience de méthodes d’analyse quantitative en économie et sociologie : économétrie, statistique, analyse de données.
Compétences sur l’utilisation de logiciels d’analyse et de traitement de données (Stata, R)
Intérêt pour le travail en équipe inter-disciplinaire
Possession du permis de conduire
Serait un plus : Capacité à lire, parler et rédiger en espagnol et/ ou portugais

Localisation de l'emploi : France
Nature de l'emploi : PhD grant
Personne contact : Stefano Farolfi
Date limite de candidature : 03/11/2023